Collaboration spéciale Pierre Allard - Au cours des prochains mois, je vais vous parler de l'entraînement spécifique du hockeyeur. Afin de bien comprendre la réalité des joueurs, je considère très important de faire un survol des différentes qualités requises pour un sport tel que le hockey. Vous serez donc à même de constater l'importance de bien structurer son entraînement.

Le hockey est un sport intermittent. Lors d'une présence, on doit effectuer différentes manœuvres telles: freiner, accélérer, maniement de rondelle, départs, mises en échec, etc. Chaque présence est composée de temps forts où le joueur se donne à fond, et de temps faibles où le joueur se laisse glisser sur la patinoire. Les temps forts durent en moyenne de 2 à 4 secondes à raison de 5 à 7 temps forts par présence. Les temps faibles durent en moyenne 12 à 15 secondes. À ceci s'ajoute le temps de récupération sur le banc, la position jouée, le niveau et la catégorie. Cette petite analyse met en évidence la complexité d'un sport tel le hockey.

Lors d'une présence sur la glace, il a été démontré que la contribution aérobie est d'environ 45% et si l'on ajoute les temps de récupération sur le banc (travail + récupération) la contribution aérobie totale est d'environ 88%, d'où l'importance de l'entraînement aérobie au hockey, chez les joueurs professionnels, un VO2 max moyen se situe entre 55 et 60 mL/kg. min.

L'importance de la contribution anaérobie quant à elle est estimée à 55% de l'énergie totale, son importance vient du fait que c'est durant les temps forts que se déroulent les actions déterminantes. Il faut également noter que cette contribution anaérobie est moins importante chez les plus jeunes, c'est seulement vers la puberté que la capacité de travail anaérobie s'optimise.

Suite à ces observations, nous sommes donc en mesure de comprendre l'importance des différents systèmes énergétiques. Ainsi, il est primordial de débuter la saison avec un bon VO2 max, donc les exercices de type aérobie sont à travailler au début de la période pré-saison. Il a également été démontré que le fait de jouer 2 à 3 matchs par semaine ne suffisait pas pour élever son VO2 max et certaines études ont même démontré que le VO2 max ne changeait pas au cours d'une saison, d'où l'importance d'une bonne préparation lors de la période estivale. De plus, un bon VO2 max aide à la récupération entre les présences et entre les matchs.

En ce qui concerne les qualités anaérobies, il faut être plus prudent, chez les plus jeunes il faut privilégier l'entraînement continu (intensité faible à moyenne) et par intervalles brefs (de 3 à 5 secondes). Évitez les exercices de type anaérobie lactique (exercices très intenses sur une longue durée: 10 à 90 secondes). Il faut attendre la période de puberté pour mettre l'emphase sur des exercices de type anaérobie lactique.

L'entraînement au hockey a beaucoup évolué depuis les 10 dernières années. L'un des plus grand défi est de changer la mentalité des entraîneurs, des joueurs et des associations afin de développer des athlètes complets et non seulement des joueurs de hockey. Ce changement passera par l'éducation des plus jeunes sur les bienfaits d'une planification structurée axée sur l'entraînement, l'alimentation et la récupération. Pour développer des athlètes, il faut les entraîner comme des athlètes.

Le mois prochain, je poursuivrais mon analyse en vous parlant de l'entraînement musculaire et de l'évaluation de la condition physique du hockeyeur.

Bon entraînement!


*Certaines personnes m'ont demandé des références sur la planification de pratiques, vous trouverez plusieurs documents sur ce lien de Hockey Canada: http://breakaway.hockeycanada.ca/