PARIS (AFP) - Ce devait être son année, c'est devenu un cauchemar: gravement touchée au genou gauche jeudi à Linz (Autriche), Mary Pierce a vécu une saison en enfer, qui pourrait déboucher sur la fin de carrière d'un des plus beaux palmarès du tennis français.

Souffrant d'une déchirure des ligaments croisés antérieurs du genou gauche, selon l'hôpital autrichien qui l'a accueilli tard jeudi soir, la Française devrait subir une opération et est évidemment forfait pour la fin de la saison.

Vu la gravité de la blessure et l'âge de Pierce (31 ans), l'épisode pourrait même signifier la retraite prématurée d'une championne pour qui l'année s'était pourtant ouverte sur les plus belles promesses.

Au sortir d'un deuxième semestre 2005 époustouflant, qui l'avait vu remporter deux titres (San Diego et Moscou) et atteindre la finale de trois tournois majeurs (Roland-Garros, US Open et Masters), Pierce cultivait en effet de grandes ambitions au début de la saison.

Après avoir remporté dix-huit tournois, dont deux du Grand Chelem (Open d'Australie 1995 et Roland-Garros 2000) ainsi que la Fed Cup en 2003, elle s'était trouvée un nouveau challenge en visant la place de N.1 mondiale.

"C'est très motivant et excitant de voir qu'après dix-sept ans de carrière, de grands objectifs restent réalisables", confiait en janvier la Française, dont le meilleur classement restera sans doute à jamais son 3e rang de 1995.

Regain de forme


Car les nuages se sont accumulés rapidement dans le ciel de la très croyante Mary. Après une élimination au deuxième tour de l'Open d'Australie, elle a encore atteint la finale de l'Open de Paris, avant de quitter le circuit pendant près de six mois, à cause d'une succession de pépins physiques.

Victime d'une inflammation osseuse et tendineuse au pied droit, elle était sur le point de revenir à temps pour disputer "son" Roland-Garros, lorsqu'elle s'est blessée aux adducteurs, par compensation après avoir trop forcé à l'entraînement.

Elle a renoncé ensuite à Wimbledon, souffrant de nouveau du même pied, avant de faire sa rentrée en août à San Diego, sans la présence à ses côtés de son frère et entraîneur David, qui entre-temps avait souhaité prendre du recul.

Confiante, Mary s'est dit alors "enthousiaste et heureuse" mais les résultats ne suivaient pas. Avant d'arriver à Linz cette semaine, elle a disputé cinq tournois pour trois éliminations au premier tour (Luxembourg, Stuttgart et Zurich) et deux échecs au troisième tour (San Diego et US Open), sans jamais battre une joueuse du Top 40.

C'est au moment où elle a semblé retrouver enfin un peu de sa splendeur passée que Pierce, retombée au 29e rang mondial, a connu son épisode le plus noir de l'année et peut-être même de sa carrière.

Avant de s'écrouler sur le court dans un cri de douleur et d'être évacuée sur une civière jeudi, elle avait commencé le tournoi de Linz par une victoire convaincante sur Ai Sugiyama (25e mondiale) et obtenu trois balles de match face à Vera Zvonevera (27e) dans les minutes précédant sa blessure.

Un regain de forme qui ne rend que plus cruel le sort d'une championne, qui a su rebondir plusieurs fois dans sa carrière mais pour qui ce nouveau coup dur risque d'être le drame de trop.