Alors qu'il venait de percer le top 10 mondial pour la première fois de sa carrière après sa participation aux quarts de finale à Wimbledon en 2006, le Tchèque Radek Stepanek s'amenait à la Coupe Rogers de Toronto avec le vent dans les voiles.

Stepanek avait remporté précédemment cette année-là le tournoi de Rotterdam et participé à la finale du Masters Series d'Hambourg. Tout souriait à celui qui est surnommé ôSteps par ses compatriotes.

Mais lors d'une séance d'entraînement se déroulant dans la métropole canadienne par une belle journée du mois d'août, tout s'écroule. La vie de Stepanek changera alors à jamais.

« J'attendais que les gars finissent leur entraînement et soudainement, c'était comme si quelqu'un m'enfonçait un couteau dans le cou », explique Stepanek. « J'ai ensuite appelé le physiothérapeute et au lieu de passer cinq minutes avec lui, je suis resté deux heures et demie. »

Un nerf coincé dans la région du cou fera en sorte que le Tchèque ne pourra toucher à une raquette de tennis pendant quatre mois, sa main droite n'ayant pas la force requise pour serrer l'objet qu'il tenait quotidiennement dans ses mains depuis son tout jeune âge.

« Les deux premières semaines ont été les pires, car je ne pouvais plus rien faire avec ma main, j'étais paralysé », a confié Stepanek. « Je ne voulais voir personne, j'avais le moral dans les talons. »

Mais trois mois après la malchance de Toronto, le vent va tourner. Après d'innombrables visites chez le médecin, Stepanek retrouve l'usage complet de sa main droite. Son remède : la patience.

« Il y a des millions de raisons qui peuvent expliquer ce qui m'est arrivé », a indiqué Stepanek. « Mais je n'en ai pas cherché. J'ai accepté les faits et choisi de me battre. »

Pendant ses trois mois de purgatoire, la vie de Stepanek ne s'est pas arrêtée pour autant. Il a appris à apprécier les petits bonheurs quotidiens.

Pas d'obligations. Seulement des visites chez le médecin pour suivre différents traitements.

La clé du succès

Loin des courts, des chambres d'hôtel et des avions, Stepanek a eu le temps de faire le point et d'adopter une nouvelle philosophie : la patience. Il s'est aussi assuré dorénavant de pleinement savourer le moment présent.

« Je sais maintenant que tout peut s'arrêter en une seconde », explique Stepanek en claquant des doigts. « C'est pourquoi j'apprécie vraiment plus tout ce qui m'arrive. »

C'est ce qui explique pourquoi il manifeste grandement sa joie sur le terrain après chacune de ses victoires à Montréal.

« La foule est tellement juste avec tout le monde ici », confie le Tchèque. « Elle pousse les joueurs à devenir meilleurs et encore meilleurs. »

« Nous sommes des humains normaux. Nous aussi nous pouvons avoir du plaisir. »

Et du plaisir, Stepanek va continuer d'en avoir même si son classement n'est pas le même qu'il y a un peu plus d'un an.

Au moment de son retour au jeu lors du premier tournoi de l'année, présenté à Adélaïde, jusqu'à Wimbledon, il a maintenu une fiche de 10 victoires contre 14 revers en six mois, passant de la 19e à la 127e place au classement de l'ATP.

Mais depuis le tournoi de Gstaad en Autriche, Stepanek a enregistré 13 victoires contre seulement deux défaites, remportant au passage le tournoi de Los Angeles.

Il entend franchir les étapes une à une, en commençant par se tailler une place parmi les 50 meilleurs joueurs au monde.

Prochain défi samedi : un match contre un certain Roger Federer.

« Je crois que plusieurs joueurs essaient de le battre à chaque tournoi », explique Stepanek. « Je n'ai qu'une chose à dire : c'est une légende vivante. »