LONDRES (AFP) - Roger Federer a encore une large gamme de records à battre ou approcher à partir de lundi au tournoi de tennis de Wimbledon, quinze jours après son échec contre le plus prestigieux d'entre eux à Roland-Garros.

En se faisant battre en finale par Rafael Nadal, le Suisse a laissé passer l'occasion de détenir en même temps les quatre titres du Grand Chelem, un exploit réussi seulement par Donald Budge (1938) et Rod Laver (1962, 1969).

C'est une autre légende du tennis, Bjorn Borg, que Federer rejoindra dès lundi s'il bat le Français Richard Gasquet sur le Central dans le match d'ouverture. En alignant une 42e victoire consécutive sur gazon, le N.1 mondial dépasserait le score réussi par le Suédois de 1976 à 1981 (cinq titres d'affilée et une finale).

Contrairement à Borg, qui passait directement de Paris à Londres sans jouer de tournoi de préparation, Federer a construit sa série en deux endroits distincts: Halle, où il s'est imposé il y a huit jours pour la quatrième fois, et Wimbledon. Sa dernière défaite sur l'herbe remonte à 2002, au premier tour du Grand Chelem anglais, face au Croate Mario Ancic.

Une fois cette ligne écrite au livre des records, le Suisse devra atteindre la finale pour marquer une nouvelle fois l'histoire du tennis. Il serait le premier joueur à atteindre cinq finales de Grand Chelem de suite depuis l'Australien Laver en 1961-1962.

Parcours miné

En cas de victoire le 9 juillet, il deviendrait le troisième joueur à remporter Wimbledon au moins quatre fois de suite après l'Américain Pete Sampras (1997 à 2000) et Borg (1976-1980), si l'on exclut la préhistoire du tournoi (avant la Première Guerre mondiale).

Cette année encore il faut faire un gros effort pour imaginer qu'un autre que Federer puisse brandir le trophée dans deux semaines. Mais le suspense existe quand même pour au moins trois raisons.

La première est que le tirage au sort a réservé au Suisse un parcours truffé de pièges, presque à toutes les étapes. Avec Gasquet, il a hérité de l'un des deux ou trois joueurs que toutes les têtes de série souhaitaient éviter au premier tour.

Il pourrait ensuite rencontrer l'Anglais Tim Henman, l'un des rares à avoir un bilan positif contre lui (4-6), l'Allemand Tommy Haas, qui l'avait fait souffrir énormément en Australie, et éventuellement Ancic en quart.

Evidemment aucun de ces joueurs ne partira favori face à lui, mais le Suisse sera obligé de rester en permanence sous tension.

Hewitt de retour

La deuxième source d'interrogation est l'impression mitigée, toutes proportions gardées, que le N.1 mondial a donnée à Halle. Il a perdu un set lors de quatre de ses cinq rencontres en Allemagne et a failli chuter en quarts de finale face au Belge Olivier Rochus, qui a manqué quatre balles de match.

Enfin, même si la force mentale du Suisse n'est plus à prouver, on ne sait pas encore à quel point il a été marqué par son échec à Roland-Garros, à un match du sommet absolu de l'histoire du tennis.

S'il devait trouver un tombeur à Londres, il ne s'agira probablement pas de Rafael Nadal, encore trop tendre sur herbe.

L'Américain Andy Roddick, finaliste des deux dernières éditions, a également du mal à passer pour un rival crédible avec son bilan de 10 défaites en 11 matches contre Federer.

Les chances de Lleyton Hewitt semblent plus sérieuses. L'Australien, qui s'était fait oublier le temps de profiter de sa toute récente paternité, s'est replacé parmi les plus sérieux candidats en remportant le Queen's quatre ans après son dernier succès, en 2002, l'année où il avait aussi gagné Wimbledon.

Le tournoi sera aussi marqué par les adieux à l'Europe du futur retraité Andre Agassi, sur les lieux de sa première victoire en Grand Chelem en 1992.