VOSS, NORVÈGE – Kaya Turski a tenté le tout pour le tout samedi et s’est finalement emparée de la palme de championne du monde en slopestyle, alors que sa coéquipière Dara Howell remportait l’argent sur un parcours des plus exigeants, qui comprend trois rails et quatre sauts.

Turski a remporté l’épreuve avec la marque de 89.6 pour la meilleure de ses deux descentes. Howell a mérité 85.6 alors que l’Américaine Grete Eliassen complétait le podium, troisième, en 81.2.

Huitième à l’issue de la première ronde avec la note de 14.2 lors de cette finale ‘meilleure de deux’, Turski, triple championne des X Games, savait que la pente serait rude à remonter pour se retrouver sur le podium, mais une telle situation ne lui était pas inconnue, puisqu’elle s’était retrouvée dans une posture semblable aux X Games, en janvier, dernière à l’issue de la première ronde pour finalement prendre la deuxième place en finale.

« Je ne sais pas vraiment comment j’y arrive... Je me retrouve simplement dans un état mental où je me dis, ‘Ce n’est pas la fin du monde si ça ne fonctionne pas’, et finalement, ça me permet de retrouver mon rythme… Et ça fonctionne. Mais j’espère vraiment arriver bientôt à réussir mes premières descentes, ce serait pas mal plus facile! », d’expliquer la Montréalaise, qui a ajouté qu’elle s’inspirait beaucoup de ses souvenirs de son amie, la regrettée Sarah Burke, décédée suite à une chute en demi-lune l’an dernier, et qui était réputée pour remonter ainsi la pente lors d’épreuves importantes.

L’élément déterminant pour Turski cette saison a définitivement été l’ajout d’une manœuvre désaxée à son arsenal. Auparavant, toutes ses manœuvres étaient des sauts droits, mais ses entraîneurs et elle étaient conscients qu’avec la progression rapide des femmes dans la discipline depuis l’annonce, il y a deux ans, que le slopestyle ferait partie du programme olympique de 2014 à Sotchi, les sauts droits ne suffiraient pas pour maintenir Turski sur la plus haute marche du podium encore longtemps.

Donc, avec l’aide de l’entraîneur de l’équipe canadienne, Toben Sutherland, et du soutien de son commanditaire, Red Bull, elle a consacré d’innombrables heures à l’entraînement mental et physique pour se pousser hors de sa zone de confort et apprendre une manœuvre unique que son équipe a baptisée le ‘turkey roll’. Il s’agit d’un saut désaxé avec une vrille et demie, et Turski l’a exécuté ici à la perfection lors de sa dernière descente.

Turski a avoué que ce saut avait véritablement changé son approche. « J’en avais besoin si je voulais continuer à gagner », d’indiquer l’athlète de 24 ans. « Ça m’a vraiment forcée à sortir de ma zone de confort au début, mais mes efforts ont finalement payé, et je peux maintenant exécuter ce saut n’importe quand, au besoin, comme aujourd’hui. Je peux maintenant dire haut et fort que je suis championne du monde, c’est incroyable! »

Avec cette médaille, Turski s’est assurée d’une nomination provisoire au sein de l’équipe olympique de 2014 en vertu de la Méthode A du processus de sélection de l’Association canadienne de ski acrobatique.

Dara Howell, 18 ans, était rayonnante suite à son résultat. « Wow, je suis la deuxième meilleure au monde! C’est vraiment extraordinaire », a-t-elle partagé, ajoutant qu’elle était contente d’être simplement arrivée à se rendre jusqu’au bas du parcours.

« Le parcours était particulièrement difficile aujourd’hui, en fait, tout le monde a trouvé ça difficile cette semaine. Ce n’était pas aussi fluide que ce à quoi on est habitués, alors notre vitesse changeait constamment, et cet après-midi, le vent s’est mis de la partie, compliquant les choses encore davantage. Je suis donc très, très heureuse d’avoir réussi deux bonnes descentes. Je suis fière de moi », a indiqué Howell, ajoutant qu’elle avait dû réduire son degré de difficulté habituel lors de ses descentes ici.

La troisième Canadienne, Yuki Tsubota de Pemberton, C.-B., a aussi exécuté une excellente performance qui lui a valu la cinquième place avec la marque de 70.4, après s’être qualifiée deuxième en matinée.

Chez les hommes, le seul finaliste canadien, le Drummondvillois Jean-François Houle, a impressionné ses entraîneurs en accédant aux finales alors qu’il venait tout juste de revenir à la compétition après avoir été absent toute la saison en raison de blessure. Il a malheureusement chuté lors de ses deux descentes en finale et s’est retrouvé 11e en 26.2.

La victoire est allée à l’Américain Tom Wallisch grâce à la marque de 94.8; James Woods de l’Angleterre, a terminé deuxième en 91.2; et Nick Goepper des États-Unis a pris la troisième place en 89.2.

Le jeune Alex Beaulieu-Marchand de Québec, 18 ans, a pris la 52e place de l’épreuve après avoir chuté lors de ses deux descentes.

Alex Bellemare a été victime du difficile parcours; il s’est blessé à un genou à l’entraînement plus tôt cette semaine et n’a pas pu participer à l’épreuve. Le Britanno-Colombien Noah Morrison de Vernon a aussi dû renoncer à la compétition en raison d’une blessure préexistante à la cheville.

L’équipe canadienne de ski acrobatique termine donc ces Championnats du monde FIS avec un total de neuf médailles : six en bosses, une en sauts et deux en slopestyle aujourd’hui, incluant trois médailles d’or, et six médailles dans des disciplines olympiques. Le chef de la direction de l’ACSA, Peter Judge, a indiqué, « Nous sommes très heureux pour tous nos nouveaux médaillés des Championnats du monde, ainsi que pour nos autres athlètes qui ont vraiment livré leurs meilleures performances, surtout considérant le jeune âge de l’équipe. De faire couronner des champions du monde aussi près des Jeux donnera assurément confiance à chacun des athlètes alors que s’amorce la dernière étape vers Sotchi. »

L’action en ski acrobatique FIS se poursuit le week-end prochain avec une épreuve de bosses, en Suède.