Gardons une certaine perspective
WTA jeudi, 23 oct. 2014. 16:23 jeudi, 12 déc. 2024. 06:58Il fallait un peu s'y attendre puisque Eugenie Bouchard n'a pas été en mesure de bien se préparer pour le Championnat de fin de saison à Singapour. Blessée à la cuisse gauche plus d'une fois cette année, sans aussi parler de ses genoux qui couinent, Genie n'a jamais été en mesure de bien se sentir sur le terrain face à la crème de la crème du tennis mondial.
Depuis sa belle demi-finale aux Internationaux d'Australie, Bouchard a entamé plusieurs tournois durant l'année bien positionnée : c'est-à-dire comme tête de série avec des adversaires moins bien classées et puissantes qu'elle. Cela lui permet de jouer son jeu, soit d'être la première à attaquer. Pratiquer du tennis à haut risque est évidemment loin d'être facile, mais comme les adversaires des premiers tours ne lui font pas peur, les erreurs de début de match ne lui font pas perdre sa confiance. Petit à petit Genie trouve ses marques, peaufine son jeu pour finalement prendre le contrôle du match et exercer sa domination mentale sur la fille de l'autre côté du filet.
Au Championnat de fin de saison, il n'y en a pas de matchs faciles. Dès la première balle, il faut que tu sois prête à rugir, à démontrer que ce n'est pas parce que tu es la plus jeune et que tu as perdu plus de matchs que les sept autres protagonistes que tu vas te laisser manger la laine sur le dos. Plus facile à dire qu'à faire, surtout lorsque les conditions sont rapides et que le service prend une grande importance comme c'est toujours le cas à l'intérieur. Et surtout, misère de misère, Bouchard n'a pas été capable de se tester intensément à l'entraînement en raison de cette satanée blessure à la cuisse.
Dans son premier match face à Simona Halep, Genie aurait pu avoir les devants 2-0 en début de rencontre mais se retrouve plutôt menée 4-0, rien pour aider sa confiance. Rouillée, c'est normal de l'être quand on est privé de quelques semaines de compétition intense. La beauté d'un tournoi à la ronde est qu'elle peut se reprendre car dans le pire des scénarios, il lui reste deux matchs à disputer. Contre Ana Ivanovic, qu'elle a battue deux fois en carrière, j'ai confiance qu'elle sera plus constante. Malheureusement, son jeu au premier set est truffé d'erreurs inhabituelles. Après un merveilleux petit pep talk de son coach Nick Saviano qui réussit à la convaincre qu'elle est une bagarreuse, née pour résoudre des problèmes peu importe les circomstances, elle retrouve une belle qualité de balle au coeur de la bataille. La septième partie du deuxième set lui échappe cependant, ce qui ouvre la voie à la Serbe qui ne rate pas sa chance.
Contre Serena Williams, qui vient de se faire rosser par Halep, je continue à vivre d'espoir. Bouchard sauve balle de bris d'entrée et possède une chance de mener 2-0. Malheureusement pour elle, autant tout cliquait ou presque en Grand Chelem lors des moments clés cette année, autant Eugenie n'arrive pas à capitaliser lorsque ça compte cette semaine. En plus, Serena est offensive à souhait et attaque vigoureusement la Québécoise en deuxième balle de service. Menacée, Bouchard tente d'allonger son service sans succès. Les doubles fautes la coulent, rien pour l'aider à rehausser la qualité du reste de son jeu. La planète tennis a bien compris que pour vaincre Bouchard il faut l'attaquer, la bousculer et la presser. Bravo à Serena qui a rempli son mandat à la perfection.
Bon, dans la vie, quand on vit des moments plus difficiles, il ne faut pas paniquer mais plutôt relativiser. Sans préparation adéquate et encore un peu coincée par cette blessure à la cuisse, c'était IMPOSSIBLE pour elle d'exceller. À une deuxième année SEULEMENT sur le circuit, quelle fabuleuse saison en Grand Chelem elle a connue. Eugenie Bouchard a su faire ce difficile saut des rangs juniors au grand circuit avec l'aisance d'une ballerine qui virevolte sur place sans perdre l'équilibre. Reconnaissons tout le travail accompli en peu de temps et de grâce chers amis, soyez généreux et reconnaissants dans vos commentaires sur la toile pour tous les beaux moments qu'elle nous a fait vivre en 2014. Regardons 2015 avec espoir, sachant que la prochaine année sera remplie de défis et de pièges pour elle. Poussons dans la même direction, vers le haut, toujours plus haut. Bouchard n'est pas parfaite, mais impliquée (comme vous et moi) dans un processus d'apprentissage, afin d'utiliser chaque journée pour s'améliorer, épurer, avancer.
Je lui souhaite de rester en santé l'an prochain et aussi de bien s'amuser en novembre avec le milliardaire Sir Richard Branson lors de la Necker's Cup sur l'île privée du fondateur de Virgin.