Séries mondiales de poker : le Qc brille
Sports divers vendredi, 11 juin 2010. 00:51 dimanche, 15 déc. 2024. 14:37
Par Éric Leblanc - Devenir, à 23 ans seulement, le premier Québécois à mériter un prestigieux bracelet des Séries mondiales de poker depuis 2005 en plus d'empocher la somme mirobolante de 568 974$, ça ne change pas le monde sauf que
Pascal Lefrançois a commencé à réaliser l'ampleur de son exploit quelques jours après avoir été couronné le champion du tournoi préliminaire #8 des Séries mondiales le 4 juin.
«J'ai eu besoin d'un peu de temps avant de redescendre du nuage», avoue Lefrançois qui continue de profiter pleinement son expérience à Las Vegas. «J'avoue que pendant quelques jours, je flottais parce que j'ai vécu des émotions incroyables et très intenses.»
Confronté à 2340 adversaires, l'étudiant en finances au HEC à Montréal a tout de même amorcé avec confiance ce tournoi avec un frais d'inscription de 1500$.
«Je savais que j'étais un joueur d'un bon niveau et que j'étais capable d'obtenir un résultat intéressant, mais il y a une grosse différence entre le penser et le faire. Je me suis prouvé quelque chose en accomplissant cela», raconte-t-il sans prétention.
Aussi surprenant que cela puisse paraître, le Québécois Vincent Jacques est passé tout près de réussir le même accomplissement deux jours plus tôt, mais son parcours s'est arrêté en deuxième position avec une agréable bourse de 320 913$.
Malgré ce résultat hors de l'ordinaire, Jacques a accueilli sa deuxième place de façon très différente de Lefrançois.
«Quand j'ai perdu, j'étais plutôt fâché!», raconte de manière surprenante le joueur de 21 ans. « Dans le monde du poker, la différence est grande entre le bracelet et la deuxième place. Quand tu gagnes, ton nom se retrouve partout, tu fais plusieurs entrevues et tu obtiens des contrats de commandite Finir deuxième, c'est bien beau, mais ce n'est pas si malade.»
Cette situation s'explique cependant puisqu'il se spécialise en face-à-face (heads up). «Je joue beaucoup de heads up donc j'avais des attentes quand je me suis rendu en finale.»
«Le soir même, mes amis me demandaient si je voulais sortir et ça ne me tentait pas. J'étais fâché d'avoir perdu le bracelet, mais le lendemain tu réalises que c'est quand même un bon montant d'argent et que ce n'était que le début des Séries mondiales donc j'étais content», ajoute Jacques.
Si près de jouer contre Phil Hellmuth
La victoire de Lefrançois revêt un cachet particulier puisque le légendaire et très coloré joueur Phil Hellmuth était de la compétition. Plus le tournoi avançait et plus Lefrançois s'imaginait qu'il aurait la chance d'affronter cet opposant qui ne cesse rarement de parler.
Hellmuth a toutefois été incapable de mettre la main sur son 12e bracelet des Séries mondiales et il a été éliminé en 15e position.
«J'aurais aimé avoir la chance de l'affronter parce que c'est vraiment un joueur que je déteste!», lance Lefrançois qui partage sûrement ce point en commun avec plusieurs joueurs de niveau amateur. «Je suis convaincu que j'aurais pu avoir le meilleur sur lui et j'aurais aimé réussir cela à la table finale; c'était un peu un rêve que ça se produise.»
Les amis, un appui essentiel
En mettant la main sur un précieux bracelet, Lefrançois a retenu l'attention dans le monde du poker et il a également fait rire avec sa photo inusitée de champion!
Impliqué dans un marathon de poker de près 30 heures sur trois jours, le Québécois explique qu'il a tenu le coup grâce à ses nombreux amis qui l'ont encouragé lors de 15 dernières heures.
«Je suis un joueur de hockey et je sais que le poker c'est individuel, mais je voyais pratiquement cela comme une équipe. C'était moi et mes chums contre les autres joueurs à la table et ils étaient tellement bruyants qu'ils intimidaient mes adversaires», décrit-il.
Mais pourquoi cette photo torse nu?
«On niaisait avec le fait que nous étions le Team V-Neck parce qu'on portait tous des chandails avec le col en V. Mes amis sont même allés s'acheter des chandails avec un col en V qui descendait pratiquement jusqu'au nombril pour s'amuser. Quand j'ai gagné, j'ai enlevé mon chandail coton ouaté sous lequel je portais mon col en V et une femme dans la foule m'a crié de l'enlever, mais je ne voulais pas trop sauf que mes chums ont embarqué dans le jeu et m'ont poussé à le faire. Je l'ait fait pour les remercier, ils méritaient cela, et pour rire!»
Lefrançois et Jacques ne se connaissaient pas vraiment avant d'amorcer cette série de tournois en vue des Séries mondiales. Très rapidement, ils ont pris contact entre eux et avec les nombreux Québécois présents au Nevada.
Si les amis de Lefrançois ont joué un rôle majeur, le constat est identique pour Jacques.
«Avant de prendre part à ce tournoi, je n'avais pas beaucoup d'argent, mais j'ai la chance d'avoir deux amis qui croient en moi et qui paient 100% des frais de mes tournois. En retour, je récolte 30% de mes gains alors qu'ils gardent 35% chacun. Voilà pourquoi ils ont peut-être fêté encore un peu plus que moi », lance-t-il en riant.
Quelques mains inoubliables
Avec plus de 2000 joueurs et une durée de quelques jours, les parcours des participants dans les tournois de cet envergure sont remplis de rebondissements, de moments cruciaux et d'une dose de chance.
Lefrançois et Jacques ne font pas exception à cette tendance et ils n'ont pas oublié les mains les plus marquantes de leur aventure.
Le premier Québécois récipiendaire d'un bracelet des Séries mondiales depuis André Boyer en 2005 a vécu sa main la plus inoubliable en fin de tournoi sur un bluff magistral.
«Quand nous étions rendus trois joueurs, nous avions environ le même nombre de jetons et nous étions, selon moi, les trois meilleurs joueurs de la table finale. La petite mise à l'aveugle était de 40 000 jetons et 80 000 pour la grosse mise à l'aveugle. Le joueur en position small blind décide d'augmenter la mise à 200 000 jetons (2,5 fois la grosse mise à l'aveugle. Je suis en position big blind avec Valet et 9 de la même sorte et j'égalise sa mise.»
«Le flop tombe K, 4 et 2 de sortes différentes. Il gage 240 000 jetons dans un pot de 440 000 jetons, je décide d'égaliser parce que je ne crois pas qu'il ait le K. Je me dis que souvent il va passer sur le tournant et que je pourrais miser et gagner le pot.»
« Le tournant est une Q qui donne la possibilité de couleur. Il pense et mise 400 000 jetons. Dans ma tête, je me dis que je pourrais abandonner ma main, mais c'est quand même une très belle carte pour lui afin de mettre une autre mise. Il pourrait encore une fois passer sur la rivière alors que je pourrais miser pour le faire coucher ses cartes. »
« Je décide donc d'égaliser et la rivière est un 6 qui donne la couleur possible. Après plusieurs secondes de réflexion, il mise 650 000 en laissant 1,5 million de jetons derrière lui et j'ai osé en poussant all-in même si j'avais seulement un valet comme carte la plus haute »
« Je suis allé voir sur son blogue et il a raconté qu'il avait un K et un 10 donc une paire de rois. Il pensait que je ne pouvais pas bluffer dans cette situation et je savais que je représentais la couleur forte. »
« Ce fut vraiment le point tournant! C'était vraiment intense, quand il a jeté sa main sur mon bluff, mon cœur devait battre à 400», blague Lefrançois. « Mes parents auraient été inquiets si quelqu'un avait calculé mon rythme cardiaque. »
De son côté, Jacques a vécu une main très spéciale lorsqu'il restait 23 joueurs dans la compétition.
«Je suis du style à jouer beaucoup de mains. À ce moment, je décide d'augmenter la mise même si je suis parmi les premiers à parler. Celui à ma gauche enchaîne en poussant all-in sans hésiter et un autre joueur près du big blind pousse également all-in alors que j'avais les As. J'ai simplement égalisé pour m'apercevoir qu'un joueur avait K et Q en pique et l'autre A et K. Le flop a amené 10 et V de pique ainsi qu'un 2 de carreau et j'ai tenu. Avec ce pot, j'avais déjà la moyenne pour atteindre la table finale...»
Et la chance dans cette histoire
Jacques et Lefrançois ne se gênent pas pour admettre qu'ils ont eu la chance de leur côté à quelques occasions.
«Quand j'étais rendu en heads up, j'avais K et Q de carreau et mon adversaire a augmenté la mise. J'ai répliqué en poussant all-in, mais il a décidé d'égaliser avec une paire de 4», détaille Jacques.
«Dès le flop, il a touché un troisième 4 avec une Q et un A. Tous ses amis criaient et étaient certains qu'il allait remporter le bracelet sauf que j'ai touché deux carreaux sur le tournant et la rivière.»
Tout comme Jacques, Lefrançois n'a pas besoin de réfléchir longtemps pour se rappeler quelques moments chanceux.
«C'est sûr que j'ai eu des mains chanceuses. Je me souviens qu'avec deux tables à faire, j'étais le meneur en jetons et je me suis ramassé contre un adversaire all-in avec une paire de 8 contre une paire de K et j'ai touché un troisième 8 sur le flop! Ça ne mettait pas en péril tous mes jetons, mais ça aide à progresser.»
Est-ce que ça change le monde ou du moins les plans de carrière?
Après avoir fêté leur exploit, les deux jeunes Québécois affirment avec prudence qu'ils n'ont pas l'intention de se lancer vers une récompense dispendieuse. Ils souhaitent plutôt investir la plupart de leur bourse sauf qu'ils admettent que leur plan de carrière respectif vient de changer.
«Ça peut changer mes plans surtout que j'ai pris une pause de l'école pendant un an parce que mon domaine ne m'intéressait plus et je lis beaucoup sur l'astronomie. Je pourrais bien investir en immobilier surtout si je récolte d'autres bourses», déclare Jacques.
«Mes plans sont modifiés dans le sens que je vais faire plus de voyages et je vais sûrement jouer plus de tournois en personne. Mais ça ne change pas que je veux graduer en finance et probablement faire un baccalauréat en droit ensuite. Cette bourse me permettra d'avoir de l'argent de côté et de voyager pendant mes études.
Chose certaine, les deux joueurs participeront au tournoi principal des Séries mondiales qui s'amorce le 5 juillet sauf qu'un détour à Montréal sera nécessaire pour Lefrançois.
«Je n'ai pas le choix de revenir parce que j'ai un examen le 2 juillet et je dois étudier un peu avant », avoue-t-il avec le sourire.
«C'est vraiment bien ce qui est arrivé pour le Québec. J'étais vraiment content pour Pascal quand il a gagné et je n'éprouvais pas de jalousie. On a un background de poker semblable et ça motive tout le monde à vouloir gagner d'autres bracelets», note Jacques avec le dernier mot.
*Un remerciement spécial à Princepoker qui couvre les activités des joueurs québécois de poker
Pascal Lefrançois a commencé à réaliser l'ampleur de son exploit quelques jours après avoir été couronné le champion du tournoi préliminaire #8 des Séries mondiales le 4 juin.
«J'ai eu besoin d'un peu de temps avant de redescendre du nuage», avoue Lefrançois qui continue de profiter pleinement son expérience à Las Vegas. «J'avoue que pendant quelques jours, je flottais parce que j'ai vécu des émotions incroyables et très intenses.»
Confronté à 2340 adversaires, l'étudiant en finances au HEC à Montréal a tout de même amorcé avec confiance ce tournoi avec un frais d'inscription de 1500$.
«Je savais que j'étais un joueur d'un bon niveau et que j'étais capable d'obtenir un résultat intéressant, mais il y a une grosse différence entre le penser et le faire. Je me suis prouvé quelque chose en accomplissant cela», raconte-t-il sans prétention.
Aussi surprenant que cela puisse paraître, le Québécois Vincent Jacques est passé tout près de réussir le même accomplissement deux jours plus tôt, mais son parcours s'est arrêté en deuxième position avec une agréable bourse de 320 913$.
Malgré ce résultat hors de l'ordinaire, Jacques a accueilli sa deuxième place de façon très différente de Lefrançois.
«Quand j'ai perdu, j'étais plutôt fâché!», raconte de manière surprenante le joueur de 21 ans. « Dans le monde du poker, la différence est grande entre le bracelet et la deuxième place. Quand tu gagnes, ton nom se retrouve partout, tu fais plusieurs entrevues et tu obtiens des contrats de commandite Finir deuxième, c'est bien beau, mais ce n'est pas si malade.»
Cette situation s'explique cependant puisqu'il se spécialise en face-à-face (heads up). «Je joue beaucoup de heads up donc j'avais des attentes quand je me suis rendu en finale.»
«Le soir même, mes amis me demandaient si je voulais sortir et ça ne me tentait pas. J'étais fâché d'avoir perdu le bracelet, mais le lendemain tu réalises que c'est quand même un bon montant d'argent et que ce n'était que le début des Séries mondiales donc j'étais content», ajoute Jacques.
Si près de jouer contre Phil Hellmuth
La victoire de Lefrançois revêt un cachet particulier puisque le légendaire et très coloré joueur Phil Hellmuth était de la compétition. Plus le tournoi avançait et plus Lefrançois s'imaginait qu'il aurait la chance d'affronter cet opposant qui ne cesse rarement de parler.
Hellmuth a toutefois été incapable de mettre la main sur son 12e bracelet des Séries mondiales et il a été éliminé en 15e position.
«J'aurais aimé avoir la chance de l'affronter parce que c'est vraiment un joueur que je déteste!», lance Lefrançois qui partage sûrement ce point en commun avec plusieurs joueurs de niveau amateur. «Je suis convaincu que j'aurais pu avoir le meilleur sur lui et j'aurais aimé réussir cela à la table finale; c'était un peu un rêve que ça se produise.»
Les amis, un appui essentiel
En mettant la main sur un précieux bracelet, Lefrançois a retenu l'attention dans le monde du poker et il a également fait rire avec sa photo inusitée de champion!
Impliqué dans un marathon de poker de près 30 heures sur trois jours, le Québécois explique qu'il a tenu le coup grâce à ses nombreux amis qui l'ont encouragé lors de 15 dernières heures.
«Je suis un joueur de hockey et je sais que le poker c'est individuel, mais je voyais pratiquement cela comme une équipe. C'était moi et mes chums contre les autres joueurs à la table et ils étaient tellement bruyants qu'ils intimidaient mes adversaires», décrit-il.
Mais pourquoi cette photo torse nu?
«On niaisait avec le fait que nous étions le Team V-Neck parce qu'on portait tous des chandails avec le col en V. Mes amis sont même allés s'acheter des chandails avec un col en V qui descendait pratiquement jusqu'au nombril pour s'amuser. Quand j'ai gagné, j'ai enlevé mon chandail coton ouaté sous lequel je portais mon col en V et une femme dans la foule m'a crié de l'enlever, mais je ne voulais pas trop sauf que mes chums ont embarqué dans le jeu et m'ont poussé à le faire. Je l'ait fait pour les remercier, ils méritaient cela, et pour rire!»
Lefrançois et Jacques ne se connaissaient pas vraiment avant d'amorcer cette série de tournois en vue des Séries mondiales. Très rapidement, ils ont pris contact entre eux et avec les nombreux Québécois présents au Nevada.
Si les amis de Lefrançois ont joué un rôle majeur, le constat est identique pour Jacques.
«Avant de prendre part à ce tournoi, je n'avais pas beaucoup d'argent, mais j'ai la chance d'avoir deux amis qui croient en moi et qui paient 100% des frais de mes tournois. En retour, je récolte 30% de mes gains alors qu'ils gardent 35% chacun. Voilà pourquoi ils ont peut-être fêté encore un peu plus que moi », lance-t-il en riant.
Quelques mains inoubliables
Avec plus de 2000 joueurs et une durée de quelques jours, les parcours des participants dans les tournois de cet envergure sont remplis de rebondissements, de moments cruciaux et d'une dose de chance.
Lefrançois et Jacques ne font pas exception à cette tendance et ils n'ont pas oublié les mains les plus marquantes de leur aventure.
Le premier Québécois récipiendaire d'un bracelet des Séries mondiales depuis André Boyer en 2005 a vécu sa main la plus inoubliable en fin de tournoi sur un bluff magistral.
«Quand nous étions rendus trois joueurs, nous avions environ le même nombre de jetons et nous étions, selon moi, les trois meilleurs joueurs de la table finale. La petite mise à l'aveugle était de 40 000 jetons et 80 000 pour la grosse mise à l'aveugle. Le joueur en position small blind décide d'augmenter la mise à 200 000 jetons (2,5 fois la grosse mise à l'aveugle. Je suis en position big blind avec Valet et 9 de la même sorte et j'égalise sa mise.»
«Le flop tombe K, 4 et 2 de sortes différentes. Il gage 240 000 jetons dans un pot de 440 000 jetons, je décide d'égaliser parce que je ne crois pas qu'il ait le K. Je me dis que souvent il va passer sur le tournant et que je pourrais miser et gagner le pot.»
« Le tournant est une Q qui donne la possibilité de couleur. Il pense et mise 400 000 jetons. Dans ma tête, je me dis que je pourrais abandonner ma main, mais c'est quand même une très belle carte pour lui afin de mettre une autre mise. Il pourrait encore une fois passer sur la rivière alors que je pourrais miser pour le faire coucher ses cartes. »
« Je décide donc d'égaliser et la rivière est un 6 qui donne la couleur possible. Après plusieurs secondes de réflexion, il mise 650 000 en laissant 1,5 million de jetons derrière lui et j'ai osé en poussant all-in même si j'avais seulement un valet comme carte la plus haute »
« Je suis allé voir sur son blogue et il a raconté qu'il avait un K et un 10 donc une paire de rois. Il pensait que je ne pouvais pas bluffer dans cette situation et je savais que je représentais la couleur forte. »
« Ce fut vraiment le point tournant! C'était vraiment intense, quand il a jeté sa main sur mon bluff, mon cœur devait battre à 400», blague Lefrançois. « Mes parents auraient été inquiets si quelqu'un avait calculé mon rythme cardiaque. »
De son côté, Jacques a vécu une main très spéciale lorsqu'il restait 23 joueurs dans la compétition.
«Je suis du style à jouer beaucoup de mains. À ce moment, je décide d'augmenter la mise même si je suis parmi les premiers à parler. Celui à ma gauche enchaîne en poussant all-in sans hésiter et un autre joueur près du big blind pousse également all-in alors que j'avais les As. J'ai simplement égalisé pour m'apercevoir qu'un joueur avait K et Q en pique et l'autre A et K. Le flop a amené 10 et V de pique ainsi qu'un 2 de carreau et j'ai tenu. Avec ce pot, j'avais déjà la moyenne pour atteindre la table finale...»
Et la chance dans cette histoire
Jacques et Lefrançois ne se gênent pas pour admettre qu'ils ont eu la chance de leur côté à quelques occasions.
«Quand j'étais rendu en heads up, j'avais K et Q de carreau et mon adversaire a augmenté la mise. J'ai répliqué en poussant all-in, mais il a décidé d'égaliser avec une paire de 4», détaille Jacques.
«Dès le flop, il a touché un troisième 4 avec une Q et un A. Tous ses amis criaient et étaient certains qu'il allait remporter le bracelet sauf que j'ai touché deux carreaux sur le tournant et la rivière.»
Tout comme Jacques, Lefrançois n'a pas besoin de réfléchir longtemps pour se rappeler quelques moments chanceux.
«C'est sûr que j'ai eu des mains chanceuses. Je me souviens qu'avec deux tables à faire, j'étais le meneur en jetons et je me suis ramassé contre un adversaire all-in avec une paire de 8 contre une paire de K et j'ai touché un troisième 8 sur le flop! Ça ne mettait pas en péril tous mes jetons, mais ça aide à progresser.»
Est-ce que ça change le monde ou du moins les plans de carrière?
Après avoir fêté leur exploit, les deux jeunes Québécois affirment avec prudence qu'ils n'ont pas l'intention de se lancer vers une récompense dispendieuse. Ils souhaitent plutôt investir la plupart de leur bourse sauf qu'ils admettent que leur plan de carrière respectif vient de changer.
«Ça peut changer mes plans surtout que j'ai pris une pause de l'école pendant un an parce que mon domaine ne m'intéressait plus et je lis beaucoup sur l'astronomie. Je pourrais bien investir en immobilier surtout si je récolte d'autres bourses», déclare Jacques.
«Mes plans sont modifiés dans le sens que je vais faire plus de voyages et je vais sûrement jouer plus de tournois en personne. Mais ça ne change pas que je veux graduer en finance et probablement faire un baccalauréat en droit ensuite. Cette bourse me permettra d'avoir de l'argent de côté et de voyager pendant mes études.
Chose certaine, les deux joueurs participeront au tournoi principal des Séries mondiales qui s'amorce le 5 juillet sauf qu'un détour à Montréal sera nécessaire pour Lefrançois.
«Je n'ai pas le choix de revenir parce que j'ai un examen le 2 juillet et je dois étudier un peu avant », avoue-t-il avec le sourire.
«C'est vraiment bien ce qui est arrivé pour le Québec. J'étais vraiment content pour Pascal quand il a gagné et je n'éprouvais pas de jalousie. On a un background de poker semblable et ça motive tout le monde à vouloir gagner d'autres bracelets», note Jacques avec le dernier mot.
*Un remerciement spécial à Princepoker qui couvre les activités des joueurs québécois de poker