On s'y attendait que nos Canadiens soient en mesure de briller en ce début d'année à Melbourne. D'un côté notre valeureux vétéran et leader des troupes Milos Raonic s'extirpe de ses deux premiers tours piège face au fantasque Nick Kyrgios, boîte à surprise suprême et de l'autre, un dur de dur, un triple champion Grand Chelem en la personne de Stan The Man Wawrinka. Quatre heures et une minute de très durs labeurs, d'adrénaline et d'abnégation de soi il aura eu besoin pour arracher la victoire des griffes du Suisse. Dans quel état est Milos? Les jambes vont-elles tenir le coup? Compte tenu de son triste bilan médical au cours des dernières années, peut-il aller au bout de son talent ou si son corps va encore décider pour lui? Cela serait dommage puisque Pierre-Hugues Herbert est très certainement à sa portée.

Comme de fait Milos met un peu de temps à s'ajuster en retours, mais sert encore aujourd'hui comme un superhéros donc peut être patient. Alors que nous sommes à 4-4 au premier set cependant, Raonic redouble d'ardeur et réussit des retours de très grande qualité. Un peu moins expérimenté en simple et sans doute un peu nerveux Pierre-Hugues commet une double faute pour donner le bris au Canadien qui servira ensuite facilement pour la manche.

Avec toute l'énergie dépensée lors de ses deux premiers matchs, je me dis que Milos ne doit pas laisser traîner les choses aujourd'hui face à un joueur qui ne possède pas le quart de son expérience. D'ailleurs dès le milieu de la deuxième manche, notre Canadien porte un dur coup au français avec une autre série de retours et de montées au filet grandioses pour arracher le bris et à nouveau le set 6-4.

Plus rapidement encore à la troisième partie de la troisième manche, Milos prend une grande option sur le match en se donnant une avance de deux sets à zéro et 2-1 avec le bris. Ce que je remarque cependant c'est que le Canadien commence à avoir les jambes raides. Sur ses montées au filet il n'arrive plus à frapper sa première volée devant la ligne de service ce qui le rend beaucoup plus vulnérable. Il est aussi moins efficace en deuxième balle de service ce qui offre plus de possibilités en retours pour Herbert. Comme de fait le Français lui ravit son service, recolle à 2-2 et repart le débat.

Milos l'amènera jusqu'au bris d'égalité pour finalement trancher 8-6 en deux heures et une minute. Bonne nouvelle car il aura besoin de toute son énergie au prochain tour en ronde des 16 face à Alexander Zverev. Les deux se sont affrontés deux fois en 2017. Milos l'a battu en cinq sets à Wimbledon tandis que Zverev a eu le meilleur à Rome sur terre battue en deux sets. 

Pour Denis Shapovalov, ce premier Grand Chelem de l'année prouve bien des choses. D'abord cela crève les yeux qu'en deux ans seulement, Denis fait bel et bien partie des 30 meilleurs au monde. En contrôle, en énergie, bien concentré, c'est donc à chaque fois en trois sets qu'il remporte ses deux premiers matchs. Cela veut dire qu'il se sent à sa place au troisième tour à Melbourne. C'est pourtant la première fois qu'il se donne la chance de faire sa place en deuxième semaine "Down Under". Le petit apprend vite et il ne veut pas juste admirer le décor du Rod Laver Arena. Face au numéro un mondial, Novak Djokovic, 6 fois champion de l'épreuve, il désire surtout utiliser certaines clés pour déstabiliser le Serbe. Sacré mandat, mais il y croit.

D'entrée de jeu, il est clair que Denis est nerveux et connaît malheureusement deux mauvaises parties au service pour tirer de l'arrière 4-1. Il se rapproche, mais Novak est intraitable et régulier comme toujours pour gagner la manche 6-3. Avec seulement 48% de premières balles en jeu, on s'entend que cela est loin d'être suffisant pour notre Canadien. À peu près le même scénario à la manche suivante remportée 6-4 par le serbe qui est constant et discipliné tandis que le kid manque de constance dans l'échange. 

Alors que l'on pense que le match est plié quand Djokovic mène deux sets à zéro et 4-1 à la troisième manche, le serbe se laisse déconcentré par le soleil, et se met à faire des fautes à toutes les sauces pour finalement perdre le set 6-4. Soudainement notre Canadien est régulier en fond de terrain, arrive plus facilement à trouver l'ouverture avec son coup droit d'attaque et sert mieux. Comme revirement franchement on ne peut pas demander mieux!

Malheureusement la réalité frappe au quatrième set lorsque Novak retrouve son calme et la qualité de ses coups. Il redevient tranchant et mordant en remportant la manche 6-0. Je suis contente quand même pour Shapo qu’il lui arrache une manche, qu'il revienne d'une situation perdue pour relancer le débat. On dit toujours que lorsqu'on joue contre les meilleurs on réalise ce qu'il reste à travailler. Il faut que Denis solidifie sa première balle de service et qu'il soit plus constant aussi en deuxième balle. Important également contre les cadors d'accepter l'échange lorsque la situation l'exige et ne pas trop rapidement y aller du gros coup risqué. Il faut continuer de travailler le jeu de jambes pour être plus stable et pas trop souvent en glissade en faisant du gauche/droite. Sans oublier qu'il lui faudra prendre de l'expérience. Tout cela, j'en suis certaine, viendra avec le temps...