PARIS – Meneur du Vendée Globe depuis cinq jours, le skipper Yannick Bestaven navigue lundi dans le Pacifique sud, sur la longitude de l'archipel néo-zélandais des îles Chatham et se dirige vers le fameux point Nemo qu'il pourrait atteindre vite s'il tente un coup stratégique.

Bestaven (Maître Coq IV), qui forme un trio immuable en tête de flotte avec Charlie Dalin (Apivia) et Thomas Ruyant (LinkedOut), attaque la septième semaine de course avec une belle avance sur ses poursuivants directs. Et l'écart pourrait devenir considérable s'il réussit à se placer rapidement devant un anticyclone qui se profile, en le contournant par l'est.

« Si j'arrive à m'échapper, ça peut être banco. Mais c'est dur à dire, c'est compliqué, ça va dépendre », a juste glissé Bestaven lors d'une vacation avec le PC course.

C'est un pari risqué pour le marin rochelais : l'opportunité qui s'offre à lui est toute petite et s'il échoue, il verra un groupe d'une dizaine de concurrents revenir sur lui.

Mais si l'option se révèle bénéfique, il creusera l'écart, notamment sur Dalin et Ruyant.

Au classement lundi en fin de journée, Bestaven a une avance de 117 milles nautiques (216 km) sur Dalin (Apivia). Ruyant (LinkedOut) est quant à lui à 162 nm (301 km) du meneur.

Bestaven, dont c'est le deuxième Vendée Globe après une première édition ayant tourné court trente heures après le départ en raison d'un démâtage (2008), regarde vers le point Nemo, cet endroit le plus isolé et le plus retiré du monde.

Retard au cap Horn

Le point Nemo désigne le pôle maritime d'inaccessibilité. Calculé en 1992, il se trouve exactement à la latitude 48°52'31'' Sud et à la longitude 123°23'33'' Ouest. Pas âme qui vive à moins de 2700 kilomètres à la ronde. Le point Nemo est un passage mythique, qui renvoie à l'imaginaire de nombre de marins car nommé ainsi en référence au célèbre capitaine du Nautilus, créé par Jules Verne dans son roman « 20 000 lieues sous les mers ».

Mais aussi, un point de passage terrifiant car en cas de pépin, ce sont pas moins de quinze jours nécessaires pour une équipe de sauvetage venue d'une terre avoisinante... Il est de coutume de dire que les humains les plus proches du point Nemo se trouvent dans l'espace, à bord de la Station spatiale internationale (ISS). C'est d'ailleurs sur la zone du point Nemo que de nombreux débris spatiaux finissent par échouer.

Bestaven n'a encore jamais atteint ce point et en fonction de sa stratégie de route, il y arrivera plus ou moins vite. Ensuite se profilera le derniers des trois caps du tour du monde, le cap Horn (pointe sud des Amériques).

Selon les dernières estimations, la longitude du cap Horn devrait être franchie tout début janvier, soit avec plus d'une semaine de retard par rapport à l'édition précédente.

En 2016, le vainqueur Armel Le Cléac'h avait été le premier à passer le cap Horn, le 23 décembre, soit 47 jours après le départ.

Cette année, les conditions météo ont été terribles et peu favorables aux bateaux capables d'aller très vite, les « foilers »(bateaux dits « volants »), même si les quatre premiers de la course sont des foilers (deux d'ancienne génération et deux de dernière génération).

Lundi, la flotte est entrée dans son 43e jour.

Classement lundi à 17 h GMT :

1. Yannick Bestaven (FRA/Maître Coq IV) à 10.537,7 milles de l'arrivée

2. Charlie Dalin (FRA/Apivia) à 117,0 milles du premier

3. Thomas Ruyant (FRA/LinkedOut) 162,5

4. Boris Herrmann (GER/Seaexplorer-Yacht Club de Monaco) 350,3

5. Jean Le Cam (FRA/Yes we Cam !) 384,4

6. Benjamin Dutreux (FRA/OMIA-Water Family) 418,7

7. Damien Seguin (FRA/Groupe Apicil) 495,2

8. Isabelle Joschke (GER/MACSF) 554,6

9. Giancarlo Pedote (ITA/Prysmian Group) 568,5

10. Maxime Sorel (FRA/V And B Mayenne) 700,9

11. Louis Burton (FRA/Bureau Vallée 2) 884,2

12. Clarisse Cremer (FRA/Banque Populaire X) 1.000,4

13. Romain Attanasio (FRA/Pure-Best Western) 1.128,6

14. Armel Tripon (FRA/L'Occitane en Provence) 1.582,4

15. Alan Roura (SUI/La Fabrique) 2.723,4

16. Arnaud Boissières (FRA/La Mie Câline-Artisans Artipôle) 2.939,5

17. Pip Hare (GBR/Medallia) 3.003,7

18. Stéphane Le Diraison (FRA/Time For Oceans) 3.095,9

19. Didac Costa (ESP/One Planet One Ocean) 3.123,1

20. Manuel Cousin (FRA/Groupe Sétin) 3.274,1

21. Jérémie Beyou (FRA/Charal) 3.487,1

22. Kojiro Shiraishi (JPN/DMG Mori Global One) 3.767,5

23. Miranda Merron (GBR/Campagne de France) 4.107,9

24. Clément Giraud (FRA/Compagnie du lit-Jiliti) 4.144,1

25. Alexia Barrier (FRA/TSE-4myplanet) 4.163,6

26. Ari Huusela (FIN/Stark) 4.608,7

27. Sébastien Destremau (FRA/Merci) 5.056,3

. Alex Thomson (GBR/Hugo Boss) Abandon

. Kevin Escoffier (FRA/PRB) Abandon

. Samantha Davies (GBR/Initiatives-Cœur) Abandon

. Sébastien Simon (FRA/Arkéa-Paprec) Abandon

. Nicolas Troussel (FRA/Corum L'Epargne) Abandon

. Fabrice Amedeo (FRA/Newrest-Art et Fenêtres) Abandon