MELBOURNE, Australie - Dans un bas du tableau grand ouvert, le Bulgare Grigor Dimitrov va-t-il enfin réussir aux Internationaux d'Australie la percée qu'on lui promet depuis ses débuts professionnels, il y a déjà huit ans.

L'ancien grand espoir du circuit, qui n'est plus un jeune à 25 ans, est réapparu sur les radars des pronostiqueurs à Brisbane, il y a deux semaines avant Melbourne. Le trophée, son premier depuis deux ans et demi, et surtout ses victoires successives sur trois top-10, l'Autrichien Dominic Thiem, le Canadien Milos Raonic et le Japonais Kei Nishikori, l'ont installé parmi les premiers outsiders.

Ces trois premiers tours à Melbourne ont confirmé la belle forme du no 15 mondial, surtout le match de dimanche contre Richard Gasquet, baladé de tous les côtés du court et surclassé en trois sets. « Il est impressionnant, il peut aller très loin », a dit le Français.

D'autant que le chemin de Dimitrov vers la finale a été débarrassé de Novak Djokovic, battu par Denis Istomin. C'est l'Ouzbek, 117e mondial, qu'il affrontera lundi en huitième de finale. En cas de victoire, il trouvera face à lui Thiem, qu'il vient donc de battre, ou le Belge David Goffin, 11e mondial, avant d'accéder au dernier carré.

Depuis l'époque où on le surnommait « Baby Fed », à cause de son talent prometteur et de la ressemblance de sa gestuelle avec celle du Suisse - coup droit délié, ample revers à une main -, la confirmation du Bulgare a sans cesse été remise à plus tard. La faute peut-être à la pression qui a pesé trop tôt sur ses épaules.

« Ça lui a fait perdre du temps, c'est sûr », pense Richard Gasquet, qui en sait quelque chose, lui qu'on surnommait « Mozart » quand il n'était encore qu'un enfant.

En 2014, on a bien cru une première fois que ça y était. Vainqueur du Queen's puis demi-finaliste de Wimbledon (en battant Andy Murray en quarts), Dimitrov faisait son entrée dans le top 10 à la 8e place. Mais la suite n'allait pas être à la hauteur. S'il restait l'un des joueurs les plus suivis par les tabloïds, c'était pour sa relation avec Maria Sharapova (qui a pris fin il y a un an et demi) et pas pour ses résultats sportifs.

Une esthétique à la Federer

Retombé au 40e rang mi-2016, Dimitrov a alors fait appel à Daniel Vallverdu, l'ancien coach d'Andy Murray et de Tomas Berdych. Au programme du Vénézuélien, la simplification du jeu de son nouveau poulain, qui avait tendance à se compliquer la vie, tant la panoplie de coups à sa disposition est variée.

Plus rigoureux sans avoir pour autant renoncé à l'esthétique à la Federer qui fait de lui l'un des joueurs les plus plaisants à voir jouer, « Showtime », comme l'a surnommé l'ancien joueur Brad Gilbert, a remis le nez à la fenêtre.

« Les deux dernières années m'ont montré ce qui marche pour moi: quel entraînement, quel régime alimentaire, ce dont j'ai besoin sur le court et en dehors », a-t-il dit récemment au magazine de l'ATP.

Parmi ces nécessités, celle de prendre un peu de bon temps. « Je ne suis pas le genre de gars qui peut s'enfermer dans sa chambre et penser au tennis 24 heures sur 24. Il est important de déconnecter et de sortir avec des copains », a dit Dimitrov, qui aime fréquenter les salles de jeux vidéo pour se défouler entre les matches.

Résultat: le Bulgare « ne se souvient pas la dernière fois qu'il s'est senti aussi bien sur le court et en dehors ». Tout un contraste avec cette journée de mai 2016, où il avait pulvérisé trois raquettes lors de la finale d'Istanbul avant de serrer la main de l'arbitre, anticipant sa disqualification.