RENNES - Le navigateur français Thomas Coville a abandonné dans la nuit de samedi à dimanche sa tentative de record autour du monde en solitaire et en multicoque et s'apprêtait à remonter vers l'Afrique du Sud, a annoncé son équipe.

Le navigateur, pris dans une zone d'icebergs, a abandonné cinq minutes après avoir battu à 00H45 GMT (01H45 heure française) le record de distance sur 24 heures et alors qu'il naviguait à la latitude des îles Kerguelen (océan Indien) à bord de son maxi trimaran Sodeb'O.

Thomas Coville a abandonné après avoir constaté qu'il avait perdu le pare-choc du flotteur tribord, sans que l'on sache immédiatement s'il y a eu choc, a précisé l'équipe. Le navigateur venait d'apercevoir deux icebergs de plusieurs centaines de mètres de long et avait constaté la présence de morceaux de glace flottant entre deux eaux ("growlers") autour du bateau, a précisé Sodeb'O.

"Il est pour l'instant avec son routeur au téléphone pour savoir comment il peut rejoindre Le Cap, en Afrique du Sud. On peut imaginer qu'il doit être très, très déçu. On le laisse digérer (cet échec) et se reposer jusqu'au lever du jour", a indiqué son équipe à l'AFP.

D'autant que Thomas Coville venait de battre le record des 24 heures en solitaire en parcourant 619,3 milles à la moyenne de 25,8 noeuds, battant de trois milles le record détenu par le Français Francis Joyon. Cette performance était intervenue lors de sa 20e journée de navigation, tout comme Francis Joyon.

Vendredi, après avoir déjà passé une nuit à éviter les icebergs, le navigateur avait doublé le cap de Bonne-Espérance avec près d'un jour et demi d'avance sur le record du tour du monde à la voile en solitaire détenu par la Britannique Ellen MacArthur dont le record est de 71 jours, 15 heures et 18 minutes.

Parti de Brest le 17 décembre, Thomas Coville avait passé la nuit de jeudi à vendredi en combinaison, son kit de survie à portée de main et à plus de 25 noeuds au milieu des icebergs. "Je suis le témoin oculaire de ce fameux réchauffement climatique. De mémoire de naviguant, on n'avait jamais vu de glace aussi Nord en cette saison", confiait-il à son équipe.

Homme d'expérience, le navigateur a déjà parcouru un tour du monde en solitaire et deux en équipage. "J'ai envie de ce record qui réunit tout ce que j'aime dans mon sport: le solitaire, le multicoque, la vitesse, l'engagement et la dimension planétaire", confiait-il avant son départ.

Déjà fort d'une victoire dans la Transat Jacques Vabre en double en 1999 sous les couleurs de Sodeb'O, le navigateur est devenu l'un des acteurs phares du circuit des multicoques océaniques. Il s'est notamment lancé en 2005 dans un programme de records en solo qui lui ont permis de devenir l'homme le plus rapide entre l'Espagne et les Bahamas et entre Miami et New York.

Bien loin devant lui désormais, le navigateur Francis Joyon, à bord de son maxi trimaran IDEC, reste désormais seul en course pour battre le record d'Ellen MacArthur.

Toujour freiné par une bulle anticyclonique, le navigateur de 51 ans a passé dans la nuit de vendredi à samedi la barre des 5.000 milles restant à parcourir pour boucler son tour du monde. Il se trouvait dimanche matin au large du Brésil, bénéficiant toujours d'un confortable avance sur le chrono de référence.