PARIS (AP) - Le tout Roland-Garros rêve déjà d'une finale messieurs entre Rafael Nadal et Roger Federer, mais les deux favoris du tournoi s'emploient à rappeler qu'il y a tout de même deux semaines de compétition avant d'en arriver là.

"Ce match est très loin. De toute façon et pour l'heure, je me concentre sur ce qui est le plus proche", a rappelé le no 1 mondial suisse dans sa première conférence de presse aux Internationaux de France de tennis.

"Mon but actuel est de bien me préparer pour mon premier match", a renchéri l'Espagnol, deuxième tête de série et tenant du titre.

L'actualité immédiate, ce sera en effet l'entrée en lice dimanche de Federer face à un repêché et celle de Nadal contre le Suédois Robin Soderling. Mais le combat de la saison dernière en demi-finale et les batailles épiques livrées depuis entre les deux hommes font évidemment saliver.

A Monte Carlo et à Rome, les deux premiers grands rendez-vous de la terre battue, Nadal a triomphé de Federer, mais au prix de marathons en cinq sets où le Suisse est passé tout près de la victoire et a démontré que son jeu se prêtait aussi à la surface lente.

Pourtant, aussi bien le frappeur des Baléares que le surdoué de Bâle ont tenu à mettre les choses au point sur leur "rivalité" qui, à les entendre, est plus médiatique que réelle.

"Peut-être que nous y arrivons petit à petit, à cette idée de rivalité. Mais nous n'avons pas encore assez joué. Souvent, une rivalité a besoin que l'un gagne, puis l'autre. Ce n'est pas vraiment ce qui se passe dans notre cas. C'est lui qui a gagné nos dernières rencontres", note Federer avec malice.

Nadal, invincible sur terre battue depuis l'an dernier et qui devrait battre à Roland-Garros le record de victoires consécutives sur la surface (53), réfute pour sa part l'idée d'un duel à sens unique.

"La presse n'arrête pas de dire que Roger est de plus en plus proche de me battre. Mais c'est lui le no 1. C'est à moi de me rapprocher, pas à lui. Cela n'a rien à voir avec les matches de Monte Carlo et de Rome, mais je sais qu'il est le no 1, qu'il est le meilleur, qu'il peut me battre sur toutes les surfaces", rétorque-t-il.

Aucun des deux meilleurs joueurs actuels ne néglige le fait que deux semaines d'un tournoi éprouvant les attendent et qu'ils appréhendent cette longue quinzaine qui débute dimanche.

"J'ai déjà un titre en poche et c'est important pour garder son calme. Mais j'ai la pression, comme Federer, comme Gaston Gaudio, comme Carlos Moya ou Juan Carlos Ferrero, estime Nadal. Tout le monde a l'air de dire que ce serait normal que je gagne. Mais gagner n'est jamais normal. Perdre arrive plus souvent."

Pour Federer, la tension est plus particulière: voilà le seul tournoi du Grand chelem qu'il n'a pas remporté. Par contre, il n'a pas la responsabilité de devoir y défendre son bien.

"On est toujours tendu avant un Grand chelem, en espérant juste ne pas perdre au premier tour. Sinon, on sait à quel point c'est long de défendre un titre et de devoir tout reprendre à zéro. On s'y habitue avec les années, mais cela me rend toujours nerveux", avoue le Suisse, qui compte sept titres majeurs à son palmarès, dont les trois derniers.

Même si ses deux principaux protagonistes s'efforcent de démystifier leur rivalité, les autres joueurs du tableau espèrent, comme les amateurs, les voir se retrouver en finale et conclure le tournoi en beauté.

"Bien sûr, j'aimerais être en finale moi-même. Mais si ce n'est pas le cas, en tant que passionné de tennis, j'espère que ces deux-là seront en finale et que leur rivalité pourra continuer", résume ainsi l'Américain James Blake.