PARIS - Treize skippers - 7 Français et 6 étrangers - étaient encore en course vendredi dans le « Grand Sud » mythique, 41 jours après le départ du 7e Vendée Globe le 10 novembre des Sables-d'Olonne, sept concurrents ayant abandonné.

Points forts de la semaine écoulée :

Le mot de la semaine : planté. Un « planté », dans le jargon des voileux, c'est un arrêt brutal dans une vague. Le bateau part en survitesse, descend une vague et enfourne dans celle qu'il rattrape. Jean Le Cam a fait le « planté de sa vie » dans la nuit de lundi à mardi. « Arrêt buffet alors que j'avançais à plus de 20 noeuds, a-t-il raconté. La mer était grosse, vraiment très grosse avec plus de 6 mètres de houle, et le vent soufflait à 40-45 noeuds. SynerCiel (son bateau) a descendu une vague vertigineuse et s'est planté en bas! Un peu comme si tu venais t'encastrer avec ta voiture dans une motte de beurre à pleine vitesse! »

La phrase de la semaine (1) : « Pour gagner un Vendée aujourd'hui, il faut sans doute naviguer à 100 %. Ça ne laisse pas beaucoup de marge d'erreur mais les bateaux sont prévus pour ça. Les skippers estiment que les bateaux doivent tenir » (Alain Gautier, vainqueur du Vendée Globe 1992-1993 et conseiller sécurité de l'édition en cours, lors de la vacation de mercredi).

La phrase de la semaine (2) : « En top forme ce matin, je me sens bien vivant et on verra une autre fois pour la fin du monde! » (Tanguy de Lamotte, skipper d'Initiatives coeur, vendredi après avoir dormi six heures d'affilée)

L'image de la semaine (1) : Celle de Tanguy de Lamotte (Initiatives coeur, 12e sur 13), improvisant devant la caméra du bord un rock and roll austral endiablé, mimant un guitariste interprétant Smoke on the Water, une chanson des Deep Purple. « À bord, j'écoute trois heures de musique tous les jours pour me "booster", me détendre ou me tenir éveillé. J'écoute surtout du rock international et de la pop anglaise », a déclaré Tanguy, qui fait une très belle course sur le plus vieux bateau de la flotte.

L'image de la semaine (2) : Celle de la mâture de Banque Populaire, le voilier d'Armel Le Cléac'h, entr'aperçue jeudi par son « meilleur ennemi » François Gabart (Macif), dans les 50es Hurlants et des conditions météo musclées (grosse mer croisée, rafales à 55 noeuds, soit 102 km/heure) au sud de la Nouvelle-Zélande. Les probabilités d'une telle rencontre étaient assez faibles - euphémisme de la semaine - et ça n'a pas échappé à Gabart : « c'est énorme, hallucinant! », a-t-il déclaré, toujours aussi enjoué.

L'exploit de la semaine : L'ascension du mât de Virbac-Paprec 3 par son skipper Jean-Pierre Dick, dans la nuit de mardi à mercredi, pour changer une pièce. Une escalade à hauts risques de deux heures qui a été couronnée de succès. « Depuis plusieurs jours, j'attendais la fenêtre météo pour monter au mât », a-t-il raconté. « Ce type d'opération est dangereux mais je n'avais pas le choix. Tu es tout seul, il y a du vent et de la mer. Pour couronner le tout, il fait froid et tu es dans les 50es Hurlants. Autant te dire que tu te poses des questions avant de monter. J'ai mis Virbac-Paprec 3 au vent arrière pour ralentir le bateau à 12 noeuds, a-t-il ajouté. L'ascension et la descente ont été périlleuses. Tu es bringuebalé dans tous les sens. Je n'en menais pas large... »