Après plus de six semaines de course, le skipper Yannick Bestaven s'est installé en tête du Vendée Globe, mercredi, alors qu'il navigue aux portes de l'océan Pacifique qui sera pour lui une découverte.

Et comme une bonne nouvelle n'arrive jamais seule, Bestaven (Maître Coq IV) a reçu mercredi une compensation horaire de dix heures et quinze minutes pour avoir aidé au sauvetage d'un concurrent, Kevin Escoffier (deux autres navigateurs, Jean Le Cam et Boris Hermann ont aussi eu des compensations). Une bonification qui ne sera effective que lorsqu'il aura passé la ligne d'arrivée aux Sables d'Olonne (Vendée).

Mais force est de constater que le marin de 47 ans n'a pas besoin de ce juste retour des choses pour tenir le premier rôle de la course autour du monde en solitaire et sans escale.

Mercredi au petit matin, très au large de l'Australie, il a doublé Thomas Ruyant (LinkedOut) à mi-parcours du Vendée Globe pour prendre les commandes, lui qui est engagé pour la deuxième fois sur le Vendée Globe mais dont la première participation avait tourné court en 2008 à la suite du démâtage de son bateau, moins de deux jours après le départ.

Ruyant n'est certes pas loin, il suit à 14 milles nautiques (26 km) et le duo s'apprête à quitter l'océan Indien - qui ne les a pas épargnés - tout comme Charlie Dalin, leader durant trois semaines et retombé à la troisième place, à 145 nm (268 km) de Bestaven, après une avarie importante.

Dalin est désormais revenu dans la course après avoir réparé pendant plusieurs heures une pièce liée au foil bâbord et qui était partie, laissant l'eau entrer. Le foil est un appendice latéral qui permet au voilier de voler (ces bateaux sont appelés des 'foilers'). Le monocoque de Dalin, tout comme celui de Ruyant, est de toute dernière génération (2019) quand le foiler de Bestaven est plus ancien (2015).

« Aujourd'hui (mercredi) je dois encore récupérer de tous mes efforts mais ça va mieux, je me sens remotivé, je suis content d'être de nouveau en course, certes avec un foil que je ne peux plus utiliser, mais (...) avec un bateau en état de naviguer », a soufflé Dalin à l'AFP, qui espère « que c'est la fin de la spirale négative » dans laquelle il était, « entre la tempête, les vents faibles, les poursuivants qui reviennent » derrière lui.

Derrière ce trio qui s'est échappé du reste de la flotte, est positionné à la quatrième place, Jean Le Cam (Yes We Cam!), à 450,2 milles du leader (833 km).

Le navigateur de 61 ans a lui aussi reçu une compensation de seize heures et 15 minutes pour avoir sauvé Escoffier.

Lundi 30 novembre, Kevin Escoffier (PRB) a vu son bateau se briser en deux alors qu'il naviguait dans les 40es Rugissants. Il s'est réfugié sur son radeau de survie et la direction de course a demandé au concurrent le plus proche de se dérouter pour porter secours au marin en détresse.

Jean Le Cam s'est rendu sur zone mais a peiné à localiser Escoffier.

Trois autres skippers ont donc été déroutés pour aider aux recherches: Bestaven, l'Allemand Boris Hermann (Seaexplorer-Yacht Club de Monaco), septième mercredi et qui bénéficie de six heures de compensation, et Sébastien Simon (Arkéa Paprec) qui a depuis abandonné en raison d'une avarie.

Le Cam a pu finalement secourir Escoffier, resté à bord avec lui jusqu'à ce qu'une frégate de la Marine Nationale ne vienne ensuite le récupérer au large des Iles Kerguelen.