Revenue dans la Belle Province après de longues semaines à cravacher sur le circuit, notre globe-trotteur de Westmount peut être fière de ses dernières performances. 147e au monde en début d‘année, Eugénie Bouchard est assurée de se retrouver dès lundi parmi les 100 meilleures au monde. Il s‘agit d‘une étape qui revêt, selon moi, une grande importance. Quand à côté de ton nom, il y a 2 chiffres au lieu de 3, il faut prendre un petit peu de temps pour s‘arrêter et célébrer. Que de travail accompli pour s‘y rendre! Et pas seulement de la part de Genie mais aussi de ses parents, entraineurs, Tennis Canada sans oublier les commanditaires qui l‘ont épaulé jusqu‘à présent. En espérant qu‘il y en aura d‘autres qui croiront aussi en elle et qui l‘aideront à aller plus haut. Je crois sincèrement que la jeune est une personne sur qui ils peuvent miser. Pourquoi? Parce qu‘elle y croit, qu‘elle a les yeux droit devant et qu‘elle est prête à faire ce qu‘il faut pour avancer. Contrairement à bien d‘autres, elle ne souffre d‘aucun complexe d‘infériorité sans toutefois surévaluer ses capacités en ce jour. Je lui ai parlé aujourd‘hui alors qu‘elle se trouvait au Club de Tennis de l‘Ile des Soeurs. Je vous fait donc part d‘une partie de notre conversation.



HP: Bravo Eugenie, c‘est formidable tes derniers résultats. À cause de la Coupe Davis qui a pris tout mon temps en raison des longues rencontres de simple, je suis en train maintenant (samedi matin) de regarder sur internet ton match d‘hier en quarts de finale à Charleston devant Jelena Jankovic…(perdu 6–2, 6–1)

Elle m‘interrompt.

EB: non, non, ne regarde pas ce match là, j‘étais fatiguée mentalement et physiquement et je n‘ai pas bien joué.

HP: un peu normal quand même puisque tu en étais à un 6e match à Charleston. Et ce genou gauche, il t‘embête beaucoup?

EB: un peu mais je crois que c‘est une fatigue accumulée. J‘ai beaucoup voyagé depuis le début de l‘année. Australie, Colombie, Mexique, Californie, Miami et Caroline du Sud. Il est temps de m‘arrêter un peu avant de reprendre pour la Coupe Fédération en Ukraine les 20 et 21 avril.

HP: tout au cours de la semaine, j‘ai trouvé que ton revers était vraiment une valeur sur laquelle tu pouvais t‘appuyer.

EB: ah merci, oui je suis consciente que j‘ai le niveau pour batailler avec ces filles là. Ce qu‘il faut maintenant c‘est d‘être en mesure de le faire sur une base régulière. Atteindre la constance finalement semaine après semaine.

HP: En revanche, je trouve que tu as tendance à précipiter ton geste en coup droit.

EB: je sais, je sais…

(petite pause…)

HP: Nick Saviano était à tes côtés au tournoi de Miami, va-t-il aussi voyager avec toi sur le circuit?

EB: De 12 à 15 ans, Nick était mon entraineur en Floride. Je prévois travailler avec lui beaucoup plus en me rendant à son académie. Il ne peut cependant pas voyager en raison de ses responsabilités. Dès les tournois en Europe, je retrouverai Nathalie Tauziat comme par le passé.

HP: merci Eugenie, bonne continuité.

EB: merci beaucoup.

Après avoir pris quelques moments de réflexion sur la conversation que je venais d‘avoir avec Eugénie, j‘ai réalisé qu‘elle garde les deux pieds sur terre, qu‘elle est consciente qui lui reste des éléments à travailler. Pour elle, être top 100, ce n‘est qu‘une étape parmi tant d‘autres et que ce n‘était qu‘une question de temps avant de s‘y retrouver. Contente d‘avoir battu une championne de Grand Chelem en Sam Stosur mais en même temps bien consciente que l‘Australienne était blessée au mollet gauche et qu‘elle ne bougeait pas bien. Cela ne l‘empêche cependant pas d‘être fière de lui avoir tenu tête en début de rencontre là ou ça comptait vraiment et ce malgré la perte de son service d‘entrée. Je l‘ai trouvé calme et intelligente sur le terrain dans cette rencontre. Elle a profité de l‘opportunité qui s‘offrait à elle sans se laisser submerger par les émotions du genre:“Oh my God je suis en train de battre une top 10!!!!” Dès le début du 2e set, Stosur a réalisé que la jeune n‘allait pas craquer et que sur une patte, elle n‘allait pas gagner donc elle a abandonné. Il fallait que Bouchard prenne sa place et c‘est ce que j‘aime d‘elle.

Prochaine étape? Top 50.

Je vous le dit, le tennis est en effervescence et je m‘en réjouis…

hp