Durant une quinzaine comme celle que nous venons de vivre à Paris mis à part les nombreuses rencontres palpitantes que nous avons eu le bonheur de regarder ensemble, il y a souvent une grande quantité d‘évènements ou tout simplement de moments qui s‘y ajoutent et en font sa richesse. En voici donc quelques bribes retenues ici et là que je tenais à partager avec vous.

En conférence de presse de Milos Raonic, notre passionné confrère Tom Tebbutt lui demande simplement ceci:“ Milos es-tu devenu un joueur de terre battue?“ Avec un grand sourire Raonic répond:“ ça dépend des jours!” Ok…j‘en déduis que la réponse c‘est non. En espérant que son nouveau coach, l‘excellent Ivan Ljubicic, ex-troisième mondial saura le convaincre que la surface n‘a pas d‘importance dans son cas à lui puisqu‘il faut qu‘il soit plus offensif, se porte vers l‘avant, qu‘il dicte l‘allure des points non seulement au service mais aussi en retours.

Jo-Wilfried Tsonga était évidemment sous les feux de la rampe avant, pendant et après Roland Garros. Normal, 30 ans après Yannick Noah, il représentait, pour toutes sortes de raisons, le seul espoir (en tout cas le plus grand) de conquête du titre pour tout le peuple français. Or donc, quand il faut remplir 6 pages dans le Journal l‘Equipe à tous les jours, on force la note et on déborde un peu du cadre tennistique avec des questions quelques fois farfelues mais qui nous donna quelques perles. À la question: à quoi ou à qui te fait penser cette surface, la terre battue, une femme? Et à Jo de répondre:“ pas juste une femme mais elle est MA femme, puisque je me battrai toujours pour elle, je serai prêt à tout pour elle! De plus, la terre rend les choses si humaines, sa couleur ocre est si riche. La marque qu‘elle laisse sur le terrain et l‘échange que cela provoque avec l‘arbitre ajoute au spectacle. Et ce n‘est pas tout: la terre magnifie le jeu et récompense le beau geste.“ Oh wow! Quelle belle âme il a ce Jo! Dans un autre ordre d‘idée vous voulez savoir ce que représente pour lui le fait de dormir dans son lit après toutes ces semaines sur la route?:“ Dormir à la maison, c‘est comme doubler le sommeil”. Humm, si vrai.

Amenons maintenant l‘excentrique Ernest Gulbis à l‘avant-plan parce que ses conférences de presse sont souvent teintées d‘un mélange d‘humour noir et de vérités toutes crues. À un journaliste qui lui demandait si il ne réagissait pas comme un enfant gâté quand les choses n‘allaient pas bien à l‘intérieur du match, voici ce qu‘il avait à dire:“ Je ne suis pas un enfant gâté! Je réfléchis, je cherche des solutions! Je ne suis pas comme ces joueurs qui ont été pris en charge par de grosses fédérations (USA, France, Angleterre) qui sont gâtés pourris! Moi j‘ai vu combien mon père a travaillé, vous n‘avez pas idée!!! Lorsqu‘un autre reporter le questionne sur les augmentations de bourses pour les 3 premiers tours en Grands Chelems, Ernest réplique que c‘est loin d‘être suffisant et que les membres du Big Four (Djokovic, Nadal, Federer et Murray) sont bien contents que tous les autres joueurs n‘aient pas assez d‘argent pour se payer les meilleurs coaches! Selon lui c‘est simple: il y a ceux qui sont trop riches (top 4), ceux qui sont controllés par leur fédération et les autres qui vivotent…” Oh boy Ernest, j‘en veux encore!

Roger Federer a gagné son premier tournoi cette année à Halle, tout de même une disette de 10 mois depuis Cincinnati 2012. Au cours de sa fabuleuse carrière “Rogeur“ a accumulé 77 trophées, le même nombre que John McEnroe. En privilégiant l‘équilibre entre la vie familiale, les sorties pour remplir ses mandats auprès des commanditaires et de sa fondation, tout cela en continuant de gérer avec succès sa carrière de tennisman (le champion aura 32 ans le 8 août) ce n‘est pas si simple. Il faut penser aux soins quand le dos couine, se garder des plages d‘entrainements intenses pour demeurer compétitif et surtout bien réagir sous pression. C‘est dangereux quand tu ne joues pas beaucoup car quand tu manques de matches, tu n‘as pas assez de repères dans les moments clés. Quand tu joues trop tu prends le risque de te brûler et de finir une carrière de recordman en queue de poisson. Ce qui est triste. Vous comprendrez autant à Madrid qu‘à Roland Garros Federer était à prendre avec des pincettes après ses défaites. À Madrid après l‘échec d‘entrée de jeu devant Kei Nishikori, un journaliste lui demande si cela avait valu la peine de revenir jouer en haute altitude sur terre très glissante prétextant qu‘il ne s‘agissait pas de conditions de jeu similaires à Roland Garros. Le regard un peu noir, Fed répond du tac au tac. “Chaque tournoi a son importance, je suis aussi déçu de perdre ici qu‘à Paris! Est-ce qu‘il n‘y a que Roland Garros qui compte? Pas pour moi, tout ne doit pas être sacrifié pour le Grand Chelem qui suit.” (écorchant peut-être au passage un certain adversaire (Nadal) qui le torture depuis longtemps sur terre et pour qui la planète tourne autour de la Porte d‘Auteuil). À Roland justement après sa défaite devant Tsonga, Roger commence sa conférence d‘après match en disant qu‘il trouvait cela pénible de devoir parler aux journalistes…Ouf, je suis contente qu‘il ait fait les bons choix devant Youzhny à Halle en finale à 3–3 dans les 2e et 3e set après avoir perdu le 1e! Et surtout ravie de le revoir brandir un trophée à bout de bras, visage tout illuminé par la victoire.



On termine tout cela avec une petite devinette: quel est le fruit favori de Rafael Nadal??? L‘ananas (sucré juteux et délicieux) ? Le citron (acide comme son coup droit) ? L‘orange (désaltérante et énergisante) ? Et bien non…c‘est tout simplement :“le fruit de la passion”...

On se donne rendez-vous lundi prochain le 24 juin pour le début de Wimbledon dans le temple sacré du tennis.

hp