MELBOURNE (Australie), AFP - Depuis 1978, l'équipe qui a enlevé le double a remporté la finale de la Coupe Davis de tennis: le double d'Australie-France, qui aura lieu samedi à Melbourne, pourrait ne pas échapper à la règle et même se révéler décisif.

Ce fut le cas lors de la précédente finale Australie-France, en 1999 à Nice. Alors que les deux équipes étaient à égalité un partout et face aux glorieux "Woodies", Mark Woodforde et Todd Woodbridge, réunis pour la dernière fois, Olivier Delaître et Fabrice Santoro menèrent 6-2, 5-2 avant d'avoir deux balles de 2 sets à 0 à 5-4.

De sa chaise, le capitaine australien, John Newcombe, poussa alors un formidable 'coup de gueule' qui sortit ses joueurs de leur torpeur. Woodforde réussit un retour gagnant et la paire française partit à la dérive.

17 exceptions

Une victoire eut sans doute changé le résultat final (3-2 pour l'Australie). En effet, depuis 22 ans, l'équipe qui remporte le double inscrit son nom sur le célèbre saladier. Depuis la création de la Coupe Davis, en 1900, cette règle n'a d'ailleurs souffert que 17 exceptions en 89 éditions.

Avec les "Woodies" -14 victoires pour 2 défaites entre 1993 et 1999- l'Australie posséda longtemps une rente confortable. En l'absence de Woodbridge, devenu papa en 2000, différentes combinaisons peu satisfaisantes ont été essayées avant que Woodforde ne prenne sa retraite cette année.

L'association Wayne Arthurs-Woodbridge se traduisit en février par une défaite face aux Equatoriens Nicolas et Giovanni Lapentti -seul point perdu par l'Australie- à Perth lors du premier tour.

Il fallut faire appel à Lleyton Hewitt et Patrick Rafter pour battre les Brésiliens Gustavo Kuerten-Jaime Oncins en quart de finale à Florianopolis, avant que Woodbridge et Arthurs ne soient repêchés contre la Suède, à Sydney en demi-finale.

Leur entente ne fut pas tout à fait convaincante. Néanmoins, le bras de Rafter ne pouvant être sollicité exagérément, c'est sans doute cette paire que Santoro et Cédric Pioline auront à affronter.

"Je sers très bien et généralement Todd fait tout le reste", a déclaré le gaucher Arthurs, qui gagna 111 jeux de suite au service en sortant des qualifications à Wimbledon, en 1999, avant de chuter en quart de finale.

"Il sert bien mais il est très faible en retour", fait observer Santoro, associé à Pioline pour le meilleur et pour le pire depuis le début de la saison: le pire, contre la Suisse au deuxième tour, le meilleur, contre les Néerlandais Paul Haarhuis et Sjeng Schalken, battus en trois sets, en demi-finale à Rotterdam.

"Il n'y a pas de meilleure équipe que celle-là. C'est l'une des meilleures dans l'histoire du tennis français", s'était alors réjoui le capitaine Guy Forget. Depuis, il y a eu l'élimination peu glorieuse au premier tour de l'Open de Paris-Bercy.

Première pour Pioline

"A Rotterdam, on n'avait pas débarqué le samedi matin pour faire notre match à 14 heures. Cela faisait douze jours qu'on avait la tête dans le guidon. Le résultat a été magnifique. A Bercy, on s'était juste entraîné dix minutes ensemble. Ce n'était pas du tout la même préparation ni le même enjeu", a tempéré Santoro.

Pioline blessé, les deux Français n'ont pu disputer d'autres doubles avant cette finale. Ils se sont donc retrouvés à Melbourne dans les mêmes conditions qu'à Rotterdam.

"On a fait pas mal de séquences de double ou d'exercices spécifiques. Les réflexes sont revenus assez vite, a raconté Pioline. Pour tout vous avouer, ce sera mon premier double sur gazon".