Federer s'essouffle, Nadal ressuscite
ATP mercredi, 11 déc. 2013. 15:32 vendredi, 13 déc. 2024. 21:55PARIS - En connaissant cette année sa pire saison depuis 2001, Roger Federer a donné l'impression d'être à bout de souffle à 32 ans, au contraire d'un Rafael Nadal revenu au grand galop après sa sérieuse blessure au genou gauche.
La thèse du déclin de Federer, l'esthète aux 17 titres du Grand Chelem, revient comme une antienne lancinante depuis quelques années. Mais jamais elle n'avait trouvé autant de substance qu'en 2013.
Le constat est brutal pour l'ex-no 1 mondial qui, pendant tant d'années, a dominé la planète tennis comme personne avant lui. Il n'a cette saison gagné qu'un titre mineur, à Halle (gazon), ce qui ne lui était plus arrivé depuis 2001.
Il est redescendu à la 7e place mondiale (6e en fin de saison), son pire classement depuis octobre 2002. Surtout, le Suisse a perdu l'aura d'invincibilité qui l'avait si longtemps rendu inaccessible.
Il a été éliminé au deuxième tour de Wimbledon, le lieu même où sa légende s'est bâtie (7 titres), par l'Ukrainien Sergiy Stakhovsky, un joueur quelconque qui ne l'aurait jamais inquiété au temps de sa splendeur.
Aux Internationaux des États-Unis, l'Espagnol Tommy Robredo, un adversaire qu'il avait maintes fois battu (10-0 avant cette rencontre), lui a joué le même tour en huitième de finale.
Federer : l'âge commence à avoir prise
Le Suisse a ensuite concédé qu'il avait connu des soucis avec son dos en début de saison et avait commis l'erreur de continuer à jouer malgré la douleur.
Il est vrai qu'il a fini l'année sur une note d'optimisme, avec quelques bons résultats en salle (finale à Bâle, demi-finales à Paris-Bercy et au Masters), après avoir recouvré l'intégrité de ses moyens physiques.
Mais le doute persiste sur ses capacités à rivaliser désormais avec les autres membres du « Big Four », Nadal, Novak Djokovic et Andy Murray, et sur ses chances d'ajouter un nouveau titre du Grand Chelem à son palmarès.
Même s'il le dément avec véhémence, l'âge commence à avoir prise sur lui. Il n'a plus tout à fait le même coup d'oeil, la même capacité d'anticipation, la même réactivité, la même vélocité. Et le bras enchanteur ne suffit pas à compenser.
Comme un aveu d'impuissance, le Bâlois s'est décidé au milieu de l'été à jouer avec un tamis plus grand, pour en finir avec sa tendance à trop « boiser ». Mais l'expérience a fait long feu.
En 2011, Federer avait déjà connu dix mois difficiles, avant de finir en boulet de canon et d'enchaîner sur une très honorable année 2012, marquée par son septième titre à Wimbledon.
Nadal, un retour sensationnel
Le Suisse, qui nourrit toujours le même enthousiasme pour le jeu et se voit jouer pendant encore de longues années, est persuadé de pouvoir rebondir. Il a ainsi pris le risque de mettre fin à une collaboration de trois ans et demi avec son entraîneur Paul Annacone.
Federer, qui n'a pas encore décidé s'il prendrait un nouvel entraîneur, n'a jamais eu peur de se remettre en question. Il n'est pas sûr pour autant que cela suffise à le ramener où il le souhaiterait. Là où trône désormais Nadal, redevenu no 1 mondial au mois d’octobre en succédant à Djokovic, moins d'une année après être revenu d'une absence de sept mois pour une blessure au genou gauche qui avait fait craindre pour la suite de sa carrière.
Toujours aussi vaillant, aussi teigneux, aussi dur au mal, l'Espagnol a réussi un retour sensationnel, finissant la saison avec 75 victoires pour 7 défaites, avec 10 titres remportés en 14 finales et 17 tournois.
Il n'a connu qu'une vraie déception, avec son élimination dès le premier tour à Wimbledon, et a seulement baissé légèrement de rythme en fin de saison, avec les tournois en salle qu'il n'affectionne que moyennement.
En gagnant à Roland-Garros, pour la huitième fois, et aux Internationaux des États-Unis, Nadal a porté à 13 son total de titres du Grand Chelem. Si son corps le laisse tranquille, le Majorquin a encore le temps de venir titiller le record de Federer.