MELBOURNE - Le Serbe Novak Djokovic s'est qualifié pour la finale de l'Omnium d'Australie en battant le Suisse Roger Federer en trois manches de 7-5, 6-3 et7-6 (7/5), vendredi à Melbourne, et rencontrera le Français Jo-Wilfried Tsonga dimanche en finale.

Djokovic a ainsi stoppé Federer dans sa course au record. Le Suisse, champion sortant, espérait remporter un treizième titre du Grand Chelem et se rapprocher à une unité du record de Pete Sampras.

Mais c'est un autre chiffre qui donne la mesure de l'onde de choc créée par la victoire de Djokovic. Federer avait disputé les dix dernières finales de tournois majeurs et les avaient toutes remportées sauf les deux jouées sur terre battue, sa moins bonne surface, à Roland-Garros.

L'identité du vainqueur en revanche ne surprendra personne car si quelqu'un pouvait battre le numéro un mondial sur une surface dure, c'était bien Novak Djokovic, le dernier entrant dans le trio majeur du tennis mondial.

Le Serbe, qui jouera sa deuxième finale de Grand Chelem après celle perdue contre Federer aux Internationaux des États-Unis en septembre dernier, n'en était pas à son premier succès sur le meilleur joueur du monde.

Il l'avait déjà dominé cet été à Montréal et quelques semaines plus tard, à Flushing Meadows, il avait fait jeu égal tennistiquement. Ses sept balles de manche manquées dans les deux premières avaient montré que le chemin qui lui restait à parcourir était mental.

C'est chose faite désormais, ce qui annonce peut-être une période plus difficile pour Roger Federer... et de grands matchs de tennis.

"Je n'avais pas réussi à rester concentré, j'avais eu peur de gagner. Ça m'a appris beaucoup. Cette fois-ci, j'ai été dans le match tout le temps", a dit le Serbe.

Djokovic, un joueur aussi dangereux en coup droit qu'avec son revers à deux mains, a dominé les échanges du fond du court. Il a même réussi plus de coups droits gagnants que Federer (14 à 11), alors qu'il s'agit habituellement de l'arme absolue du Suisse.

Il a aussi, et surtout, superbement servi (13 as), particulièrement dans les moments les plus cruciaux du match, ce qui est également une des qualités habituelles de Federer.

Le Suisse a paru plus lent que d'habitude, ce qui s'explique peut-être par les soucis de santé qui l'ont empêché de préparer normalement la défense de son titre. À cause d'un virus gastrique, il avait dû renoncer à l'exhibition de Kooyong, la seule épreuve inscrite à son programme de début d'année.

"Peut-être que ça a joué. Mais je préfère reconnaître le mérite de mon vainqueur. Il a réussi de grands coups aux bons moments, c'est tout ce que je peux dire", a déclaré le gentleman suisse, qui n'avait pas perdu en trois manches depuis près de quatre ans.

Federer a joué trop court, ce qui l'a contraint trop souvent à se replier en position défensive. Plus inhabituel encore, il a manqué des occasions alors que normalement sa capacité à élever son niveau de jeu aux moments où il le souhaite fait la différence.

Le numéro un mondial a servi pour la première manche à 5-4 avant de se faire briser deux fois de suite. Dans la troisième manche, il a eu deux balles de manche à 6-5 effacées par de gros services du Serbe.

Federer avait déjà échappé de peu à la défaite au troisième tour contre un autre Serbe moins fort que Djokovic, Janko Tipsarevic, finalement battu après avoir mené deux manches à une.

La victoire de Djokovic est la confirmation d'un talent exceptionnel qui a éclaté au grand jour l'année dernière, lorsque le Serbe a remporté les gros tournois sur dur de Miami et de Montréal et a atteint au moins les demi-finales à Roland-Garros, à Wimbledon et aux Internationaux des États-Unis.

Djokovic, qui n'a toujours pas perdu une manche, sera naturellement favori face à Tsonga, même si le Français, en pleine euphorie, a joué un tennis de rêve en demi-finale contre Rafael Nadal, ce qui n'exclut pas la possibilité d'une ultime surprise.

"J'ai plus d'expérience, j'ai déjà fait une finale, mais ça ne veut pas dire que ce sera crucial car c'est toujours dangereux de jouer contre quelqu'un qui n'a rien à perdre", a dit le Serbe, dont le pays aura deux représentants en finale avec Ana Ivanovic, une première.