LAS VEGAS (AFP) - Dieux vivants au Japon, mais ignorés du reste du monde qu'ils ne visitent qu'exceptionnellement, les sumotoris ont traversé le Pacifique le temps d'un week-end de démonstration à Las Vegas, pour un choc des cultures.

Il faut remonter à 1985 pour retrouver trace de leur dernière visite aux Etats-Unis, à New York. Ensuite, la Chine et la Corée du Sud ont accueilli des sumotoris l'an passé, lors de leur première sortie depuis le Canada (1998) et l'Australie (1997).

"Les Américains étaient vraiment ravis de nous voir. Je ne pensais pas que ce serait à ce point", s'est réjoui Asashoryu, premier Mongol à atteindre le niveau suprême de "Yokozuna" et finaliste malheureux de la première soirée vendredi.

Plus de 7000 spectateurs ont ainsi assisté à cette compétition d'ouverture qui a vu le Japonais Tochiazuma battre le Mongol, de son vrai nom Dolgorsuren Dagvadorj.

Evidemment, les Sumotoris ont fait quelques concessions à leurs rituels nippons. D'abord en réduisant la durée du tournoi, qui se déroule sur trois jours au lieu des deux semaines habituelles.

Ceinture en soie

Pour satisfaire un public de curieux, les sumotoris se prêtent aussi à quelques facéties.

Ainsi, Asashoryu a choisi de porter un costume doré, avant d'arriver sur le tatami. Tenue qu'il a ôtée pour laisser apparaître une épaisse ceinture en soie, le seul vêtement autorisé.

"C'est Vegas. Je voulais être +glamour+", a lancé Asashoryu, heureux de son séjour dans le Nevada.

Pour mieux faire participer la foule, prête à s'enflammer, il a même lancé non pas quelques grains, comme d'habitude, mais une grosse poignée de sel, quelques secondes avant de se jeter sur son adversaire.

"C'était pour les supporteurs américains. Je voulais leur faire plaisir au moment de ma présentation, a-t-il expliqué après coup. Cela m'a vraiment fait plaisir de les voir emballés par le spectacle."

Après avoir fait découvrir leur sport aux Américains, les sumotoris ont à leur tour découvert les us et coutumes de leurs hôtes, en se rendant aux machines à sous à travers la "ville de tous les pêchés". Dans les rues, leurs portraits illuminaient les façades des hôtels aux côtés de ceux de légendes plus occidentales comme les chanteurs Franck Sinatra et Céline Dion, le boxeur Muhammad Ali ou les magiciens David Copperfield et "Sigfried et Roy".