Le tournoi de la série 1000 à Indian Wells dans le désert de la Californie a toujours une saveur particulière. D'abord et avant tout parce qu'il se déroule dans un décor paradisiaque et aussi parce que cette fête du tennis porte attention aux joueurs tout en offrant une myriade de choix aux partisans. Choix d'être près des joueurs à l'entrainement et sur les courts annexes. Choix de nourriture du steakhouse et sushis haut de gamme en passant par le biologique et le populaire.

Franchement le clan du richissime propriétaire Larry Ellison peut être fier de son tournoi, car il est unique en son genre et se positionne sans cesse à la recherche de l'excellence. Chaque année, on investit pour en faire le joyau de sa catégorie.

Alors forcément les joueurs adorent cette épreuve et redonnent bien aux organisateurs en s'arrachant littéralement pour aller chercher des victoires. Que dire de la poussée phénoménale du jeune Croate de 21 ans Borna Coric. À 17 ans il battait Rafaël Nadal. À 18 ans il avait le meilleur sur Andy Murray  et cette année à Indian Wells, il dispose des têtes de série Ramos Vinolas, Baustista Agut et Anderson avec panache en plus de se donner une avance de 7-5 et 4-2 face à Federer en demie.

Et ce n'est pas tout! Deux fois il a un bris d'avance au 3e set face au maitre! Je ne sais pas comment le Suisse réussit à s'extirper de ce guet-apens. Il nous confiera en conférence de presse qu'il est resté positif malgré les difficultés et qu'après tout, il n'y a pas de raison de paniquer quand on est confiant et expérimenté. 

Bon ok, j'achète cette vision des choses parce que ce commentaire sort de la bouche de Federer mais soyons honnête, il s'en sort aussi parce que Coric est nerveux et tendu en fin de match et qu'il commence à éparpiller les coups droits.

En finale, un défi d'une autre taille l'attend en Juan Martin del Potro, le valeureux guerrier toujours si fier de jouer et gagner pour sa patrie: Argentina!!! Dès le départ et ce malgré des conditions de jeu quasi-parfaite, Roger a bien de la difficulté à suivre l'infernale cadence imposée par Juan Martin. Milieu de première manche c'est le bris et le set 6-4. Les chiffres au service de Federer ne sont pas beaux et il rate trop en revers. En plus il est incapable de faire sentir sa présence en réception de service alors qu'il ne se donne aucune balle de bris.

Les choses se placent cependant dès le début de la deuxième manche alors que Federer est plus juste dans tous les aspects du jeu: au service d'abord, en échange en revers et côté créativité. Les deux fiers compétiteurs nous amènent logiquement au bris d'égalité et c'est là réellement que le spectacle commence! Federer mène 6-3 et se donne donc 3 balles de manche, toutes ratées. Del Po se procure balle de match et de championnat mais n'en profite pas et c'est finalement sur la 7e balle de manche que Federer nous amène à la belle, la troisième manche. 

Ouf mais quel spectacle, c'est inoui! La tension est tellement grande que les deux protagonistes se défoulent à tort et à raison sur le pauvre arbitre Fergus Murphy. Juan Martin veut que l'arbitre fasse taire les spectateurs en plein milieu des points alors que 9/10 de la foule veut que "ROGEUR" gagne le match. Federer est impatient et de mauvais poil (en passant, cette barbe ne l'avantage pas du tout) alors que tout l'énerve. C'est encore une fois sur le dos de l'arbitre qu'il se défoule.

Vous savez, j'adore Federer pour tout ce qu'il m'a fait vivre lors des vingt dernières années mais dans cette finale j'ai trouvé qu'il n'a pas su garder son ego sous contrôle. Ses réactions envers l'arbitre étaient exagérées et trop fréquentes. L'homme-dieu m'a déçu. Del Potro était limite lui aussi en début de troisième  manche alors qu'il est méga frustré d'avoir laissé filer SA balle de match dans le bris d'égalité. Comme si l'arbitre était responsable de son incapacité à sceller la rencontre en 2 sets! Come on boys, please be men...

Le troisième set est aussi fantasmagorique! L'Argentin combat avec succès sa frustation en tenant le coup au service. Federer est redevenu le merveilleux danseur que l'on connait. Le Suisse sert même à 5-4 et 40-15 et obtient au total 3 balles de championnat mais il passe à côté du moment!!! Et du bris d'égalité de la troisième manche, mais est-ce possible pour un aussi grand joueur?!!!

Juan Martin del Potro remporte ainsi une 4e finale face à Federer en 6 matchs, pas banal du tout. Quel grand champion dans l'âme et avec quelle manière stupéfiante il arrache la victoire au Suisse.

Viva Argentina!!!