LES SABLES D'OLONNE - Huit des vingt skippers qui prendront samedi le départ du 7e Vendée Globe sont des étrangers mais de l'avis général, les chances que l'un d'entre eux l'emporte sur ses adversaires français sont assez minces.

Depuis sa première édition, gagnée en 1989-1990 par Titouan Lamazou, cette course quadriennale autour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance, est une chasse gardée française.

Un paradoxe pour un concept de course inventé par les Britanniques! Le Vendée Globe est né en 1989, mais la toute première épreuve du genre a été, à la fin des années 60, le Golden Globe Challenge. La course avait été remportée par Robin Knox-Johnston, qui avait bouclé sa circumnavigation le 22 avril 1969 après 312 jours de mer sur son petit (une dizaine de mètres de long) ketch Suhaili.

Mais au fil des années, la course océanique en solitaire est devenue une spécialité hexagonale, les Anglo-Saxons préférant majoritairement régater en équipage.

Après Lamazou, « l'Everest des mers » a été remporté par Alain Gautier (1992-1993), Christophe Auguin (1996-1997), Michel Desjoyeaux (2000-2001 et 2008-2009), Vincent Riou (2004-2005).

Faire un pronostic sur une course aussi longue et pleine d'imprévus est un exercice à hauts risques, mais la plupart des favoris de cette 7e édition sont encore une fois des Français.

Les noms de Riou (PRB), Armel Le Cléac'h (Banque Populaire), Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3), François Gabart (Macif) et Jérémie Beyou (Maître CoQ) sont ceux qui reviennent le plus souvent dans la bouche des spécialistes.

Pourquoi? Parce qu'ils ont l'habitude de la course océanique en solitaire, se sont entraînés pendant des centaines d'heures en commun à partir du centre de Port-la-Forêt (Finistère), ont suivi des stages météo, etc...

En plus de cette énorme expérience, ils disposent d'excellents bateaux.

« Très français »

Tout milite donc pour que ce soit l'un d'entre eux qui s'impose aux Sables d'Olonne au début de l'année prochaine, après quelque 80 jours de régate planétaire.

Pour Desjoyeaux, les favoris de cette 7e édition sont Riou, Le Cléac'h, Beyou et Gabart. Mais « le Professeur » place tout de même le Britannique Mike Golding (Gamesa) et le Suisse Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) parmi les aspirants.

« Nous n'avons pas la pression, tout le monde attend Armel (Le Cléac'h), François (Gabart) ou Vincent (Riou) », affirme Golding, qui ajoute que « le Vendée Globe reste très français » et que sa « motivation a toujours été d'ouvrir les yeux du public britannique ».

Alex Thomson (Hugo Boss), un autre Britannique connu pour sa fougue (il détient depuis cet été le record de l'Atlantique en solo d'ouest en est, en 8 jours 22 heures et 8 minutes), est un candidat possible pour la victoire. S'il accepte de lever le pied de temps en temps et de se souvenir que le Vendée est (aussi) une course de fond.

« Nous n'avons pas en Grande-Bretagne de structures comme (le pôle Finistère Course au large de) Port-la-Forêt, regrette-t-il. Et la couverture de la voile n'est pas aussi importante qu'en France. Il n'y a pas de commandite. »

« Cette course ne m'a pas réussi jusqu'à présent », reconnaît pour sa part Stamm, dont ce sera la 3e participation au Vendée (abandons en 2000 et 2008). « Je sais comment faire pour sortir des Sables d'Olonne, j'aimerais bien maintenant savoir comment on fait pour y revenir » (en vainqueur), ajoute-t-il avec humour.