MONTRÉAL - Pierre-Luc Gagnon est à l'univers du skateboard ce que Georges St-Pierre est à celui des combats extrêmes: l'ambassadeur québécois par excellence de son sport.

Un ambassadeur qui, comme la star de l'UFC, ne passe pas beaucoup de temps chez lui. La journée de samedi s'avérera une rare occasion de le voir en sol québécois, alors qu'aura lieu la quatrième présentation du Empire Backyard Party au South-Park Skatepark de Brossard.

«Les gens vont vraiment voir du skate dans sa forme pure», a décrit Gagnon, vendredi, lors d'un entretien avec La Presse Canadienne. «Ce ne sera pas dans un gros stade comme les X-Games, ce sera dans un vrai parc de skate. Ils ont construit une mini-rampe spécialement pour l'événement.»

La compétition, basée sur un format jam, donnera l'occasion aux concurrents de présenter leurs trucs préférés et de décrocher la bourse de 12 000 $ remise au gagnant.

Ce sera surtout une occasion, pour les jeunes amateurs de skate de la grande région montréalaise, de voir l'un des meilleurs skateboarders au monde en pleine action. Et, peut-être, de se découvrir une nouvelle passion. Une passion qui offre l'opportunité de gagner sa vie bien honorablement — surtout lorsqu'on a remporté 17 médailles aux X-Games, comme Gagnon.

«Il y a différentes façons de gagner sa vie avec le skate, a noté Gagnon, vendredi. Les skaters de rue le font en louant leurs services pour des séances de photos ou de vidéo, qu'on organise grâce à des commandites. Il y en a d'autres qui participent à beaucoup de compétitions, comme moi, et qui en retirent des revenus. Dans mon cas, puisque j'obtiens de bons résultats, ça attire aussi des commanditaires.»

Ce qui lui permet d'encaisser des revenus dans «les six chiffres élevés».

«Les choses vont plutôt bien. Je gagne ma vie avec le skate depuis 1997, quand j'avais 17 ans», a indiqué l'athlète de 31 ans, qui réside en permanence dans la région de San Diego, en Californie. «Après mes trois premières années, j'ai décidé d'y déménager parce c'était plus facile pour moi de m'y entraîner et de travailler avec mes commanditaires. Je n'ai pas besoin de voyager pour chacune des séances de photos qu'on me demande de faire.

«Ça me permet aussi de m'entraîner avec les meilleurs au monde, au lieu de le faire seul à Montréal.»

Quand un jeune hockeyeur lorgne les rangs professionnels, le cheminement qu'il doit suivre est pratiquement tracé d'avance. Au skate, c'est moins évident.

«Moi, quand j'étais plus jeune, je regardais beaucoup les revues de skate. Je regardais ce que les professionnels faisaient et j'essayais de les imiter. D'apprendre leurs trucs, tout en essayant de trouver mon propre style», a expliqué Gagnon.

«Le skate est une forme d'art, il n'y a pas vraiment de style défini, a-t-il ajouté. Il faut être unique et original, et essayer de mettre sa propre 'twist' à certains trucs, de trouver des figures que personne d'autre ne fait.

«Souvent, au lieu d'essayer d'apprendre un truc que cinq autre 'riders' font déjà, je vais essayer d'en inventer un nouveau. Ma routine aux X-Games, il y a au moins trois trucs que je suis le seul à faire. C'est pourquoi j'ai eu beaucoup de succès.»

Des subventions?

Les X-Games n'ayant pas encore la même reconnaissance que les Jeux olympiques au sein du grand public, les athlètes comme Gagnon ne reçoivent pas de subventions du gouvernement au même titre que les olympiens canadiens et québécois. Mais ce serait utile, selon celui qu'on surnomme PLG.

«C'est sûr que ça aiderait beaucoup, a-t-il affirmé. On est quand même limités dans nos budgets et il y a toujours de nouvelles choses qu'on aimerait faire. Comme, par exemple, installer un coussin d'air à côté de la rampe, ce qui nous permettrait de faire des manoeuvres et d'y atterrir, et donc de pratiquer de nouvelles choses. On n'a pas les budgets suffisants pour ça en ce moment.

«J'ai toujours des nouvelles idées pour apprendre de nouvelles manoeuvres et pratiquer de nouveaux trucs avec de nouvelles façons. Mais ça se résume toujours aux budgets qu'on a, et on travaille avec ce qu'on a.»

Peut-être qu'un jour, Gagnon militera davantage dans le but de promouvoir son sport et de sensibiliser les différents intervenants à ses besoins particuliers. Mais ce moment n'est pas encore venu puisque l'heure de la retraite n'a pas encore sonné. Dans sa profession, il est possible d'évoluer à un haut niveau jusqu'à l'approche de la quarantaine.

«Je veux rester impliqué mais je ne sais pas à quel niveau encore, a-t-il dit. Je n'ai pas encore pensé à ça. Le skate est encore un sport nouveau, qui change énormément, alors c'est difficile de savoir quelles opportunités il va y avoir dans une dizaine d'années. Peut-être que ce sera complètement différent.»