Avant d’aborder le sujet d’aujourd’hui, voici une petite histoire vraie. Vous allez voir, les deux histoires auront ensuite un lien commun. Vers la fin des années 80 ou au début des années 90, se tenait à Winnipeg un championnat canadien de boxe amateur. J’y étais. La délégation du Québec était parmi les plus fortes et les entraîneurs de l’équipe, Yvon Michel et Bernard Barré, deux figures connues de la boxe au Québec n’en avaient que pour le boxeur, Stéphane Ouellet. Et c’est vrai que le petit garçon faisait écarquiller les yeux des amateurs. Il était de l’aveu même de ses entraîneurs celui qui avait le plus grand talent de tous les pugilistes présents à ce championnat. Ai-je besoin de vous raconter la suite de la triste histoire de Ouellet et de sa déchéance. Pourtant, à cette même compétition de boxe, deux autres athlètes se tapissaient dans l’ombre de Ouellet. Il y avait Éric Lucas et Arturo Gatti. Ils avaient moins de talent peut-être, mais à force de travail, les deux sont devenus des champions du monde par la suite. Fin de l’histoire.

Chez le Canadien aussi, on peut observer cette tendance chez les gardiens de but. Carey Price a du talent et cela est indéniable. Mais au-delà de ce talent et pour réussir chez les professionnels, il faut une autre qualité essentielle, la détermination. De plus en plus d’analystes changent actuellement leur fusil d’épaule au sujet de Price. D’anciens joueurs font des déclarations à cet effet, et elles confirment mes impressions de départ. Les joueurs de la Ligue nationale possèdent tous, sans exception un énorme talent, sinon, jamais ils n’auraient atteint les rangs professionnels. Pour y demeurer, ils n’ont pas tous la même détermination.

Alors que cette saison encore, Carey Price était placé sur un piédestal par l’organisation qui a déclaré en début de saison qu’il était le gardien numéro un, le Slovaque, Jaroslav Halak continuait de travailler, déterminé à devenir lui aussi un gardien de premier plan et récolté un halo de gloire.

Pendant que Price se sentait au sommet, au-delà de tout, Halak encaissait les tirs de ses coéquipiers durant les entraînements. Pendant que Price quittait son filet durant l’échauffement d’avant-match, Halak qui était d’office ce soir là, poursuivait son dur labeur. Je vous l’accorde d’emblée, Price a une gueule de rock star alors que Halak est plutôt discret. Price semble confiant devant les caméras de télévision alors que Halak démontre de la gêne.

Cette saison, à six reprises, Jaroslav Halak a encaissé plus de 40 tirs dans un match. Et savez-vous quoi, il a remporté ces six rencontres. Pas mal pour « iznogoud » qui convoite devenir le calife à la place du calife.

Et vous savez quoi; c’est étrange, mais ces deux histoires ressemblent à s’y méprendre à la fable de La Fontaine, la cigale et la fourmi.

Stéphane Langdeau