En ce début d'année 2021, je me demandais bien à quoi la Coupe ATP ressemblerait. Pas évident de commencer la saison après une quarantaine avec ce genre d'épreuve qui nous offre principalement des batailles gargantuesques entre les membres du top-10. Cette nouvelle épreuve, créée l'an passé par l'ATP, se veut un spectacle haut de gamme, rempli d'émotions qui met aussi en valeur l'esprit d'équipe et la fierté de porter les couleurs de son pays.

Une chose est certaine : autant la Coupe ATP que tous les tournois préparatoires offerts pour les joueurs et joueuses avant le Grand Chelem à Melbourne, c'est assez évident et facile à déceler ceux qui ont pu travailler très fort et qui sont prêts à atteindre un nouveau plateau, COVID-19 ou pas...

Logique donc, que les deux Russes qui ont beaucoup fait parler d'eux l'an passé, Andrey Rublev et Daniil Medvedev soulèvent la Coupe ATP cette année en disposant en finale de l'Italie. Medvedev a dominé Mateo Berrettini, tandis que Rublev a écrasé Fabio Fognini. Cela est logique, puisque la Russie est la seule formation qui pouvait aligner deux membres du top-10 en simple.

Notons aussi les performances exceptionnelles en simple durant la semaine de l'Allemand Alexander Zverev, du Serbe Novak Djokovic et du Grec Stefanos Tsitsipas. Rafael Nadal, souffrant de douleurs au dos, a préféré seulement jouer le rôle de coach et meneuse de claques avec l'intensité qu'on lui connait.

Pour ce qui est de nos Canadiens, avouez que cela est loin d'être facile, à un premier tournoi en 2021, de porter le dossard du numéro 1 de son pays. Denis Shapovalov a connu des moments brillants l'an dernier l'amenant jusqu'à la 10e place mondiale pendant une semaine. Comme le Canada se retrouve dans un des groupes les plus forts de cette Coupe ATP, Denis se voit dans l'obligation de non seulement garder un très haut niveau de constance mais aussi d'excellence.

Face à la Serbie d'entrée, Milos Raonic met la table de belle façon en livrant un très bon premier match face à celui qui a volé la vedette lors de la saison initiale de cette épreuve l'an dernier, Dusan Lajovic. Comme c'est souvent son habitude, notre colosse fait figure de super héros au service et en coups droits d'attaque. Raonic déstabilise par sa puissance et trouve même une belle constance en retours au deuxième set. Un beau match ficelé 6-3 et 6-4. Gagner en deux manches consécutives en remportant 20 points de plus que l'adversaire lui permet même de nous confier en entrevues d'après-match qu'il est agréablement surpris de sa performance.

Cela donne un bel élan à Shapo, qui doit cependant se farcir l'homme aux mille et un visages, Novak Djokovic. Ce qu'on a vu de « Nole » qui nous a honoré de sa présence vendredi dernier à Adelaïde pour jouer un set face à Jannik Sinner, c'est qu'il est dans une forme splendide, hormis une ampoule au creux de la main droite qui a bien guéri cependant. Je vous rappelle que c'est presque toujours le cas en début de saison que le serbe est frais comme une rose physiquement et surtout mentalement. Ce n'est pas un hasard qu'il compte huit titres aux Internationaux d'Australie.

Dans ce face à face entre le numéro 1 mondial et le jeune fougueux prétendant, cela se joue à peu de choses. Dans un sens c'est presque toujours le cas alors sous pression, les meilleurs augmentent la qualité de leur concentration alors qu'à l'inverse, l'adversaire devient juste un petit peu plus nerveux dans ce genre de scénario. Lors des deux manches Shapovalov est brisé à 6-5. Denis a encore des choses à régler du côté de ses émotions qu'il étale trop souvent au grand jour. Lors des deux dernières années il a perdu quelques rencontres très serrées face aux meilleurs et cela n'a rien à voir avec la qualité de son jeu. Il finira par apprendre à contrôler le stress qui lui cause aussi encore des ennuis sur son lancer de balle au service.

Malgré la défaite, le Canada se bat bien en double face à Djokovic et Krajinovic. Comme d'habitude Milos est superbe au service mais les problèmes surviennent lorsque Shapo est celui qui sert. Milos est incapable de l'aider en créant du mouvement au filet et en plus n'arrive pas à gérer les volées au corps. La Serbie passe en l'emportant 7-5 et 7-6. Avec ce genre de format de 4 groupes comprenant 3 pays par groupe dont un seul se qualifie pour le carré d'as, le couperet tombe vite alors que le Canada se doit de l'emporter de façon convaincante face à l'Allemagne pour espérer se qualifier pour les demies.

Cette fois, d'entrée de jeu, Raonic n'arrive pas à surmonter le défi que lui présente le gros serveur Jan-Lennard Struff qui est très en jambes en ce début d'année. Les meilleurs moments du canadien surviennent lorsqu'il tire de l'arrière 7-6 et 4-3, alors qu'il s'arrache comme un mort de faim pour sauver 5 balles de bris. Malheureusement Milos joue deux horribles bris d'égalité et doit s'avouer vaincu.

Denis Shapovalov tente par tous les moyens de garder notre pays en vie en livrant une performance extraordinaire face à Alexander Zverev, 7e mondial mais s'incline au bris d'égalité du 3e set. Zverev est absolument formidable en réussissant des as sur 2e service pour sauver des balles de bris! On est loin du grand nerveux de la finale des Internationaux des États-Unis l'an passé.

Nos Canadiens ont bien lutté en simple et ils se reprendront au cours de l'année, j'en suis certaine, mais mon coup de cœur provient de la performance de l'équipe canadienne composée de Steven Diez et Peter Polansky qui jouent le match de leur vie pour disposer au super bris d'égalité de Kevin Krawietz (double champion de Roland Garros) et Jan Lennard Struff (19e et 20e de la spécialité). Polansky est intense et ne rate pas de retours en coups droits tandis que Diez est partout sur le terrain, brillant à la volée tout en affichant juste le bon dosage d'arrogance. BRAVO et quel spectacle!!! WOW!!