MONTRÉAL - La magnifique aventure du Canadien Denis Shapovalov au tournoi de la Coupe Rogers a pris fin samedi soir.

Face à un autre superbe espoir du tennis masculin, Shapovalov s'est incliné devant l'Allemand Alexander Zverev, qui a signé une victoire en deux manches de 6-4, 7-5 dans la deuxième demi-finale de la journée, au Stade Uniprix.

Zverev l'a emporté en 1 h 42, aux termes d'un 12e jeu captivant lors duquel l'Allemand a d'abord laissé filer deux balles de match avant de devoir sauver trois balles de bris.

Le match s'est terminé sur un coup hors limites du Canadien, qui a commis 43 erreurs directes contre seulement 12 coups gagnants.

Après sa défaite, dans un geste démontrant que le jeune homme a de la classe, Shapovalov s'est emparé du micro et s'est adressé aux spectateurs, en français, pour les remercier de leur soutien.

Dimanche, à 16 h, Zverev croisera le fer avec le Suisse Roger Federer et tentera de remporter un cinquième titre en 2017, et un deuxième d'affilée après son triomphe à Washington dimanche dernier. Ce sera le quatrième affrontement entre Zverev et Federer et ce dernier domine 2-1. Il s'agira de leur premier duel sur surface dure.

Solides au service

Les deux jeunes loups ont commencé avec aplomb, protégeant jalousement leur service pendant sept des huit premiers jeux de la manche initiale. La seule exception est venue au quatrième jeu alors que Shapovalov a laissé filer six balles de jeu avant de créer l'égalité 2-2.

Le Canadien a été le premier à flancher, au neuvième jeu. L'Allemand s'est donné la première balle de bris de l'affrontement grâce à un superbe revers en croisé qui est tombé près de la ligne. Shapovalov a ensuite commis sa première double faute du match, permettant à Zverev de prendre l'avantage, 5-4.

À son service, Zverev n'a ensuite accordé qu'un seul point et mis fin à la manche, en 45 minutes, grâce à un coup droit qui est tombé sur la ligne et qui a fait l'objet d'une contestation vidéo de la part de Shapovalov, sans succès.

Du coup, c'était la quatrième fois en cinq matchs depuis le début du tournoi que le Canadien laissait filer la première manche. En soi, Shapovalov n'avait sans doute aucune raison de s'énerver, lui qui avait renversé Rafael Nadal dans des circonstances semblables, 48 heures plus tôt.

Mais Shapovalov a fort mal amorcé le deuxième set en donnant deux balles de bris à son rival. Et comme lors du neuvième jeu du set précédent, l'Allemand n'a même pas eu besoin de s'élancer pour prendre l'avance, la deuxième double faute de Shapovalov dans le match faisant le travail pour lui.

Mais alors qu'il semblait en plein contrôle, Zverev a perdu sa belle assurance dès le jeu suivant. Trois erreurs directes, dont la dernière avec un score de 30-40, ont permis de redonner vie à Shapovalov et, en même temps, au public.

Ce dernier a ensuite raté une chance en or de se placer en position pour gagner le deuxième set. Soudainement erratique, Zverev a commis deux doubles fautes d'affilée et une erreur directe, procurant au Canadien trois chances de bris au huitième jeu. L'Allemand les a toutes sauvées avant d'effectuer deux services que Shapovalov n'a pu retourner, ce qui ramenait le score à 4-4.

Shapovalov a ensuite commis deux doubles fautes au 11e jeu, et Zverev a inscrit l'important bris de service qu'il a réussi à consolider, mais de peine et misère.

Roger Federer attend Zverev

Roger Federer aura l'occasion, de bonifier un palmarès déjà très riche en exploits de tous genres. Dans un premier temps, il pourra ajouter la ville de Montréal à son tableau de chasse. Il visera aussi un sixième titre en 2017, à son huitième tournoi, un an après avoir craint pour sa carrière. Enfin, il sera à la recherche d'un 94e triomphe à vie, ce qui lui permettrait de rejoindre le Tchèque Ivan Lendl au deuxième rang dans l'histoire du tennis masculin.

Federer peut rêver à tous ces scénarios grâce à une victoire de 6-3, 7-6 (5) contre le Néerlandais Robin Haase lors de l'autre demi-finale.

À la suite de ce match, qui s'est joué sous un beau ciel bleu, Federer a été appelé à parler davantage de sa carrière et de la dernière année que de son duel contre Haase.

« J'ai atteint des niveaux que je n'ai jamais pensé que j'allais atteindre. Lendl, c'était une des grandes légendes dans le tennis. Il a des records incroyables, surtout en constance. D'être aussi près de l'égaliser, c'est forcément très "cool".»

En revenant sur ses premières années comme tennisman, Federer a noté que ses ambitions avaient toujours été relativement modestes.

« Tout est très fragile. Tu ne sais jamais si tu vas être dans le top-100, puis dans le top-10. On commence de très loin avec beaucoup d'incertitude. Ce n'est pas à ce moment que tu te dis que tu vas récolter ton 94e titre. Si tu dis ça à quelqu'un, surtout en Suisse, les gens vont dire, "le mec, il est un peu perdu". »

Federer est bien placé pour parler de fragilité lui qui, il y a un an, ne savait plus ce qui l'attendait sur le plan sportif. Mais son triomphe aux Internationaux d'Australie, contre Rafael Nadal, l'a rassuré.

« Au niveau de la planification, ç'a enlevé la pression de devoir chasser un meilleur classement parmi les têtes de série, comme pour Wimbledon. L'idée, au départ, c'était d'être dans le top-8 pour la lancée de la phase finale de la saison. J'ai commencé au 17e rang en Australie, et si je perds tôt, je retombe en dehors du top-30. De battre 'Rafa' en finale, ça m'a juste donné beaucoup de sécurité en sachant que tout ce que j'ai fait pendant l'entre-saison avait fonctionné. »

Impeccable au service

Après des creux de vague à son service plus tôt en semaine, Federer a connu sa meilleure sortie de la semaine à ce chapitre samedi. Il n'a échappé que neuf points, dont quatre lors du troisième jeu de la première manche, qu'il a perdu à la suite d'une erreur provoquée.

Après un lent départ, Haase a été plus coriace en deuxième manche, lors de laquelle il a inscrit huit de ses neuf as, incluant deux de suite pour boucler le 11e jeu en sa faveur.

Federer en finale à Montréal

Au bris d'égalité, qui a procuré quelques-uns des meilleurs moments du match, Federer s'est bâti des avances de 3-0 et 4-1 avant de résister à la tentative de remontée de son rival.

Le duel s'est conclu après 1 h 14 d'action, lorsque Haase a expédié un coup droit loin au-delà de la ligne de fond.

«Je n'ai pas lâché avant la fin, a analysé Haase. J'ai créé des chances au bris d'égalité. C'était serré. Roger a fait une erreur et malheureusement, j'en ai aussi fait deux ou trois. Si j'avais fait un ou deux points de plus, les choses auraient pu devenir plus intéressantes. »

Federer en sera à sa deuxième participation à une finale de la Coupe Rogers à Montréal. En 2007, il s'était incliné face au Serbe Novak Djokovic.

La finale du double est connue

Plus tôt en journée, Rohan Bopanna, de l'Inde, et Ivan Dodig, de la Croatie, ont atteint la finale du double grâce à une victoire de 4-6, 7-6 (8), 11-9 contre le Sud-Africain Raven Klaasen et l'Américain Rajeev Ram.

Au bris d'égalité de la deuxième manche, Bopanna et Dodig, septièmes têtes de série, ont dû sauver deux balles de match face au duo classé sixième, après avoir bénéficié de quatre balles de set.

En finale, dimanche, ils affronteront le tandem composé des Français Pierre-Hugues Herbert et Nicolas Mahut, cinquièmes têtes de série, qui ont défait, en début de soirée, l'Autrichien Oliver Marach et le Croate Mate Pavic, classés huitièmes, 7-5, 6-3.

L'affrontement a dû être transféré sur le court Banque nationale à la suite d'une interruption du jeu pendant environ une heure à cause de la pluie, afin de ne pas retarder le début de la demi-finale entre Shapovalov et Zverev sur le court central.

Le match ultime du double est prévu pour 13 h, sur le court central, suivi de la finale du simple à compter de 16 h.