BARCELONE (Espagne), (AFP) - Trois des quatre points marqués par l'Australie et l'Espagne en finale de la Coupe Davis de tennis, gagnée par l'Espagne, l'ont été par Juan Carlos Ferrero, 20 ans, et Lleyton Hewitt, 19 ans, un signe incontestable qu'une nouvelle génération prend le pouvoir.

"Balles neuves, SVP". Pendant l'année l'ATP Tour a lancé une campagne d'affichage mettant en scène ses jeunes les plus prometteurs sur le modèle de l'affiche du film western "Young guns".

Si la qualité du long-métrage hollywoodien est sujette à caution, celle de la jeune génération du tennis est indéniable. Ce week-end, Ferrero et Hewitt, 39 ans à eux deux, soit à peine quatre de plus que Mark Woodforde, l'un des joueurs du double australien, ont joué les premiers rôles au Palau Sant Jordi de Barcelone.

Vendredi, Hewitt s'était imposé à Albert Costa en cinq manches et 4 h 10 min d'une bataille épique, devant 14.000 spectateurs qui l'ont pourtant constamment sifflé, hué, perturbé, voire insulté. Le combatif australien, peu populaire parmi les joueurs de l'ancienne génération en raison de "sa mauvaise éducation", ne s'est pas laissé intimider, pour sortir du court en vainqueur.

Ferrero a quant à lui battu vendredi Patrick Rafter. "Cela va lui faire tout drôle de se retrouver à 0-1, en jouant sa première finale de Coupe Davis. Il faudra qu'il sache résister à la pression," avait lancé Hewitt pour influencer Ferrero. En fait, après 3 heures de match, c'est Rafter, perclus de crampes nerveuses, qui a jeté l'éponge face à un jeune imperméable à cette pression.

Entraînement au garage

Dimanche, les deux jeunes loups se sont retrouvés pour décider du sort de la Coupe Davis. Oubliant l'importance de l'enjeu, Ferrero a dominé son rival, mais Hewitt, malgré la fatigue, une indisposition l'ayant cloué au lit avant la finale et un public hostile, s'est défendu bec et ongles.

"Nous avions sur le court le futur du tennis et, au 4e set, on ne pouvais que regarder les coups et applaudir, quelque soit le vainqueur de l'échange. On va encore les voir un bon bout de temps et c'est bon pour le tennis", estimait même admiratif John Newcombe, le capitaine australien.

Leur précocité est le fruit d'une volonté de fer. Ainsi, Ferrero rappelle souvent qu'il a passé des heures et des heures à jouer contre un mur dans un hangar en visant une prise électrique. Lleyton Hewitt jouait, lui, inlassablement contre la porte d'un garage d'Adelaide.

Les deux joueurs ont déjà un palamarès enviable. Ferrero peut se targuer d'un Saladier d'argent, avec des statistiques éloquentes dans cette Coupe Davis 2000, de cinq victoires en cinq matches contre Kafelnikov, Safin, Spadea, Rafter et Hewitt, d'un titre ATP à Majorque en 1999 et du 12e rang mondial, sans oublier sa demi-finale à Roland-Garros cette année.

A 19 ans, Hewitt a également déjà gagné la Coupe Davis, en 1999 contre la France), compte déjà six victoires dans des tournois ATP et pointe à la 7e place mondiale.

Mais tous deux ont bien d'autres ambitions, et rêvent de mettre Andre Agassi et Pete Sampras au placard. Ils ont un palier à franchir pour déboulonner leur aînés, mais le temps travaille incontestablement pour eux.