Par : Rolland Ouellette (auteur sportif) - Aujourd'hui la Ligue nationale de hockey compte 30 équipes dans ses rangs, six canadiennes et 24 américaines. Il fut un temps où la Ligue n'avait que des équipes du Canada. Seules les villes de Toronto, Ottawa et Montréal avec deux équipes sont représentées lors de la première saison de la Ligue nationale en 1917-18.

On retrouve les arenas à Toronto, les Sénateurs à Ottawa tandis que Montréal possède deux équipes ; les Wanderers et les Canadiens bien sûr.
Les Wanderers sont dans l'obligation d'abandonner leurs activités suite à l'incendie qui détruit complètement leur aréna. Ils prennent part à seulement six rencontres forçant la Ligue à modifier le calendrier des matchs. Les Arenas de Toronto remportent la première coupe Stanley de l'histoire de la Ligue nationale. Ils battent les Millionaires de Vancouver trois victoires contre deux.. Il faut mentionner qu'entre 1917 et 1926, le finaliste de la Ligue nationale rencontre celui de la Pacific Coast Hockey Association en finale de coupe Stanley.

Mais voilà qu'une première équipe américaine joint les rangs de la Ligue nationale pour la saison 1924-25, les Bruins de Boston. À cette époque, plusieurs promoteurs s'intéressent de plus en plus au hockey et quelques-uns d'entre eux envisagent même la possibilité d'obtenir une franchise dans la Ligue nationale. Charles Adams investit 15 000 $ et prend le contrôle des Bruins - qui débutent leurs activités le 1er décembre 1924 - dans ce qui allait devenir la Ligue la plus prestigieuse du hockey, la Ligue nationale. Dès lors, plusieurs hommes d'affaires américains entrevoient de bien belles choses pour l'avenir du hockey aux États-Unis.

Avec un rendement de six victoires et 24 défaites à leur première saison, les Bruins terminent bon dernier avec seulement 12 points au classement. Par contre, l'avenir semble prometteur pour l'équipe américaine puisqu'ils ont dans leurs rangs quelques joueurs qui feront l'envie des autres équipes. Cette saison-là, Jimmy Herbert réussit tant bien que mal à se hisser au neuvième rang des pointeurs de la Ligue avec une récolte de 17 buts et 24 points en 30 rencontres. Malgré les déboires de l'équipe, les futures vedettes des Bruins commencent à faire jaser.

Art Ross dirige l'équipe pour les quatre premières saisons tant comme entraîneur que directeur gérant. Mais occuper les deux fonctions pèse lourd et il confit le poste d'entraîneur à Cy Denneny. Ce dernier remporte dès son arrivée à titre d'entraîneur, la toute première coupe Stanley de l'histoire des Bruins au terme de la saison 1928-29, résultat de l'amélioration constante des Bruins sous la férule de Ross. Par le fait même, Art Ross gagne une première coupe à titre de directeur gérant. Il remporte le précieux trophée à trois reprises entre 1924 et 1953.

Comme l'ont fait Carson Cooper et Jimmy Herbert, le jeune Lionel Hitchman prend en main la destinée des Bruins qui ne cessent de surprendre les autres équipes de la Ligue. Ces trois joueurs participent grandement au succès des Bruins permettant du même coup à l'équipe de terminer au premier rang de la Ligue au chapitre des buts marqués avec 92 en 36 matchs lors de la campagne de 1925-26.

Face aux succès rapides des Bruins, la Ligue nationale qui a grandement besoin d'élargir ses cadres, permet à d'autres formations américaines de joindre les rangs de la Ligue. C'est pour la saison 1926-27 que les Pirates de Pittsburgh et les Américains de New York obtiennent une franchise de la Ligue nationale. Les Blackhawks de Chicago, les Rangers de New York et les Cougars de Détroit viennent gonfler le nombre d'équipes américaines pour la saison 1926-27. Les clubs américains font maintenant parties intégrantes de la Ligue nationale de hockey puisqu'ils forment six des 10 équipes de la Ligue.

Il ne faut pas perdre de vue qu'à cette époque certains Américains ont sauvé quelques équipes du marasme financier à commencer par l'ancien propriétaire des Canadiens de Montréal, Léo Dandurand natif de l'Illinois. À cette époque, l'argent était très rare et les investisseurs québécois ou canadiens ne se bousculaient pas aux portes. Pour certains, le hockey n'était qu'un jeu qui ne constituait aucun avantage financier. Sans dire que les Américains ont été les sauveurs du hockey dans les années vingt, ils ont de toute évidence contribué à la longévité du hockey en Amérique du Nord.

Il est vrai que le hockey est notre sport national, mais bien avant aujourd'hui les Américains ont su flairer de bonnes affaires. Plusieurs années se sont écoulées avant de voir des joueurs natifs des États-Unis faire sensation dans la Ligue nationale comparativement aux hommes d'affaires de notre pays voisin.