Le Russe Daniil Medvedev est sur une séquence incroyable depuis trois semaines. D'abord, il se rend en ronde ultime à Washington dans un tournoi de la série 500 en s'inclinant devant un Nick Kyrgios chaud, chaud en deux bris d'égalité. Il bat au passage deux joueurs de qualité: Frances Tiafoe et Marin Cilic.

 

Puis à Montréal en série 1000, ses performances sont encore plus éblouissantes puisqu'il indique la porte de sortie à deux membres du top-10: Karen Khachanov et Dominic Thiem. Logiquement Rafael Nadal le stoppe en finale alors que l'Espagnol avouera qu'il a livré son meilleur match de la semaine alors que le début de la rencontre est extrêmement serré. Entre les lignes, on lit bien que cela était nécessaire pour l'emporter de jouer du gros tennis pour stopper l'élan de Daniil.

 

Je dois vous avouer que je me suis demandé si cela était sage d'enchainer avec le tournoi de Cincinnati, autre épreuve de la série 1000 ou bien s'il serait mieux de prendre cela mollo pour s'économiser avant le US Open qui commence lundi prochain le 26 août. Il ne faut pas oublier que nous sommes dans cette période de l'année où il fait chaud et humide et que la surface dure vous arrache les articulations. Rappelons que Novak Djokovic et Roger Federer ont choisi de ne pas venir à Montréal et jouer un seul tournoi préparatoire. Rafael Nadal quant à lui après son titre glané chez nous, décide de reposer ses vieux genoux. Vous me direz que ces trois légendes ont beaucoup d'expérience et sont au delà de la trentaine donc il faut savoir ménager la monture. Dans le clan de Medvedev, on choisit d'aller encore au combat. J'imagine que son coach, Gilles Cervera, veut pousser son élève de 23 ans qui fait preuve d'audace et de courage depuis le début de l'année.

 

Comme de fait, ce que le Russe est impressionnant pour battre Novak Djokovic en demie. Après la perte du premier set 6-3, je le sens essoufflé, fatigué ce qui est bien sûr tout à fait normal puisqu'il dispute un 15e match de très haut niveau en si peu de temps! Malgré tout, il s'accroche comme si sa vie en dépendait au deuxième pour recoller à 2-2. Comme il ne gagne que 36% des points en deuxième balle il décide d'accélérer et même tenter l'as. Il fait un calcul rapide et décide de prendre ce risque en deuxième balle de service, car il est épuisé et veut éviter les longs échanges face à Novak qui est un expert en la matière dans cet aspect du jeu. Le coup de poker est payant . Medvedev sauve balle de bris à la 5e partie avec un as sur 2e balle et en rajoutera 4 autres devant le Serbe médusé, figé de stupeur.

 

Le match change complètement à partir de cette prise de décision alors que le Russe avouera qu'il retrouve à partir de ce moment là, toute son énergie. C'est pour vous dire jusqu'à quel point l'aspect mental est important au tennis. Mort de fatigue après le premier set et soudainement bondissant comme une gazelle à partir du milieu du 2e set!!!

 

En finale dimanche devant David Goffin, on sait bien que tennistiquement parlant, le grand Daniil du haut de ses 6 pieds 6 pouces est favori, mais en même temps, il ne faut pas minimiser tous les efforts encourus par le Belge pour retrouver son niveau après de sales malchances: grosse entorse à la cheville à Roland-Garros 2017 et puis à Rotterdam l'an passé, il reçoit une balle dans l'oeil sur une volée mal centrée. Après les Internationaux d'Australie cette année, David se retrouve sans coach et sans ligne directive dans son jeu. Il reconnecte avec le suédois Thomas Johansson et ensemble on reconstruit son jeu: le service d'abord, puis le revers coupé sans oublier le jeu d'attaque en finissant le point à la volée. Petit à petit, il rebâtit l'aspect physique pour être en mesure de durer et surtout pour rester lucide quand le corps crie:« Stop! ». 

 

Certes Goffin profite de la partie allégée du bas de tableau avec les forfaits de Nadal, Dominic Thiem et son adversaire en quarts Yoshihito Nishioka, mais cela fait partie du sport. Quelques fois lorsqu'on est moins bien classé, les tirages sont horribles et d'autres fois la voie se libère et les précieux points s'offrent à vous sur un plateau d'argent. Goffin a le mérite d'en profiter pour s'offrir une première finale Masters 1000 en carrière qui l'assure du même coup de la 15e place mondiale. 

 

Au début de la ronde ultime cependant, c'est Goffin qui semble le plus fatigué des deux. Force est d'admettre que Medvedev impose par son nouveau statut, tout récemment acquis. Le Russe surfe sur cette nouvelle notoriété pour se donner une avance facile de 4-1. Mais Goffin ne lâche rien et s'accroche avec les moyens du bord alors que Daniil se contente de ne pas rater, ce qui à ce niveau n'est pas tout à fait assez. Goffin recolle à 4-4 mais flanche complètement au bris d'égalité. Et puis tout de suite après, pour perdre son service d'entrée début de 2e set. David souffre alors que je ne reconnais plus le vaillant guerrier qu'il a déjà été. Faut dire que c'est le sauna à Cincinnati, 35, 36 degrés ressentis avec l'humidité. L'horreur quoi, quand tu n'as pas beaucoup d'énergie. Malgré tout, Goffin évite le double bris ce qui est toujours ce qu'il y a de plus important pour se donne une chance de revenir dans le match!

 

Et revenir il le fait à 5-4 alors que Medvedev sert pour le championnat! Coup de théâtre lorsque Daniil fait quelques petites gaffes pour offrir 2 balles de bris de suite à Goffin! Alors qu'il est à la porte de devenir une nouvelle gloire! Vous m'entendez souvent parler de l'importance du service. Sans cette arme, point de salut. Hé, hé, preuve à l'appui: Medvedev sauve la première balle de bris avec un 2e service monstrueux de 123 milles à l'heure avant d'enchainer avec 3 as de suite pour le titre!!!! Fou raide! Malade! On sait bien que les champions nous étonneront toujours mais ce service de feu qui se fait une place dans son jeu lorsqu'il en a besoin, est une preuve que ce jeune homme n'a pas fini de nous surprendre et nous étonner. Il faut maintenant faire le plein d'énergie avant la folle aventure de New York pour le dernier Grand Chelem de l'année. Wow, ce jeune homme est spécial et doué. Avec toutes les victoires acquises lors des trois dernières semaines, il laisse une empreinte d'empereur sur le tennis mondial...