MELBOURNE - Jo-Wilfried Tsonga face à Fernando Verdasco et Gilles Simon contre Rafael Nadal: les quarts de finale à l'Omnium d'Australie auront une forte connotation espagnole pour les deux Français mercredi à Melbourne.

Ce n'est pas encore la Coupe Davis mais ça y ressemble. Un mois avant le premier tour face à la République tchèque, Tsonga et Simon auront l'occasion de se rôder face au pays qui a remporté le trophée en décembre.

Cette victoire acquise sans Nadal a transformé Verdasco qui a ôté l'ambitieux Andy Murray de la route de Tsonga. Pas certain cependant que le Manceau y gagne au change, même s'il s'est lui-même montré impressionnant de puissance et de sérénité face à James Blake (6-4, 6-4, 7-6) lundi.

Simon aura une tâche encore plus compliquée face au numéro un mondial qui n'a lâché que sept jeux en moyenne à ses quatre premiers adversaires. Mais le Français peut se targuer d'avoir déjà battu Nadal dans son antre madrilène en octobre et assure aborder le rendez-vous sans complexe.

Il l'attaquera également avec toute son énergie puisqu'il a profité sans joie lundi de l'abandon de son copain Gaël Monfils dans un duel franco-français commencé dans la bonne humeur mais terminé dans la douleur.

Monfils abandonne

Simon venait de virer en tête 6-4, 2-6, 6-1 lorsque Monfils a arrêté les frais après deux points dans la quatrième manche. "J'ai eu mal au poignet droit, a expliqué le 13e mondial. C'est un peu comme une entorse. Il n'y avait vraiment rien à faire. C'est hyper frustrant."

"Ce n'est jamais drôle de gagner comme ça, et surtout pas face à un copain, a réagi Simon. Pour moi on reste à 0-0 dans nos confrontations."

Si le niveau de jeu avait auparavant été moyen comme prévisible, la partie avait commencé sur une note nettement plus guillerette lorsque les deux joueurs, hilares, ont entamé une petite partie de mini-tennis à 5-4 au premier set. Ils attendaient la fin du vacarme causé par les traditionnels 21 coups de canons pour célébrer l'Australia Day, la fête nationale.

Une dizaine d'heures plus tard, Tsonga a également fait connaissance avec les festivités locales lorsqu'un feu d'artifice, cette fois, est venu interrompre son troisième set face à Blake. "Cela m'a un stressé", a avoué le Manceau qui a perdu son service peu après.

"Une petite bière ensemble"

Cela aura été sa seule alerte du match puisque, "une fois dos au mur" (3-5), il s'est dit: "Maintenant on va la prendre cool" et Blake n'avait plus qu'à lui serrer la main.

"Je gagne en patron, a noté Tsonga. J'ai été très solide. Je n'ai peut-être pas beaucoup progressé dans mes coups mais dans ma tête oui. J'aborde beaucoup mieux les points importants et c'est ça qui fait ma force aujourd'hui."

Avec Tsonga et Simon, c'est la troisième fois de l'ère Omnium que deux Français arrivent ensemble à ce stade de la compétition à Melbourne après 2001 (Clément, Grosjean) et 2006 (Santoro, Grosjean).

Y retrouver, comme au Masters de Shanghaï, les deux meilleurs Français est tout sauf un hasard. "On ne se fait pas une montagne de ce qui est le haut niveau, des joueurs qu'on rencontre, explique Tsonga. On ne se contente pas de ce qu'on a. Faire quart, demie, voire finale m'importe peu. C'est le titre que je veux."

Ils confirment aussi à Melbourne leur statut de Top 10, notamment Simon, dont c'est le premier quart de finale en Grand Chelem et qui fait taire ainsi certaines critiques quant à sa légitimité.

"C'est très bien, a conclu Tsonga, maintenant on va essayer tous les deux d'aller chercher cette victoire. Et quand tout sera terminé, on ira boire une petite bière ensemble." Tranquille.

Rafa ne donne pas de répit à Gonzalez

Un Fernando Gonzalez essoufflé n'a eu aucune chance de se faire justice contre un Rafael Nadal en pleine forme, lundi aux Internationaux d'Australie.

Nadal a pulvérisé Gonzalez, la 13e tête des série du tournoi, en trois manches rapides de 6-3, 6-2 et 6-4 pour obtenir son billet pour les quarts de finale, où il affrontera le Français Gilles Simon.

Gonzalez avait disputé deux marathons de cinq manches avant son duel contre le meilleur joueur au monde. À part lorsqu'un regain d'énergie lui a permis de remporter les trois premiers jeux de la troisième manche, son réservoir semblait complètement à sec.

Nadal n'a toujours pas perdu une manche depuis son arrivée à Melbourne.

Murray surpris par Verdasco

Andy Murray, l'un des principaux favoris pour le titre, a été éliminé dès les huitièmes de finale de l'Omnium d'Australie par Fernando Verdasco en cinq sets 2-6, 6-1, 1-6, 6-3, 6-4.

C'est un petit événement puisque l'Écossais était considéré comme le grand épouvantail du tournoi masculin. Meilleur joueur de ses six derniers mois, Murray, quatrième mondial, restait par exemple sur trois victoires face à Roger Federer et une victoire impressionnante à Doha contre Andy Roddick.

Sa défaite n'est cependant qu'une mini-surprise puisque son adversaire, Fernando Verdasco, 15e mondial, était attendu au tournant après avoir écrasé tous ses adversaires jusque-là à Melbourne.

Le gaucher espagnol, 25 ans, n'avait lâché que douze jeux à ses trois premiers adversaires. Personne n'avait jamais fait mieux à l'Omnium d'Australie depuis le début de l'ère Omnium en 1968.

Transformé depuis sa participation active à la victoire espagnole en Coupe Davis début décembre, il accède pour la première fois aux quarts de finale d'un tournoi du Grand Chelem.

Murray, qui avait pourtant remporté leurs cinq précédents duels, devra attendre encore un peu avant, éventuellement, de succéder à Fred Perry, dernier Britannique à avoir remporté un tournoi du Grand Chelem, en 1936.

Jamais un Britannique n'avait semblé autant en mesure de mettre fin à cette longue traversée du désert. Finaliste à l'Omnium des États-Unis en septembre, Murray avait déclenché un "buzz" énorme en arrivant à Melbourne.

Affûté et doté de plusieurs kilos de muscles supplémentaires après une longue période de préparation sous le soleil de Miami, il n'avait pas caché ses ambitions, revendiquant ouvertement le statut de favori.

Deux de ses principaux rivaux, Roger Federer et Novak Djokovic, s'en sont émus en soulignant que, contrairement à eux, l'Ecossais avait encore à prouver qu'il était capable d'aller jusqu'au bout dans un Grand Chelem.

Dimanche encore, Federer a déclaré que Murray était jeune et manquait d'expérience dans les matches au couteau. "Un cinquième set face à moi, c'est quand il veut!", avait souligné le Suisse.

Vingt-quatre heures plus tard, c'est Verdasco qui lui a donné raison.