COLLABORATION SPÉCIALE

Nous avons droit cette semaine au dernier arrêt de marque sur terre battue avant le rendez-vous Grand Chelem de Roland Garros. Le Masters 1000 de Rome est l'un des tournois de cette catégorie que j'apprécie le plus, parce que les meilleurs se donnent à fond avant le grand rendez-vous de la Porte d'Auteuil. De plus, rendus à cette étape, ils sont à peu près tous très avancés dans leur préparation, donc par la force des choses, les joueurs sont en mesure d'offrir un spectacle de grande qualité.

Comme il est bon de voir jusqu'à quel point les gradins sont pleins, voir archis pleins, alors que l'Italie, avec sa panoplie de professionnels de qualité et de tournois de tous les niveaux, a remis le pays sur la carte du monde.

Novak Djokovic nous a promis en début de tournoi qu'il était content de ses progrès depuis son retour au jeu fin février à Dubaï. Il considère même qu'il aurait dû battre Carlos Alcaraz à Madrid. 

Le but qu'il se fixe, c'est d'aller très loin à Rome, ce qui est fort logique si on tient compte du fait qu'il a disputé ce dimanche, une 12e finale au Foro Italico en carrière, ce qui est absolument hallucinant! Devant lui, on retrouvait le Grec Stefanos Tsitsipas, qu'il a battu en 5 sets en finale l'an passé à Roland Garros.

La bataille est inégale alors que Novak est tout simplement intouchable au premier set. Tsitsipas semble tellement fatigué qu'il peine à bien se rendre à la balle et encore plus de bien la centrer. Ceci étant dit, je ne crois pas avoir vu Nolé jouer de façon aussi offensive sur terre battue. 

Comme cela lui est aussi arrivé en quarts et en demie, Djokovic perd son énergie au début du deuxième set. Voilà la mauvaise nouvelle qui peut s'expliquer par le fait qu'il n'a joué que 15 matchs cette année. La bonne nouvelle cependant, c'est qu'il réussit à renverser un déficit de 2-5 pour gagner en deux manches. Il s'agit d'un sixième titre au Foro Italico. Il faudra voir maintenant comment il se comportera au meilleur des cinq sets.  Il fait tout de même figure de favori pour le titre.

Je ne peux passer sous silence la triste sortie de scène de Rafael Nadal alors que Denis Shapovalov contrôle suffisamment ses émotions pour lui indiquer la porte de sortie en 3 sets. Il est usé notre beau Rafa et la douleur qu'il expérimente au pied est insupportable. Est-ce la fin pour ce magnifique champion? Il se dit écœuré de souffrir et de bouffer des anti-inflammatoires. Nous sommes à une semaine de Roland Garros et il prévoit s'y présenter, accompagné de ses deux médecins. On se croise les doigts...

Félix Auger-Aliassime épate cette semaine alors qu'il dispute un quatrième tournoi sur terre battue et que son jeu se place finalement sur cette surface. On parle ici d'un beau mélange d'agression et de constance tout en s'exprimant selon ses dons. Pas facile, avouez, de jouer un premier match face au finaliste de Monte Carlo et excellent joueur de la glisse Alejandro Davidovich Fokina. Notre Québécois va chercher une belle victoire en trois sets. Plus le match avance, meilleur est Félix alors qu'il arrache le bris d'égalité du deuxième set, ce qui lui donne un bel élan pour la troisième manche qu'il remporte assez facilement. 

Face à Novak en quarts, Félix se bat bien, mais se fait briser tard dans chacun des deux sets. La bonne nouvelle est qu'à partir de 5-3 pour Djokovic dans chaque manche, on voit le MEILLEUR de notre Québécois qui réussit à recoller et nous amener plus loin. Le niveau de jeu est incroyable, la cadence est très élevée et au final, il ne lui manque pas grand-chose pour amener le match plus loin.

Ultimement, voilà le défi, et ce fut la même chose à Madrid devant Zverev: commencer le match avec la bonne intensité et garder la dragée haute. Je suis certaine que cela viendra, parce que le jeu d'un niveau dantesque, il le porte en lui!

Dans un autre ordre d'idée, une nouvelle retient mon attention cette semaine alors que Naomi Osaka quitte la méga agence IMG pour former la sienne qui s'appelle Evolve. « Je veux faire les choses à ma façon, nous confie-t-elle. Il s'agit de la prochaine étape naturelle de mon parcours en tant que sportive et femme d'affaires. » 

J'aime beaucoup Naomi de par son talent sur un terrain de tennis et aussi parce qu'elle est tellement vraie et honnête. Je lui souhaite de trouver sa place à travers les difficultés qu'elle vit, parce que je sais qu'elle est bien intentionnée et peut faire beaucoup de bien autour d'elle si elle parvient à surmonter ses peurs. Être assez humble pour partager ses ennuis c'est bien, mais c’est encore mieux d'offrir un témoignage vivant sur le chemin à suivre pour s'en sortir. 

Allons-y maintenant avec les citations qui ont retenu mon attention lors des derniers jours. Stefanos Tsitsipas nous apprend qu'il a trouvé une façon de faire grimper l'adrénaline. « Oui je m'adonne à une nouvelle activité à Monaco qui m'aide à mieux contrôler mes peurs. Il s'agit d'un sport prisé par plusieurs personnes de mon âge soit le saut de falaise. » Je me demande d'ailleurs si papa Apostolos est content de voir fiston sauter des hauteurs dans l'océan...

Franck Ramella, du Journal l'Équipe, commente de façon juste les efforts de Denis Shapovalov qui s'implique au maximum face à Rafael Nadal et Casper Ruud, mais sans le succès espéré devant le norvégien. « Ruud qui tarde à carburer cette saison sur terre a su composer avec l'irrégularité chevaleresque du canadien. » C'est bien vrai que Denis se donne pleinement pour nous rappeler le caractère héroïque et généreux des combattants du Moyen Âge. Dommage qu'il lui manque un brin de constance...

En début de tournoi, nous avons toujours droit aux commentaires des meilleurs sur leurs états d'âme au sujet de ce qui vient de se passer et de ce qui s'en vient à Rome. Après le tournoi de Madrid, tout le monde est en extase devant les performances de Carlos Alcaraz. Félix Auger-Aliassime raconte qu’il veut « être plus créatif sur terre et que justement, en analysant les performances du jeune l'espagnol, cela amène tout le monde plus haut. » C'est bien la manière la plus positive de voir les choses.

À ce sujet, Andrey Rublev m'émerveille de franchise quand il nous confie ceci : « Ce que j'aime d'Alcaraz, c'est qu'il adore le tennis, tandis que la plupart des joueurs sont en amour avec leur propre personne grâce au tennis. » Pas fou du tout comme analyse... 

Là-dessus, nous vous convions dimanche prochain pour le début du plus grand tournoi de tennis au monde sur terre battue : Roland Garros! D'ici là, passez une bonne semaine!