La WTA, l'instance qui gère le circuit féminin de tennis, a réaffirmé lundi son « inquiétude » concernant le sort de Peng Shuai, malgré une interview de la joueuse chinoise qui s'exprimait pour la première fois depuis un message explosif.

Début novembre, dans un message publié sur le réseau social chinois Weibo, qui avait vite disparu, Peng Shuai avait décrit une relation sentimentale sincère mais contrariée avec l'ancien vice-Premier ministre chinois Zhang Gaoli.

La joueuse évoquait notamment un rapport sexuel « forcé » avec M. Zhang, marié et de 40 ans son aîné, avant et après qu'il n'occupe de hautes fonctions au sommet du régime communiste.

Zhang Gaoli a été de 2013 à 2018 l'un des sept hommes politiques les plus puissants de Chine.

Le message avait promptement été effacé par la censure chinoise et l'ex no 1 mondiale du double n'avait plus fait d'apparition en public durant plusieurs semaines, suscitant l'inquiétude du monde du sport, de l'ONU et de plusieurs pays dont les États-Unis et la France.

A mesure que la pression internationale s'accroissait sur la Chine, des journalistes chinois avaient tenté de rassurer en publiant des images de Peng Shuai.

Une copie d'un e-mail attribué à la joueuse et dans lequel était écrit « tout va bien » avait également été rendu public.

Mais l'authenticité des documents avait laissé sceptique la WTA.

Et l'organisation avait annulé début décembre tous ses tournois en Chine, réclamant une enquête transparente sur les accusations de viol présumé de Peng Shuai.

« Des malentendus »

Pour sa première prise de parole publique depuis l'affaire, la joueuse a réfuté toute agression sexuelle.

« D'abord, je veux insister sur un point très important: je n'ai jamais dit ou écrit que quelqu'un m'avait agressée sexuellement », a déclaré Peng Shuai au journal singapourien Lianhe Zaobao, un quotidien en langue chinoise mais inaccessible en Chine, en marge d'un événement sportif à Shanghai dimanche.

Il y a eu « beaucoup de malentendus » sur une affaire « d'ordre privé », a ajouté la championne, vêtue d'un t-shirt rouge et d'un blouson noir, au cours d'une interview filmée au téléphone portable.

Une journaliste chinoise du quotidien nationaliste Global Times avait auparavant publié sur Twitter une nouvelle vidéo de la joueuse.

La séquence de sept secondes montrait l'ancienne N.1 mondiale du double en train de discuter avec l'ancien basketteur vedette Yao Ming.

Twitter est un réseau social bloqué en Chine et seules des personnes disposant d'un logiciel de contournement type VPN peuvent y accéder.

Ces dernières années, de nombreux diplomates chinois et médias officiels y ont cependant créé des comptes pour défendre, avec opiniâtreté parfois, le point de vue de la Chine.

« Doutes sérieux »

La WTA a lundi de nouveau fait part de son « inquiétude » au sujet de Peng Shuai.

« Ces apparitions (publiques) n'apaisent pas les inquiétudes de la WTA quant à son bien-être et sa capacité à communiquer sans censure ni coercition », a indiqué dans un communiqué l'organisation.

Début décembre, la WTA avait annulé tous ses tournois en Chine et réclamé une enquête transparente sur les accusations de la joueuse.

L'instance expliquait alors prendre cette initiative en raison, selon son président Steve Simon, de « doutes sérieux » persistants quant à la liberté de mouvement de la joueuse.

Peng Shuai a assuré dimanche au journal Lianhe Zaobao qu'elle était libre.

Depuis le début, l'affaire est totalement passée sous silence dans les médias chinois. Et les censeurs redoublent d'efforts pour effacer toute allusion au scandale sur les réseaux sociaux.

La majorité des Chinois ne sont ainsi pas au courant du scandale et des différents rebondissements de l'affaire, d'autant que la plupart des sites internet de médias étrangers sont bloqués en Chine.

Mais l'information circule tout de même via les messageries privées et le bouche-à-oreille.