Avant d'élaborer sur les tableaux chez les hommes et les dames, impossible de passer sous silence les larmes d'Andy Murray en conférence d'avant-tournoi. Déjà à Brisbane, en tout début de nouvelle année, le Britannique semblait en difficulté physiquement dans son match de deuxième tour devant l'étoile montante Daniil Medvedev. Juste marcher entre les points au deuxième set semblait pénible. Rappelons les faits, d'abord à la fin septembre 2013, Andy subit une importante opération au dos. À force de travailler comme un forcené, il retrouvera son niveau de champion Grand Chelem deux ans et demi plus tard en remportant 9 tournois en 2016, dont l'or aux Jeux olympiques de Rio de Janeiro, et un troisième Grand Chelem à Wimbledon.

Andy est tellement affamé de victoires qu'il fait fi des conseils de ses entraîneurs puisqu'il va au-delà du logique en s'entraînant à l'extrême. On ajoute à cela un jeu principalement axé sur le contre, ce qui fait en sorte qu'il en passe des heures sur le terrain! À un point tel qu'il se retrouve en 2017 à Wimbledon à livrer toute une bataille devant Sam Querry en quarts de finale. Ce que l'on remarque, c'est qu'il boite épouvantablement, une vraie folie de jouer au tennis avec la hanche droite en si piteux état. Il met fin à sa saison après ce match, se repose, se prépare, se rend à Melbourne en début janvier pour le premier Grand Chelem de l'année, mais plutôt que de jouer, il rencontre son chirurgien à Melbourne et se fait opérer à la hanche. Courageux comme pas un, il reprend la raquette fin juin 2018 sur herbe sans jouer cependant Wimbledon en raison de la longueur des matchs au meilleur des cinq sets.

Autre moment marquant que le défi est trop grand. À Washington juste avant les Internationaux des États-Unis l'an passé, Murray gagne ses trois premiers matchs à la rallonge, dont le dernier au bris d'égalité au troisième set face à Marius Copil. Un combat monumental qui se termine à 3 heures du matin. Malgré la victoire, Andy est stoïque. Il serre la main du Roumain, va s'asseoir, se cache le visage avec sa serviette et sanglote pendant plus de 10 minutes, seul comme un seul homme, seuls ses sanglots perçant la noirceur de la nuit. Indubitable réalité : la douleur ne le quitte jamais, c'est inhumain jouer au tennis dans ces conditions... Ce jour-là, il le sait que la fin est proche...

Malgré tout, il fait tout en son pouvoir pour tenter un autre retour. Il met fin à sa saison tôt et c'est reparti. D'ailleurs Jo-Wilfred Tsonga a vécu la même chose et nous confiait la méthode pour revenir : rééducation, proprioception, isocinétique, travail sur trampoline, jogging, montées en côte, retrouver le court pour y faire tout doucement des gammes dans l'axe, écouter son corps le lendemain, accepter la lenteur des progrès pourvu qu'il y en ait... Bien, en fin de compte, c'est ça le problème, il y a toujours cette maudite douleur. Andy a mal, Andy a toujours mal. Même en mettant ses bas et chaussures, il a mal... Andy n'a pas le choix : il doit mettre un terme à sa carrière, penser à l'avenir et surtout être très fier d'une carrière couronnée de 45 titres, dont 2 médailles d'or olympiques à Londres et Rio, en plus de 3 triomphes en Grand Chelem en simple. En 14 ans, soit depuis 2004, trois noms ont joué à la chaise musicale au sommet du classement : Federer, Nadal et Djokovic. À part cela, un seul homme a occupé cette place tant convoitée, et ce, pendant 41 semaines entre novembre 2016 et août 2017. Son nom : Andy Murray. Avouez que c'est tout un exploit! De plus, Andy est d'une grande sensibilité et a si bon coeur à l'extérieur de la compétition. Après avoir rangé les raquettes, je ne serais pas étonnée qu'il se donne corps et âme à de grandes causes...

Changeons de sujet et parlons de Bianca Andreescu. La jeune a traversé le tableau des qualifications avec une facilité désarmante! Pas mal pressée la petite! Elle ne perd que 7 parties en trois rencontres, une vraie tornade! Deux de ses adversaires se blessent en essayant de contrer sa puissance. La qualité des retours de Bianca m'impressionne grandement. Toutes les filles qui ne possèdent pas une excellente deuxième balle vont se faire tabasser! C'est vraiment beau enchaîner de la sorte après la folle semaine à Auckland avec des performances aussi dominantes. La différence de niveau entre celui de la Canadienne et des trois filles en qualifs, c'est vraiment le jour et la nuit. Dans le grand tableau, elle affrontera une invitée américaine de 16 ans, Whitney Osuigwe, et puis au deuxième tour, sans doute la 13e favorite, demi-finaliste au dernier US Open, Anastasija Sevastova. À suivre...

Malheureusement pour Félix Auger-Aliassime, il s'est coincé le genou gauche contre le géant de 7 pieds Chris Eubanks qui sert des bombes. Pas de chance en ce début d'année au tirage puisque notre Québécois s'est aussi farci un autre géant, à Pune, en Inde, en Ivo Karlovic, qui s'est rendu jusqu'en finale. L'année commence, il faut qu'il soit patient. Deux Canadiens sont dans le grand tableau : Milos Raonic ne l'aura pas facile face au fantasque Nick Kyrgios. Devant les siens, l'Australien peut être dangereux bien que sa préparation fut écourtée alors qu'il se fait piquer par une araignée au pied qui enfle et qui enfle. Si Milos s'en sauve, l'adversaire du deuxième tour pourrait être Stan Wawrinka, complètement remis de sa double opération au genou gauche. Sacré tableau! Denis Shapovalov devrait remporter ses deux premiers matchs face à Pablo Andujar et Taro Daniel avant de défier un certain Novak Djokovic tout en haut du tableau...

Un dernier tour de piste pour Murray en 2019?

Grosso modo, ce qui m'intéressait surtout au tirage au sort, c'était de voir dans quelle moitié Roger Federer allait se retrouver. Le Suisse, qui entame sa 22e saison sur le circuit, est en bas et pourrait jouer contre Rafael Nadal en demie. C'est la meilleure chose qui pouvait lui arriver. Nadal n'est pas à 100 %, tandis que Roger est d'une légèreté incroyable présentement. Cela serait chouette qu'il remporte un troisième titre de suite à Melbourne (septième au total) et surtout qu'il gagne tout de suite, en début d'année, son 100e titre en carrière. Whoaaa, 100 titres, ce serait fantasmagorique! Pour sa part, Alexander Zverev s'est tordu la cheville gauche à l'entraînement hier, j'espère que ce n'est rien de trop grave. Ce serait bien qu'il défie Novak tout comme Daniil Medvedev qui impressionne depuis plusieurs mois. Les deux jeunes sont dans le haut du tableau tout comme Dominic Thiem. Nole est favori pour l'emporter et est en quête d'un troisième Grand Chelem de suite et d'un septième à Melbourne. Qui saura se lever et défier le Serbe???

Serena Williams pourra-t-elle finalement rejoindre Margaret Court en remportant un 24e Grand Chelem? Bizarrement, SW n'a pas gagné de titre l'an passé, perdant même en finale à Wimbledon et au US Open. L'Américaine passe complètement à côté de sa finale au All England devant Angie Kerber et à New York, c'est Naomi Osaka qui lui ravit le titre dans le drame et la douleur. Serena n'a pas joué à Melbourne l'an passé, mais a triomphé pour une septième fois « down under » en 2017. Reste à voir quelle sera la qualité du jeu de jambes de Serena en ce début d'année. Pour que sa puissance lui permette de se démarquer, il faut évidemment qu'elle se rende tôt à la balle. Eugenie Bouchard pourrait peut-être la défier au deuxième tour si la Québécoise dispose d'abord de Shuai Peng qu'elle a battu deux fois en deux matchs. Sinon, Venus pourrait affronter Serena dès le troisième tour.

Tout en haut se trouve Simona Halep, celle qui a trôné au sommet du classement toute l'année hormis quatre semaines après la conquête de Caroline Wozniacki l'an passé à Melbourne. Deux déceptions cependant pour la Roumaine en fin d'année : une grosse hernie discale qui l'empêche de bien se préparer et son coach Darren Cahill qui met fin à leur association. Il y a deux noms dans le haut du tableau qui retiennent l'attention : Elina Svitolina et Karolina Pliskova. Nous avons eu droit à huit championnes différentes lors des huit derniers GC. Pourquoi pas suivre la même tendance?

Dans le bas, quelques grosses cogneuses tenteront de faire la loi : Petra Kvitova, Jelena Ostapenko, Sloane Stephens et Maria Sharapova, qui a cependant toutes les misères du monde à se rapprocher du top-20. Angelique Kerber est deuxième favorite et compétitionne toujours si bien. À surveiller, la super puissante Aryna Sabalenka, 20 ans seulement, mais qui est déjà 11e au monde. Une dangereuse!

Au-delà de tout, j'espère que les organisateurs prendront soin des joueurs un peu mieux cette année. Je vous rappelle que l'an passé, on a joué sur le Rod Laver alors qu'il faisait 69 degrés Celcius au soleil et 40 degrés Celcius à l'ombre. Vous avez trois toits, il faut les fermer pour PROTÉGER les joueurs... Bon « Happy Slam » tout le monde!