LONDRES, (AFP)- La presse britannique a salué mardi la décision par l'équipe de double messieurs de tennis constituée du Pakistanais Aisam-Ul-Haq Qureshi et de l'Israélien Amin Hadad de continuer, dès le prochain US Open, leur aventure entamée à Wimbledon.

"Un Musulman et un Juif défient la haine pour jouer en double mixte", titre le Times, au dessus d'une photo de Qureshi et Hadad, le poing serré, pendant leur défaite contre les Tchèques Cyril Suk et Martin Damm, en 8e de finale du double messieurs.

Le Times souligne aussi, très sérieusement, que certains extrémistes ont dénoncé cette équipe de double, et évoque même des menaces émanant du Moyen Orient. "Il y a une propagande contre eux orchestrée par des sympathisants d'Al-Qaïda", affirme le Times.

Cette association risque d'être "condamnée" par le gouvernement pakistanais et des extrémistes religieux, insiste le Guardian. Le journal s'appuie sur les propos du grand-père de Qureshi, ancien champion de tennis, qui raconte que les extrémistes font circuler des e-mails condamnant son fils et son partenaire.


"No comment"

"Aisam risque la censure à cause de cette paire politiquement incorrecte", titre The Independent, en insistant sur le courage du joueur pakistanais menacé de suspension par sa fédération. Le ministre des Sports pakistanais a qualifié ce double de "moralement incorrect", parce que "le Pakistan n'a pas de relations diplomatiques avec Israël".

"Personne ne m'a contacté, a expliqué Qureschi, 22 ans. Mais je pense que tout va s'arranger. J'ai de bons contacts avec eux (la Fédération)."

Les menaces de suspension n'inquiètent pas Qureschi puisqu'il est un pilier de l'équipe pakistanaise de Coupe Davis, qui doit jouer en septembre la finale du groupe II de la zone Asie-Océanie, contre la Chine.

Tout comme Hadad, 24 ans, qui avait plaisanté en déclarant: "Je ne prie pas du tout, mais je pratique beaucoup" en référence à ses entraînements, Qureshi souhaite que leur parcours ne soit pas vu comme un signe politique ou religieux.

"Je ne veux pas mélanger le sport et la politique ou la religion. Ce ne sont pas des choses à faire. Nous devons apprécier le sport pour ce qu'il est", a conclu Qureshi. Interrogée mardi sur ce sujet sensible, l'ambassade du Pakistan à Londres a refusé de faire le moindre commentaire.