PARIS - Ana Ivanovic a rejoint samedi Kim Clijsters, Mary Pierce et Svetlana Kuznetsova au cimetière des finalistes dominées par Justine Henin aux Internationaux de France de tennis.

C'est vêtue de rose, comme la façon dont elle voit la vie désormais, que la Belge numéro un mondiale a dominé sèchement 6-1, 6-2 la jeune Serbe de 19 ans, pour remporter Roland-Garros pour la quatrième fois de sa carrière.

"Cette victoire est particulière, car cette année j'ai dû me retrouver seule avec moi-même pour avancer. Donc elle représente beaucoup pour moi", a déclaré Henin.

Séparée depuis cinq mois de son mari Pierre-Yves Hardenne qu'elle avait épousé en 2002, la Belge de 25 ans a été contrainte de reconstruire son univers, sa vie, en retrouvant sa famille et notamment son père, resté longtemps distant.

Elle a surtout puisé sa force nouvelle en se rapprochant encore davantage de son entraîneur Carlos Rodriguez qui la conseille depuis 11 ans. Omniprésent, Rodriguez a innové cette année en lui donnant des enveloppes à ouvrir durant les matches, pour autant de conseils et d'encouragements.

Le dernier mot du billet de la dernière enveloppe ouverte lors de la finale face à Ivanovic, était un définitif "Allez".

"Carlos a joué un grand rôle dans ma carrière. Nous sommes ensemble depuis 11 ans, peut de gens peuvent dire ça, il faut être fort et beaucoup s'aimer. Il est extraordinaire, sa famille me soutient et accepte de vivre cette situation. Notre relation va au-delà de la simple relation professionnelle, il me respecte en tant que personne."

Le duo a fonctionné à merveille lors de cette quinzaine où la numéro 1 mondiale a eu à faire face à un tableau "difficile" selon ses dires. Elle craignait notamment sa confrontation avec Serena Williams, victorieuse en janvier des Internationaux d'Australie alors qu'elle était elle-même en plein divorce. La Belge a pourtant une nouvelle fois remporté ses sept matches en deux sets, comme l'an dernier, pour devenir la première joueuse depuis Monica Seles en 1992 à s'adjuger trois fois d'affilée Roland-Garros.

Elle a bouclé la finale d'une volée de coup droit à la première de ses trois balles de match, ultime gifle à Ivanovic, pour la première fois parvenue en finale d'un tournoi du Grand Chelem, et qui n'a pu tenir que deux de ses services.

"La vie est faite de hauts et de bas et j'ai été surprise par ma capacité à gérer la situation", a souligné la joueuse, qui avait dédié en 2003 sa première victoire sur le court central de la Porte d'Auteuil à sa maman décédée quand elle avait 12 ans.

"Carlos est très fier que je puisse offrir la victoire à ma famille. Il y a trois mois j'ai reparlé à mon père. Mes frères et ma soeur étaient là aujourd'hui, mon père était devant sa télévision, on s'est parlé tous les jours au téléphone", a déclaré comme soulagée Henin.

"J'ai exprimé ce que je ressentais, et j'ai très bien fait, a-t-elle dit. Je ressens de la joie, car je prends seule mes décisions et je n'ai que 25 ans."

Son tennis n'a pas pâti du remodelage de sa vie privée. A preuve, ses trois titres gagnés depuis janvier à Dubaï, Doha et Varsovie.

En finale face à Ivanovic, elle a même innové à bon escient.

"Mon service était bon et j'avais décidé de me mettre très loin derrière la ligne de fond sur les retours de services. C'était important, ça a changé ses repères", a-t-elle expliqué.

Henin accepte le terme de nouvelle "reine de la terre battue" que la presse est prête à lui décerner.

Déjà victorieuse en Grand Chelem aux Internationaux des Etats-Unis et et d'Autralie, il ne lui reste plus qu'à dompter le gazon de Wimbledon.

"Je vis beaucoup plus l'instant présent. Je transforme le stress en moteur. A une époque j'étais bloquée par mon stress, a-t-elle expliqué. Dans la vie, il faut faire avancer les choses et on en ressort plus fort."