On dit qu’une image vaut mille mots. Et parfois, une photo prise dans un contexte privé peut suivre longtemps un athlète, comme un boulet.

À l’instar de plusieurs entreprises qui se préparent à embaucher un postulant, les organisations sportives épluchent le web à la recherche d’indices sur le mode de vie du candidat. Même au niveau junior majeur.

« C’est sûr que ça peut avoir une influence sur le recrutement futur », reconnaît l’entraîneur-chef de l’Armada de Blainville-Boisbriand Jean-François Houle. « Même les joueurs midget, avant de les repêcher, on va voir sur Facebook quel genre de photos ils ont, quel genre de personne ils sont. Tu peux connaître plusieurs personnes par leur Facebook. »

La question de médias sociaux comme Facebook, Twitter ou Instagram est prise au sérieux par les dirigeants de l’Armada. Dans l’encadrement qu’ils offrent aux joueurs juniors, les entraîneurs avertissent les jeunes des conséquences de leurs publications.

« Le message que l’on passe à nos joueurs, c’est qu’il y a des recruteurs de la Ligue nationale qui vont aller là-dessus et qui vont regarder nos joueurs », explique Houle. « Faut avoir un peu de sérieux et être mature dans ces affaires-là. »

En plus d’être une source d’ennuis potentiels, l’appareil est une source de distraction. Et c’est l’esprit d’équipe qui écope.

« Je l’ai vécu dans la Ligue nationale et lors de mon retour dans le junior avec les Saguenéens », témoigne l’analyste des matchs de hockey présentés à RDS Guy Carbonneau. « Après les matchs, la première chose que les joueurs font c’est de prendre leur téléphone cellulaire. »

« Et lorsqu’ils sortent de l’aréna, ils appellent leur agent ou leur ami qui joue dans une autre ville pour savoir combien de minutes ils ont joué ou si leur entraîneur est bon. »

Résultat, certaines équipes confisquent les appareils à certains moments.

« Les joueurs n’ont pas le droit d’avoir leur téléphone lors des soupers d’équipe », confirme Houle. « Il faut que les joueurs se parlent. »

Mais ce ne sont pas toutes les équipes qui agissent de la sorte. Gagnant de la coupe Memorial en 2012, l’entraîneur Éric Veilleux avait au contraire laissé tomber les règlements sur l’usage des médias sociaux.

« J’avais essayé en début de saison et changé d’idée à Noël », se souvient Veilleux, qui dirige aujourd’hui le Drakkar de Baie-Comeau. « Et lors des séries, les joueurs par eux-mêmes avaient décidé de ne pas y aller, de ne pas faire ça. »

Qu’on le veuille ou non, les médias sociaux sont là pour rester. Bien sûr il y aura encore des débordements, des commentaires ou des photos inappropriés. Mais puisque le phénomène est encore relativement nouveau, on peut se permettre d’espérer que les gens seront mieux éduqués et plus consciencieux dans leurs interactions dans le monde virtuel.

Pour la conclusion de cette série de reportages vendredi, il sera question de l’athlète le plus populaire sur le web, Georges St-Pierre, et de toute l’équipe qui gère ses différents comptes.

*D’après un reportage de Jean-Luc Legendre