NEW YORK, États-Unis - La finale des Internationaux des États-Unis dimanche sera historique: au terme d'une édition dantesque avec bulles et sous-bulles sanitaires, jouée à huis clos sur le plus grand court du monde, un nouveau nom apparaîtra au palmarès des tournois du Grand Chelem: Dominic Thiem ou Alexander Zverev.

Sur le papier, il serait contraire à toute logique, sportive, technique, que le titre échappe à Thiem. Mais Zverev a passé son temps cette année à Flushing Meadows à défier la logique pour arriver en finale.

« Quand Zverev est dans son match, il est difficile à battre. Mais ça lui a pris du temps lors des derniers matches », a souligné son compatriote allemand Boris Becker, vainqueur des Internationaux des États-Unis 1989, sur Eurosport.

Alors attention, pour l'Autrichien de 27 ans, à ne pas avoir joué la finale avant la finale, en dominant vendredi en demies le Russe Daniil Medvedev, le joueur qui semblait le seul capable de le battre dans ce tournoi en l'absence de Roger Federer, Rafael Nadal et Novak Djokovic.

« Je vais aborder ce match comme les six précédents. Depuis que Djokovic est sorti du tournoi, on savait qu'il y aurait un nouveau vainqueur en Grand Chelem et, depuis ce moment, j'ai cessé d'y penser. Je ne me suis concentré que sur les gars qui étaient encore dans la course. Maintenant, il ne reste que Sacha, je vais me concentrer entièrement sur lui », a prévenu le 3e mondial.

Privilège

Car il aura fallu une blessure (Federer s'est fait opérer d'un genou), une pandémie (Nadal a préféré rester en Europe) et une inimaginable disqualification (Djokovic a involontairement allumé une juge de ligne en 8es dans un gete d'énervement) pour voir un joueur hors-Big3 décrocher un Majeur depuis Stan Wawrinka aux Internationaux des États-Unis 2016.

Et le vainqueur, qui gagnera son premier tournoi du Grand Chelem, sera le premier nouveau vainqueur de Majeur depuis Marin Cilic aux Internationaux des États-Unis 2014.

Ce privilège devrait logiquement revenir à Thiem. Si Zverev, 7e mondial à 23 ans, a été le premier de la nouvelle génération à contester la domination du Big3, allant jusqu'à remporter des Masters 1000 en battant Federer (Canada 2017) et Djokovic (Rome 2018) en finale, à gagner le Masters de fin d'année (2018), et à se hisser au 3e rang mondial (2017), il n'a jamais concrétisé en Grand Chelem. Il n'a même atteint sa première demi-finale qu'en Australie cette année.

Au contraire, Thiem est celui qui a frappé le plus fort aux portes du paradis: facilement battu en finale de Roland-Garros en 2018 par Nadal, il lui a donné nettement plus de fil à retordre au même stade en 2019, après avoir écarté Djokovic en demies, et a mené 2 sets à 1 face au Serbe en finale des Internationaux d'Australie cette année avant de céder face au meilleur joueur sur dur. Au passage, à Melbourne, Thiem avait battu Zverev en demies.

Thiem démoniaque

Et le parcours des deux hommes à Flushing Meadows plaide forcément en faveur de l'Autrichien, sans compter qu'il mène 7 victoires à 2 dans leurs duels. « Thiem est tellement fort en ce moment qu'il est du niveau du Big3 », a estimé Mats Wilander, vainqueur à Flushing Meadows en 1988, sur Eurosport.

Son jeu précis, puissant, athlétique, a fait merveille pendant les cinq premiers tours et a été franchement démoniaque en demi-finales contre le finaliste sortant Medvedev.

Parallèlement, Zverev est arrivé au bout de son tableau en multipliant les matches baclés, les retournements de situation improbables, bref les miracles, y compris en demi-finales face à Carreno. Difficile de penser que l'Allemand aurait pu  résister à Djokovic... si ce dernier était arrivé jusque-là.

Mais Zverev ne voit pas les choses comme ça. « Je suis en finale d'un Grand Chelem. Les deux meilleurs joueurs du monde seront sur le court », a-t-il plaidé.