Mon chum Rémi, c‘est vraiment un bon gars. Marié et père de quatre filles, il a décidé avec son épouse de s‘établir à Brossard, sur la Rive-Sud. C‘était une question de choix, une meilleure qualité de vie qu‘il voulait offrir à la famille. Une cour avec une piscine, la gardienne et l‘école pas trop loin, une vie rangée de banlieusard quoi!

Mais Rémi travaille dans le nord de Montréal, à Cartierville plus précisément. Comme il doit traverser le pont Champlain, il a décidé de commencer à travailler plus tôt le matin. Il travaille de 7 heures à 15 heures. Il adore cet horaire et son épouse aussi. Le matin, c‘est elle qui prépare les enfants pour la garderie et l‘école et immédiatement après son travail, Rémi prend la relève. Il quitte le bureau, ramasse la plus vieille à la sortie des classes et se dirige chez la gardienne pour prendre les trois dernières. Rémi passe du temps de qualité avec ses enfants. Tout en préparant le souper, il peut aidé l‘ainée pour ses devoirs. Avec quatre enfants, vous comprendrez que chez Rémi, tout est réglé au quart de tour.

J‘ai oublié la date précise, mais quelque temps avant Noël, c‘était le party de bureau de Rémi. Tout était planifié puisque Rémi allait rentrer plus tard ce vendredi. À son entreprise, le patron voulait souligner la dernière année et avait fait préparer un buffet. La table centrale était garnie d‘assiettes remplies de sandwichs pas de croûte. Il y avait aussi des plateaux de légumes avec trempette, de la pizza froide et de l‘alcool, de la bière et du vin pour tous les employés.

Comme Rémi travaille avec un groupe de gars, on a beaucoup parlé de hockey en buvant de la bière et du vin. Vers minuit, Rémi s‘est dit qu‘il devait quitter parce que le lendemain, il y avait une rencontre du côté de la famille de son épouse. Même s‘il avait bu, Rémi se sentait bien et affirmait qu‘il pouvait prendre son véhicule. Si j‘avais été là, j‘aurais certainement dit que mon chum Rémi n‘avait pas besoin d‘appeler Opération Nez Rouge, c‘est tellement un bon gars, rangé, sensible et bien élevé.

Rémi roulait lentement jusqu‘à l‘entrée du Pont Champlain, mais voilà, la police avait décidé, ce soir là, d‘établir un barrage routier. Rémi se disait qu‘il était correct, loin d‘être en état d‘ébriété, mais il cherchait de la gomme dans sa voiture pour masquer son haleine. La policière en fonction lui posa les questions de routine auxquelles Rémi répondit sans broncher. Mais, la policière lui a demandé de se ranger pour passer l‘alcootest.

C‘est là que le monde de Rémi a basculé. L‘alcootest indiquait .09, un point au-dessus de la limite permise. Mon chum Rémi, un bon gars s‘est retrouvé au poste de police. Rémi est passé par toute la gamme des émotions. Il a payé une amende et perdu son permis de conduire. Rémi a un casier judiciaire.

Disons que la madame n‘était pas contente. L‘horaire de sa famille vient de changer. Rémi doit quitter Brossard beaucoup plus tôt maintenant pour arriver au travail à 7 heures. Le soir, il rentre à la maison à 17 heures et ne peut plus aller chercher les enfants et préparer le souper. Il ne peut plus aider la plus vieille à faire ses devoirs. C‘est son épouse qui s‘occupe de tout jusqu‘à son arrivée.

C‘est sûr que Rémi va retrouver son permis de conduire parce que, c‘est un bon gars mon chum et ça j‘en suis certain. Mais Rémi sait aussi qu‘il doit payer pour son geste et que bon gars ou non, la justice est et doit être aveugle.

Pensez-vous maintenant que la LHJMQ doit punir le geste ou le joueur dans le dossier Patrice Cormier-Mikael Tam?

Stéphane Langdeau