Champion du monde en titre sur 5000 m, la pression était forte pour Guillaume Ouellet aux Jeux paralympiques de Rio. Jeudi, le Victoriavillois s’est finalement classé quatrième de la catégorie T12-13.

« On ne peut pas tout le temps faire des courses de rêve », a mentionné l’athlète de 29 ans en entrevue d’après-course.

La victoire est allée au Kenyan Henry Kirwa qui a enregistré un temps de 14 min 17,32 s. Il a été suivi du Marocain El Amin Chentouf, deuxième en 14 min 21,04 s, et le Tunisien Bilel Aloui, troisième en 14 min 33,33 s.

Les trois coureurs se sont détachés du peloton dès le début de la finale et ont rapidement pris une sérieuse avance. Guillaume Ouellet n’a toutefois pas trop paniqué. « J’ai toujours un plan A, B ou C selon la façon dont va se dérouler la course. Je ne suis pas quelqu’un qui va nécessairement dicter l’allure de la course », a-t-il expliqué.

Ouellet a tenté une remontée à mi-parcours, espérant rejoindre Aloui, qui n’arrivait plus à suivre le duo de tête. Le classement est cependant resté le même à l’arrivée. « Il y a des gars qui essayaient de prendre le relais, mais ça ne faisait que ralentir le rythme du peloton alors j’ai décidé de prendre l’initiative. J’ai essayé d’accélérer pour rattraper les gars qui ralentissaient, mais ils n’ont pas assez ralenti et je n’ai pas assez accéléré », a mentionné l’auteur d’un temps de 14 min 54,07 s.

Si c’était à refaire, le coureur ferait les choses différemment. « Je serais parti moins rapidement pour être plus détendu au troisième kilomètre et finir fort. J’exécuterais mieux le plan de match prévu. »

« Guillaume a fait une bonne course. C’est sûr que l’objectif était d’être sur le podium, alors il y a une petite déception d’être quatrième, mais il a suivi le plan de match », a analysé son entraîneur Félix-Antoine Lapointe.

« Nous savions que les favoris risquaient de partir très vite. Il fallait que Guillaume conserve son rythme pour espérer revenir sur les meneurs, mais il en a manqué un peu pour qu’il se rapproche de la troisième place. Les trois premiers ont réussi un temps plus vite que son record personnel, donc malheureusement aujourd’hui, il y avait trois athlètes plus forts que lui sur la piste », a-t-il ajouté.

En juin 2015, lors d’une rencontre d’athlétisme disputée à Québec, Guillaume Ouellet était passé sous la marque mondiale en enregistrant un temps de 14 min 36,35 s. Son record n’avait toutefois pas été homologué en raison de l’absence d’un test antidopage suivant la course.

À Rio, le Québécois n’a pu s’approcher de ce record personnel. « Pour réussir une telle course, ça m’aurait pris de l’aide du peloton, car c’est comme ça que je cours bien. Il aurait fallu que je parte un peu plus conservateur et que je finisse fort. Je pense que c’est ce qui manquait aujourd’hui. »

« En championnats, on court moins pour les chronos que pour la position. Quatrième, c’est sûr que c’est décevant, mais je suis quand même satisfait. »

Superstition poilue

Dimanche, pour le 1500 m, Guillaume Ouellet portait la barbe. C’est avec la moustache qu’il a couru le 5000 m jeudi. « Je m’étais dit que j’allais garder ma barbe si ça va bien et sinon, je la coupe. Mon entraîneur m’a dit : pourquoi pas la moustache? C’est vrai que dans le passé, j’ai eu du succès en portant la moustache. »

Le Québécois ne conservera pas ce look trop longtemps. « Ça n’a pas été ce que j’espérais. Je vais aller couper ça en arrivant! »

Ses Jeux paralympiques terminés, le Canadien se voit bien à Tokyo en 2020. « J’aime ce que je fais même si c’est beaucoup de sacrifices. J’ai envie de poursuivre un autre quatre ans, mais on va en parler en famille », a-t-il conclu.

Levine freinée dans les quarts, mais satisfaite

Alison Levine s’est inclinée jeudi au terme d’un match âprement disputé dans les quarts de finale de l’épreuve individuelle de boccia de la catégorie BC4 aux Jeux paralympiques de Rio.

Le Thaïlandais Pornchok Larpyen, 6e mondial, a toutefois dû batailler ferme pour vaincre Levine, 15e sur l’échiquier international. Il l’a finalement emporté 3-2.

L’athlète de Côte-Saint-Luc a marqué un point en première manche, mais son adversaire a répliqué et pris une avance de 2-1 à la deuxième. Elle est revenue à la charge et a créé l’égalité à la troisième manche, avant de voir Larpyen réussir le point décisif au quatrième bout.

« C’est très difficile d’être déçue. Ç’a été un match incroyable! a affirmé Levine. Je pense que j’ai joué mon meilleur match à vie. C’était super serré, nous nous sommes battus pour chaque point. La victoire aurait pu aller d’un côté ou de l’autre. »

À ses premiers Jeux paralympiques, la joueuse de 26 ans n’était pas nerveuse avant la rencontre. « J’étais quand même confiante. J’ai eu un super bon réchauffement, j’ai senti mon bras bien bouger. Mon mental était là. »

« J’étais hyper concentrée durant le match. Peu importe le classement, je sais que je suis capable de battre n’importe qui », a ajouté celle qui a été enchantée par son expérience à Rio. « L’atmosphère était vraiment incroyable! Je n’avais jamais vécu quelque chose comme ça avant. »

Les craintes que Levine entretenait avant la compétition se sont vite dissipées. « On a eu un peu peur de comment j’allais réagir parce que je suis quelqu’un qui a de la misère à se concentrer des fois. La foule et la musique ont toutefois donné une atmosphère le fun. J’ai été capable de relaxer et juste jouer. »

Après avoir perdu ses deux premiers duels des préliminaires, la Québécoise s’était faufilée dans les quarts en remportant son dernier affrontement, mercredi. « J’ai pris la route stressante et difficile pour les éliminatoires. J’aurais aimé avoir un chemin plus facile, avec plus de victoires, mais dans le match qui comptait, j’ai fait mon travail. Je suis donc vraiment satisfaite. »