WASHINGTON - John Thompson, l'ancien grand entraîneur de basketball universitaire, considère qu'il s'agit du "plus grand moment de l'histoire des Africains-Américains" depuis la Proclamation d'émancipation, et rien au monde ne lui fera manquer cet événement.

"Je n'arrive toujours pas à y croire", a admis l'ancien meneur de l'Université Georgetown. "J'aurai les larmes aux yeux quand ce garçon lèvera la main."

De Tiger Woods à Muhammad Ali, en passant par Dave Winfield et Dikembe Mutombo, des personnalités sportives ayant accordé plus d'attention à la politique qu'en temps normal ces derniers mois, veulent participer à la fête associée à l'assermentation de Barack Obama à titre de premier Noir à devenir président des États-Unis, mardi.

"La Proclamation d'émancipation a libéré nos corps", a affirmé Thompson, en faisant allusion aux deux décrets du président Abraham Lincoln qui ont mené à la libération des esclaves sur le territoire de la Confédération sudiste en 1863. "Cette émancipation libère notre esprit et nous fait prendre conscience qu'il n'y a aucune limite à ce que nous pouvons accomplir. Il arrive que l'emprisonnement mental est pire que l'incarcération physique."

Thompson, qui assistera sur place à la cérémonie d'investure, a dû endurer les injures racistes lorsqu'il a dirigé une équipe composée principalement de joueurs de race noire à Georgetown. Au début des années 80, il est devenu le premier entraîneur Africain-américain à remporter un championnat de la NCAA et il a boycotté deux matchs, en 1989, pour protester contre un règlement qui, à ses yeux, nuirait aux athlètes des minorités visibles.

À l'opposé, Woods a toujours été très apolitique et gardé ses opinions pour lui-même tout au long de son ascension vers le premier rang de la hiérarchie du golf mondial. Ce n'est qu'après la victoire de Barack Obama en novembre que Woods a admis qu'il était emballé à l'idée de voir "une personne de couleur à la Maison-Blanche".

Dimanche, cependant, Woods a participé à la célébration en vue de l'investiture et a même adressé quelques mots devant le Lincoln Memorial. Durant son allocution de deux minutes, Woods a rendu hommage aux membres des Forces armées et a fait référence à son père, Earl, qui a joué un rôle actif durant la guerre du Vietnam.

"Je suis le fils d'un homme qui a consacré sa vie à son pays, à sa famille et aux Forces armées, et j'en suis devenu une meilleure personne", a déclaré Woods.

Le joueur de basketball Dikembe Mutombo assistera également à l'assermentation de Obama, mardi. Le porte-couleurs des Rockets de Houston, qui joue un rôle actif depuis déjà une dizaine d'années sur le plan politique d'Afrique, sera accompagné par son épouse Rose, son fils aîné Reagan et son père Samuel, qui s'envolera de la République démocratique du Congo où Mutombo a vu le jour.

Mutombo tenait tellement à vivre ce moment historique qu'il s'envolera vers Washington immédiatement après le match de lundi à Denver et retournera à Houston immédiatement après la cérémonie.

"Il s'agit du fils d'un Africain, non pas de deuxième ou troisième génération, mais de la première. Ça m'apporte tellement de joie et de fierté", a admis Mutombo, qui a pris le déjeuner avec Obama à Washington peu de temps avant que celui qui, à l'époque, était sénateur de l'Etat de l'Illinois annonce sa candidature à la présidence.

"Maintenant, je peux dire à mon fils qu'il est capable de devenir le prochain Bill Gates ou le prochain sénateur. J'ai très confiance en l'avenir de mes enfants, a ajouté Mutombo. Je sais que je vais pleurer à chaudes larmes, mais je veux être sur place."

Le légendaire Muhammad Ali, qui a célébré son 67e anniversaire de naissance samedi, doit être présent lors d'un bal mis sur pied par la Société du Kentucky à Washington lundi. Le même soir, l'ancienne vedette du baseball Dave Winfield sera le narrateur d'un documentaire sur la "Negro League" qui sera présenté sur MLB Network lundi.

Winfield compte également assister à l'assermentation - ou la parade, selon les billets qu'on lui aura remis.

"Le moment et l'endroit sont incomparables, a résumé Winfield. Mon épouse et moi pensions qu'il fallait y être."