TRAPANI, Italie (AFP) - Pour les Français de K-Challenge et les Chinois de China Team, les prochains mois s'annoncent cruciaux, afin de trouver le financement qui leur permettra de poursuivre jusqu'en 2007 l'aventure de la Coupe de l'America à la voile.

Après avoir terminé l'acte VIII sur un exploit, en dominant à la régulière Alinghi, le détenteur de la Coupe de l'America, K-Challenge a une fois de plus montré ses limites dans l'acte IX couru en flotte, et conclu dimanche. Les hommes de Thierry Péponnet n'ont en effet terminé que trois régates sur cinq, sur un résultat peu flatteur, une
7e place et deux 10e places.

Vendredi, c'est une avarie de grand voile qui les contraignait à renoncer. Dimanche, lors de l'ultime régate, une fissure à la bôme annihilait les derniers espoirs.

"Maintenant, il faut que l'argent rentre, on voit bien que le matériel arrive au bout", commente son patron, le Franco-Allemand Stephane Kandler.

De fait, sans aucun parraineur majeur, le défi ne pourra pas aller beaucoup plus loin. "Nous avons deux ou trois contacts solides, j'espère que les résultats de Malmoe et Trapani sauront les convaincre", assure Kandler qui à part son propre apport, ne reçoit le soutien financier que de la société français Aigle et l'aide de la ville espagnole de Gandia.

"Nous avons montré qu'un bateau français était capable de réussir l'exploit de battre Alinghi. Il faut maintenant que des partenaires soient derrière nous", lance encore Kandler, plus habitué jusqu'à maintenant à des programmes de moindre ampleur, comme le Tour de France à la voile.

Doubler le budget

Ce ou ces partenaires tant désirés devront être capables de signer chacun un chèque d'environ 15 millions d'euros, pour atteindre un budget total de 30 millions d'euros. "Nous avons bien sûr déjà engagé le programme de recherche et développement sur le nouveau bateau", explique l'architecte français de l'équipe, Bernard Nivelt, présent à Trapani. "Mais il est évident que le budget conditionne beaucoup de choses", précise-t-il.

Sans partenaire dans les semaines qui viennent, K-Challenge, au même titre que China Team, risque aussi de voir partir une partie de son équipe navigante, alors que d'autres syndicats mieux nantis, tels que BMW Oracle, n'ont pas encore bouclé leur recrutement.

Ainsi le Français Philippe Presti, présent au début des actes sur Le Défi français, devenu depuis China Team, a-t-il été débauché par le richissime défi italien Luna Rossa, sur lequel il alterne au poste de stratégiste avec Francesco de Angelis.

A temps complet

"Le risque de perdre certains navigants est bien là tant que nous n'aurons pas les moyens de faire signer des contrats longue durée", confirme Pierre Mas, le skippeur français de China Team.

Le directeur exécutif du syndicat, Xavier de Lesquen, se veut cependant rassurant. "Avec notre partenaire chinois, Chaoyong Wang, nous construisons une plateforme pour l'avenir". Cependant, si le voilier affiche plusieurs logos, il lui manque encore les moyens de lancer la construction des ses deux bateaux.

Pour Pierre Mas, "il y a urgence à trouver le financement pour disposer d'une équipe à temps complet à Valence, car aujourd'hui mes hommes sont des intermittents du spectacle. Quant aux deux bateaux qui, réglement oblige, doivent être construits en Chine, ils devront être prêts à naviguer en Europe au plus tard en mars 2006".

Au soir du dernier acte de l'année, d'autres syndicats sont encore à la chasse aux millions, tels le Suédois Vitory Challenge, dont la coque noire n'arbore aucun logo et dont certains équipiers, pas sûrs de leur avenir, feraient les yeux doux à d'autres défis plus argentés.