PARIS - Vincent Riou (PRB), le skippeur du Vendée Globe qui a endommagé sérieusement son gréement en sauvant mardi son camarade Jean Le Cam (VM Matériaux), s'interrogeait mercredi sur la compensation que lui accorderait le jury international.

Au cours de la manoeuvre, un "outrigger" (pièce maintenant le mât en tension) a été brisé lors d'un choc contre la quille de l'épave retournée. Le mât de PRB s'est alors incliné à 30 degrés, menaçant de tomber. Jean Le Cam a immédiatement aidé Riou à manoeuvrer pour redresser et sécuriser le mât.

L'avarie est sérieuse et nécessite une réparation difficile, que Vincent Riou n'est pas certain de pouvoir réussir seul.

Le règlement de la course est clair: toute escale est interdite, ainsi que toute assistance extérieure, notamment pour réparer. Mais les circonstances du sauvetage de Le Cam demandent une interprétation des textes, que seul peut fournir le jury international, qui statue souverainement et sans appel. Ce jury est composé de cinq membres: Bernard Bonneau (France, président), Trevor Lewis (GBR), Christian Peyras (FRA), Ion Echave (ESP) et Jean Vernmaent (BEL).

Première question: l'aide de Le Cam pour redresser le mât est-elle une assistance illicite?

"C'est au jury international d'apprécier la situation et de statuer sur cela", a indiqué mercredi Denis Horeau, le directeur de la course: "Il faut que le jury ait été saisi. Il peut être saisi soit par la direction de course, soit par un concurrent". Pour l'heure, selon Horeau, rien ne dit que l'aide de Le Cam soit considérée comme une assistance à un marin en course.

Egalité, réparation, collégialité

Deuxième question: le jury peut-il consentir des facilités à Riou pour réparer?

Sans répondre directement à la question, son président, Bernard Bonneau, a rappelé à l'AFP les grands principes, "égalité, réparation et collégialité", qui dictent le fonctionnement des jurys internationaux.

"Quand un concurrent se déroute par obligation comme le règlement l'y oblige, il a des droits et des devoirs", a-t-il dit: "Il a droit notamment à une réparation qui soit équitable vis-à-vis de lui, vis-à-vis de la course, vis-à-vis des autres concurrents. Cela peut être une compensation en temps, un ajustement de place, une exonération de faute ou même rien du tout. Le jury peut accorder réparation à quelqu'un qui a subi un dommage, pour cela il faut établir les faits".

"Concernant Vincent Riou, a dit M. Bonneau, il a pris contact avec nous mais personnellement je ne lui ai pas encore parlé, j'ignore ses intentions et en dernier ressort c'est le marin qui décide" de quand et comment réparer. "Lorsque nous aurons tous les éléments, nous prendrons notre temps. Notre décision sera prise sans précipitation. Ce sera une décision collégiale et sans appel", a-t-il ajouté.

Riou a confirmé qu'il avait l'intention de saisir le jury, sans préciser le contenu de sa requête.

Lors du sauvetage de Yann Elies en décembre, les skippeurs Marc Guillemot (Safran) et Samantha Davies (Roxy), qui s'étaient déroutés pour lui porter assistance, ont reçu une bonification en temps équivalente aux heures ou aux jours perdus dans l'incident.