MELBOURNE (AP) - On a craint, pour les Français héros de la Coupe Davis, l'enchaînement difficile entre une finale collective et le premier tour individuel d'un tournoi du Grand Chelem. Cédric Pioline a compris et a renoncé au voyage. Quant à Fabrice Santoro, tête de série numéro 20, il a été éjecté mardi dès son premiers match à l'Omnium d'Australie, perdant contre Mardy Fish, jeune Américain au jeu sans finesse, sur le score de 6-2, 1-6, 6-4, 6-1.

''Il est impossible d'être prêt pour les deux rendez-vous'', a confié Santoro. ''J'ai même hésité à venir. La Coupe Davis n'est pas une affaire de trois jours mais de trois semaines avec une préparation lourde et une grosse pression à la clé. Le contre-coup est donc logique...''

Cette réaction n'était pas partagée par tous, Nicolas Escudé (30) se reprenant après un premier set désastreux pour battre l'Australien Todd Reid sur le score de 1-6, 6-1, 6-4, 6-4. Fort d'une confiance emmagasinée en Coupe, il envisage sereinement la suite. Il rencontre au deuxième tour l'Espagnol Alex Calatrava et, au-delà, peut-être Pete Sampras (10).

Arnaud Clément (15) aussi, sans avoir le tonus psychique d'un Escudé, rappelait presque le bondissant joueur qui avait atteint la finale à Melbourne l'an dernier, en se défaisant du Brésilien Fabio Saretta par 6-4, 7-6(5), 6-4.

Contrairement à Fabrice Santoro ou encore Sébastien Grosjean, qui ont tous deux montré combien cette reprise est difficile, Escudé et Clément semblent fins prêts, même si un léger doute subsiste sur la douleur à l'aine ressentie par le premier, héros de la Coupe Davis.

''Le dos va bien et l'aine ça tient'', a-t-il assuré. ''Je suis dans une spirale positive qui me fait oublier la fatigue. Vraiment, on n'a pas l'impression d'être rentré en France! Désormais je me sers énormément de ce que j'ai appris en Coupe. Je suis encore dans ce système-là et je n'ai pas envie d'en sortir. D'ailleurs je n'en sortirai pas.''

Chez les Français n'ayant pas participé à l'aventure de la Coupe, Anthony Dupuis a logiquement été dominé par le Russe Marat Safin, qui l'a emporté 7-5, 6-4, 6-2, tandis que Michael Llodra s'est incliné face à un autre Russe, Mikhail Youzhny, 6-7(2), 6-2, 6-2, 6-3.

Olivier Patience et Paul-Henri Mathieu, tous les deux issus des qualifications, n'ont pas réussi à franchir un tour dans le grand tableau, Patience perdant sur le score de 6-3, 3-6, 6-3, 3-6, 6-4 face au Hongrois Attila Savolt et Mathieu, affaibli par les séquelles d'un virus attrapé la semaine dernière, cédant 2-6, 6-1, 4-6, 6-1, 6-4 contre l'Allemand Rainer Schuettler.

Janet Lee, elle, a passé un après-midi très chahuté. La joueuse taïwanaise, dont la balle facile et régulière ne menaçe guère les meilleures mondiales, a été livrée mardi en pâture à une Amélie Mauresmo (7) très en verve. La Française n'est restée que 49 minutes sur le court avant de conclure en 6-1, 6-0 sa victoire la plus facile en Grand Chelem. Mauresmo, qui avoue viser désormais le premier rang mondial, a été impressionnante de puissance maîtrisée: ''Quand je joue ainsi, je ne crains aucune joueuse au monde'', a-t-elle prévenu.

Mardi a aussi marqué les débuts dans le métier et en Grand Chelem à 17 ans de Marion Bartoli, grand espoir du tennis féminin français. Face à une joueuse-étalon, en l'occurence Tina Pisnik, une Slovaque solide, complète, dotée d'un excellent service et actuellement 50e mondiale, Bartoli s'est livrée à une opposition acharnée, mais a dû s'incliner sur le score de 6-3, 4-6, 9-7.

Observé par son père qui prenait de copieuses notes, Bartoli a estimé avoir eu ''50 occasions de gagner''. Des propos exagérés mais fruit d'une déception légitime: ''Je ne me bats pas pendant deux heures 30 pour perdre par 9-7 au troisième,'' a lancé la Lyonnaise, qui s'alignera aussi dans l'épreuve junior.