ROME - La Française Alizé Cornet, 18 ans, révélation du tournoi sur terre battue de Rome après s'être extirpée des qualifications, s'est offert samedi la première grande finale de sa carrière, et défiera dimanche l'expérimentée Jelena Jankovic, N.4 mondiale et tenante du titre.

Après avoir battu la Russe Svetlana Kuznetsova, 5e joueuse mondiale, en huitièmes jeudi (6-2, 6-4 en 1h14) puis bénéficié du forfait de Serena Williams vendredi en quarts, la Niçoise s'est offert le "scalp" de la no 8, la Russe Anna Chakvetadze (3-6, 6-4, 6-3 en 1h41) samedi.

Les choses avaient pourtant mal commencé face à Chakvetadze. Trop tendue, Cornet a commis beaucoup de fautes directes et s'est vite retrouvée menée 6-3, 3-0 et 0-30 sur son service.

"À ce moment-là, je ne savais plus quoi faire, témoigne-t-elle. Je ne pensais plus à la victoire, mais seulement à marquer le plus de jeux possibles. J'avais peur d'être ridicule et de ce qu'on allait dire de moi".

"Et finalement, c'est peut-être la peur du ridicule qui m'a permis de gagner, précise-t-elle. C'est d'ailleurs ça qui est extraordinaire, de gagner sans jouer son meilleur tennis, mais au mental, qui plus est face à une joueuse du top 10".

Surprise par le regain de forme de Cornet, c'est Chakvetadze qui, à son tour, a commencé à multiplier les fautes. Mais à la différence de la Française, qui a en plus bénéficié du soutien du public italien, elle n'est jamais parvenue à se refaire.

"Très fière de moi"

"J'ai réussi à redresser la barre, j'ai montré des qualités mentales, je suis très fière de moi, insiste Cornet, vainqueur de de Roland-Garros juniors l'an passé. Ici, c'est tout de même l'équivalent d'un Master Serie pour les hommes. Je suis aux anges".

Jusqu'ici, la semaine de la 34e mondiale - et meilleure française depuis le début de l'année - ressemble donc à un rêve, d'autant que la quinzaine de Roland-Garros approche à grands pas.

Enthousiasme, fraîcheur, culot, et en plus, un redoutable jeu sur l'ocre, elle a tout pour enquiquiner Jankovic pour ce qui constituera sa 2e finale depuis ses débuts sur le circuit professionnel, après Acapulco cette année (défaite contre l'Italienne Flavia Pennetta).

Les seules françaises à avoir remporté les Internationaux d'Italie sont Amélie Mauresmo, en 2004 et 2005, Mary Pierce, en 1997, et Ida Adamoff en 1932.

Jankovic, 23 ans, elle aussi cherche à remporter son premier tournoi, mais de l'année puisqu'elle en a déjà remporté cinq dans sa carrière, dont Rome l'année dernière.

Samedi, elle n'a pas franchement eu à s'employer en demi-finale puisque Maria Sharapova, son adversaire et future no 1 mondiale, a déclaré forfait en raison d'une blessure musculaire à un mollet.

"Jelena, elle sent très bien le jeu, elle manie bien l'échange, en finesse. Elle a une bonne défense aussi", analyse Cornet qui, si elle est admirative de jeu de Jankovic, est moins conquis par sa personnalité.

"Elle n'est pas très sympathique, elle ne dit jamais bonjour. En fait, elle rit quand elle se brûle!", dit-elle en riant.

"Il va falloir gérer la fatigue physique et mentale, mais je vais faire le maximum pour ne rien regretter", ajoute-t-elle. Les deux joueuses se sont déjà affrontées une fois, l'an passé aux Internationaux des États-Unis et la Serbe l'avait emporté 4-6, 6-2, 6-3.