Ça y est, nous y sommes à ce dernier Grand Chelem de l'année. Le US Open est un moment particulier puisqu'il représente le point culminant de la fin de l'été.

 

Après un début de calendrier qui arrive bien trop tôt au mois de janvier à l'autre bout du monde en Australie, l'orgie de rencontres sur terre battue au printemps qui mène jusqu'à la Porte d'Auteuil sans oublier un court passage sur herbe pour goûter à un environnement qui nous ramène dans un autre siècle, nous voilà ti pas dans le fourneau du Big Apple! Avant chaque Grand Chelem, je me tourne tout naturellement vers mes souvenirs personnels en me posant chaque fois cette question : Comment je me sentais à l'approche de cette épreuve? Excitée par le défi? Anxieuse à l'idée de possiblement ne pas être à la hauteur? Stressée par la pile de billets verts que cela exigeait de la part de mes parents pour que je puisse juste participer à la fête? Contente d'avoir l'unique opportunité de faire le tour de la planète pour découvrir d'autres cultures? Pour être honnête, la réponse à cette question c'est : toutes ces réponses!

 

Pour moi, l'Australie est le pays des plages magnifiques et des gens sympathiques qui aiment partager leur joie de vivre, leur amour du tennis et leurs succès personnels sans retenues. Roland Garros, joué dans le 16e arrondissement de Paris, représentait à mon époque un mélange d'émotions. Qui ne rêve pas de découvrir Paris au printemps? De voir d'un peu plus près comment mes ancêtres vivent au quotidien? Pour y jouer cependant, comme c'était compliqué parce que le comité organisateur était constamment en panique, occupé à éteindre des feux. Heureusement, cela s'est amélioré au fil des années. Le summum c'était Wimbledon, sans doute parce que l'organisation respecte au plus haut point l'histoire du jeu et du même coup tout le monde s'arrache pour en faire un évènement mémorable en respectant les directives des gens aux commandes. En Angleterre, on respecte les règlements, la tradition et l'ordre des choses. Ce sont d'ailleurs les Anglais qui ont inventé la queue leu-leu (single file) un derrière l'autre de manière ordonnée et efficace. L'inverse finalement de ce que nous vivons tous les matins en prenant le pont Jacques-Cartier de la rive sud pour nous rendre au centre-ville...

 

Flushing Meadows maintenant. Cela représentait pour moi l'endroit le plus laid au monde, un monstre de béton sans âme situé à l'autre bout du centre-ville à côté de l'aéroport LaGuardia. Il n'y avait jamais de répit en raison des avions qui volaient si bas qu'on avait l'impression que nous allions tous devenir sourds. Le transport de l'hôtel au site se faisait toujours difficilement en raison de la lourdeur du trafic sans parler des stands à hot-dogs aux abords des terrains qui ajoutaient une odeur similaire à ce que l'on retrouve lorsque le cirque est en ville. Je me suis toujours demandé comment la fédération américaine avait pu accepter de passer du prestigieux et magnifique West Side Tennis Club de Forest Hills à ce dragon de brique grise. Enfin, the show must go on, alors que le show grandissait sans cesse, cela prenait beaucoup d'espace, ce que ce site avait l'avantage d'offrir. Dieu merci, le Billie Jean King Tennis Center s'est fait une beauté depuis 1978 alors que chaque année de nouveaux restaurants, boutiques et aménagements ajoutent un peu de classe à l'évènement. Grâce aux dirigeants de la ville aussi on redirige le traffic aérien. Heureusement aussi que la ville de New York offre une myriade d'activités pour les joueurs et accompagnateurs. Encore là, NY demeure quant à moi la ville de l'excès alors que se côtoient richissimes hommes d'affaires, mendiants et gangs de rue.  

 

Qu'on aime ou pas le site, qu'on soit prêt ou pas tout à fait, c'est de cet endroit que les meilleurs au monde réussiront à nous épater lors des deux prochaines semaines, ça c'est certain! Vous vous souvenez l'an passé le drame en finale chez les dames alors que l'arbitre Carlos Ramos avait sévi envers Serena Williams, la pénalisant d'une partie. Naomi Osaka était restée de glace en présentant une performance hors de l'ordinaire pour aller chercher le titre dans la controverse, il faut bien le dire. C'est bien la première fois que je voyais une championne Grand Chelem si triste. La question sur toutes les lèvres : est-ce que Serena pourra enfin égaler le record de 24 titres en simple de Margaret Court en tournois majeurs? En espérant que le dos tienne le coup car de grandes améliorations côté jeu de jambes étaient visibles à Toronto. D'entrée, choc entre SW et Maria Sharapova. En passant, l'organisation a fait savoir que M. Ramos n'allait PAS arbitrer de match impliquant ni Serena ni Venus. Bonne idée…

 

La championne en titre Osaka a depuis l'an passé rajouté un Grand Chelem à sa fiche en Australie et se présente dans ce tournoi dans la peau de la numéro 1 au classement. À son dernier tournoi à Cincinnati, Naomi doit déclarer forfait face à Sofia Kenin en raison d'un problème au genou. Année quand même difficile pour la Japonaise qui a beaucoup souffert hors terrain, embarquée dans quelques problèmes juridiques. Des problèmes de riches que vous allez me dire, mais des problèmes quand même...

 

Notre belle Bibi maintenant, Bianca Andreescu, championne à Indian Wells, Toronto et Newport Beach et présentement 15e mondiale. Notre Canadienne affrontera une jeune invitée qu'elle a battue en Californie cette année, Katie Volynets, 407e au monde. Il y a aussi une possibilité d'une revanche pour Caroline Wozniacki au 3e tour alors que Bianca l'avait battue à Auckland en début d'année. Bien reposée après Toronto alors qu'elle traînait une blessure à l'aine, Andreescu a eu peu de chance de briller en Grand Chelem cette année et est bien consciente de son potentiel pour aller loin à New York. Et comment, puisqu'elle possède une impressionnante fiche de 38 victoires et 4 défaites seulement cette saison. En un an elle est passée de la 208e place à la 15e. Dire que Bibi perdait au premier tour des qualifs à NY en 2018.

 

Eugenie Bouchard tentera de se faire valoir face à Anastasija Sevastova, 12e tête de série. La Québécoise a glissé à la 119e place mondiale et ne compte que 6 victoires cette année dont une seule en Grand Chelem. Genie connaît bien Sevastova puisqu'elle l'a quand même battue une fois en 2016, mais depuis, la Lettonne l'a dominée les deux fois qu'elles se sont affrontées. Il faudra être très en jambes car Sevastova ne rate pas beaucoup et possède beaucoup de variétés dans son jeu pour contrer la puissance de l'adversaire.

 

Un petit mot sur Sloane Stephens qui a mis fin à son association avec Sven Groenveld pour revenir, tiens, tiens, tiens avec Kamau Murray avec qui elle a remporté le US Open il y a deux ans. Parions que son attitude de guerrière va s'améliorer de plusieurs crans maintenant. 

 

Dans le tableau masculin

 

Chez les hommes, qui l'eut cru que Félix Auger-Aliassime affronterait encore Denis Shapovalov au premier tour comme l'an passé, mais c'est fou! On se souviendra que Félix avait abandonné en raison de palpitations cardiaques. En un an, que de progrès pour FAA. C'est lui maintenant le meilleur Canadien sur le circuit alors qu'il est 18e tête de série. Il a même battu son bon ami Shapo à Madrid pour une première fois sur le grand circuit. Le gagnant de ce match se dirige potentiellement sur Gaël Monfils si sa cheville le laisse tranquille. En passant, je suis contente que Denis soit allé chercher quelques belles victoires jusqu'à la demie à Winston-Salem, accompagné de l'ancien 8e mondial, le Russe Mikhail Youzhny. Tiens tiens, pas bête comme idée. D'un Russe à un autre, on devrait bien se comprendre.

 

Également sur le front canadien, Milos Raonic devait affronter Nicolas Jarry, 73e mondial mais se voit forcé de déclarer forfait, misère... Pour sa part, Vasek Pospisil a devant lui tout un mandat puisque Karen Khachanov, 9e favori, l'attend dès la ronde initiale. Finalement, Brayden Schnur joue son premier US Open dans le grand tableau et c'est l'atypique Benoit Paire qui lui a donné rendez-vous. Le Français est au 26e rang en ce moment. 

 

Pour ce qui est de ceux qui retiendront forcément l'attention en raison de leur immense statut, il faut placer Novak Djokovic comme favori principal alors que le Serbe a remporté 4 des 5 derniers Grands Chelems. Ouf! C'est évident que les choses auraient pu être différentes si Roger Federer avait profité d'une de ses deux balles de championnat à Wimbledon. Dans les faits, Federer a remporté 5 couronnes dans le Big Apple, contre 3 pour Novak qui a toutefois participé à 5 autres finales, mais le Suisse n'a pas gagné depuis 2008 tandis que le Serbe est le champion en titre. Si le chemin de ces deux grandes stars se croise, cela sera en demie. Rafael Nadal pour sa part est tout en bas du tableau, lui qui a soulevé 3 trophées à New York. Une petite pensée pour la vedette des trois dernières semaines Daniil Medvedev. Si l'énergie est au rendez-vous, ses chances sont bonnes de se rendre à nouveau jusqu'à Novak Djokovic en quarts. Avant cela, il faudra se méfier de Taylor Fritz, Fabio Fognini ou Nicoloz Bashilashvili.

 

Bonne quinzaine tout le monde!