PARIS - Pour la troisième année consécutive, Rafael Nadal et Roger Federer se disputeront dimanche, sur le central de Roland-Garros, la suprématie sur la terre battue.

Le numéro un mondial a mis fin au rêve un peu fou caressé par Gaël Monfils, trop irrégulier pour résister au Suisse, vainqueur en quatre sets de 6-2, 5-7, 6-3 et 7-5.

Nadal a pour sa part démoli le vainqueur des Internationaux d'Australie, Novak Djokovic, 6-4, 6-2, 7-6, et sera le grand favori pour un quatrième titre consécutif à Paris.

Usé par Federer en un peu plus de trois heures, Gaël Monfils, qui n'avait remporté que quatre matches avant le début du tournoi, a néanmoins réussi une quinzaine de rêve, et rejoint Richard Gasquet et Jo-Wilfried Tsonga dans un trio de joueurs français promis à un riche avenir.

Contre Federer, le Parisien, 59e mondial, a plié avec les honneurs, prenant un set au meilleur joueur du monde dans un match décousu, où les points sublimes sont rarement venus égayer un festival de bévues.

"Il a été magnifique tout au long de la quinzaine. C'est un gros talent, je l'ai toujours dit, depuis ma première finale contre lui à Doha. Enfin, il a pu monter sur un 'big stage', surtout ici. C'est magnifique, pour lui comme pour moi", a déclaré le Bâlois après 3h05 d'un match indécis.

L'homme aux 12 grands chelems a estimé que "la clef du match avait été le premier jeu de Monfils".

En effet, le Français a pris un départ catastrophique, qui a placé son adversaire sur orbite. Mais "La Monf" n'a pas abdiqué et est parvenu à annuler un bris dans la deuxième manche avant de déstabiliser Federer sur un court lent, battu par un vent froid, et par s'accorder le sursis d'un set.

Dans les deux manches ultimes, la tension était vive, mais Federer a toujours eu un léger ascendant, qui lui a permis de s'en sortir, sans briller mais sans ciller, à sa troisième balle de match.

"C'était très serré sur la fin. Je suis vraiment soulagé de remporter ce match", a avoué le Suisse, qui s'apprête désormais à défier une nouvelle fois le maître des lieux, Rafael Nadal, invaincu sur le court central en 27 rencontres.

"Nous avons fait deux matches fantastiques cette saison à Monte-Carlo et à Hambourg, malheureusement pour moi, il a un niveau fantastique sur ce tournoi. Mais j'espère pouvoir enfin gagner ici", a-t-il dit.

Nadal a avoué avoir tutoyé la perfection dans un remake assez désespérant de sa dernière demi-finale contre Djokovic, l'année dernière.

"Pendant les deux premiers sets, c'était presque le match parfait. Peut-être mon meilleur match à Roland-Garros. C'est fabuleux de jouer comme ça, surtout contre un joueur comme Novak", a déclaré le Majorquin, vainqueur en 2h49 de jeu.

Et il est vrai que, pendant deux manches, l'Espagnol s'est installé comme le taulier d'un court central qui est un peu devenu sa résidence secondaire.

"C'est un court spécial pour moi, chargé de souvenirs inoubliables. C'est toujours un sentiment incroyable de pénétrer sur ce court", a-t-il dit.

Dans le troisième set, en revanche, Djokovic a retrouvé un peu de mordant pour compter une balle de set, aussitôt annulée par le triple tenant du titre, qui a ensuite déroulé dans un bris d'égalité à sens unique.

Le Serbe, pourtant auréolé de sa première victoire en grand chelem à Melbourne à janvier, a dû se contenter d'un constat d'impuissance.

"Il se sent vraiment bien sur ce court, il n'y a jamais perdu. Il joue tous les points comme si c'était une balle de match. Dans les moments décisifs, il est très fort mentalement. Ce n'est pas pour rien qu'il est le triple tenant du titre", a résumé Djokovic.

"Le court central favorise son jeu. Parfois, c'est vraiment frustrant", a-t-il conclu.

Si l'on en juge par les deux matches livrés vendredi sur le central, cette frustration risque de gagner Roger Federer. Pour la troisième fois.