Je ne me souviens plus où j'avais lu ceci concernant les prés-requis pour exceller au tennis mais voici les grandes lignes que j'avais notées : le tennis requiert des qualités de contrôle, de vitesse, de coordination, d'endurance en plus d'un mélange de précaution et d'abandon appelé courage. Il faut aussi cerner les forces et les faiblesses de l'adversaire, les conditions et utiliser son intelligence du jeu pour choisir le bon coup au bon moment. 

Pouvons-nous mettre quelque chose au clair en partant? Roger Federer a présenté un tel niveau d'excellence aujourd'hui qu'il était dans une classe à part. Cette domination, Milos la ressent dès le début du match comme si le Suisse réussit à placer notre Canadien dans un étau. Raonic n'arrive pas à se libérer à temps puisque dès la troisième partie du match, Federer lui ravit son service. Rapide comme l'éclair, il l'étourdit avec une prise de balle précoce, des choix de jeu d'attaque sublimes et une exécution parfaite. L'affront fait encore plus mal au deuxième set puisque dès la première partie, Roger le brise en sulfatant Milos de ses plus beaux retours, passings et volées. Ce n'est pas une raquette que Federer a dans les mains mais bien une mitraillette!!!

À un point tel que j'ose le comparer aux grands de ce monde, de Leonardo da Vinci à Michelangelo, deux innovateurs qui marquent la période de la Renaissance en faisant ce qui n'a jamais été fait avant, en amenant l'art ailleurs en proclamant et affirmant l'artiste en tant que créateur. Dans 27 jours, Roger Federer aura 36 ans. Avez-vous déjà vu une telle « renaissance » à cet âge? Titré en Grand Chelem en Australie, à Indian Wells, Miami et Halle, ne lui manque cette année que Wimbledon et le US Open pour qu'on parle dorénavant du tennis comme une forme d'art à part et non comme un sport jadis réservé à la haute société.

Milos a bien essayé au troisième set de reprendre le contrôle du jeu alors qu'il se donne 5 balles de bris dont 4 dans la même partie à 4-3, mais chaque fois Federer le surprend avec des services de qualité et des prouesses sidérantes en attaque. Même jusqu'au bris d'égalité, Milos mène 3-0, ce qui normalement peut l'amener jusqu'au gain de la manche, mais non, pas face à ce demi-dieu qui enchaîne avec 5 points de suite et le triomphe quelques instants plus tard en 1 h 58.

Il fallait voir Federer, les étoiles dans les yeux, saluer d'un geste digne de la main les spectateurs de ce central, tous, on se l'imagine facilement, béats d'admiration. Il faut l'avouer ce génie de la petite balle jaune sait amener l'adversaire nez à nez avec ses complexes tout en exposant ses limites. Parions qu'il fera de même avec Tomas Berdych en demie. Petite note intéressante cependant : la seule année où le grand Tchèque se rend en finale à Wimbledon en 2010, il le fait en indiquant la porte de sortie à nul autre que le Suisse. Tiens, tiens, rien n'est acquis d'avance, ça Roger le sait mieux que nous...