PARIS - Pendant une décennie, les Internationaux de tennis de France ont donné plus de maux de tête à Serena Williams que n'importe quel autre tournoi du Grand Chelem.

À son tableau de chasse de 15 championnats de tournois majeurs, on compte cinq conquêtes de Wimbledon, cinq des Internationaux d'Australie, quatre des Internationaux des États-Unis... et une de Roland-Garros.

Depuis qu'elle a vaincu sa soeur Venus en finale à Paris en 2002, elle a été incapable de mettre la main sur un deuxième titre en France.

Elle adorerait conjurer le sort en l'emportant face à la championne en titre Maria Sharapova en finale, samedi.

Parce que depuis 2003, Williams n'a pas été en mesure de s'imposer sur la terre battue de Roland Garros.

L'an dernier, elle a subi le plus grand affront en s'inclinant contre la 111e joueuse mondiale, la Française Virginie Razzano. C'était la première fois qu'elle était éliminée au premier tour d'un tournoi majeur.

« Elle était tellement fâchée », a évoqué sa mère Oracene Price, jeudi.

Au lieu de bouder, Williams a pris le taureau par les cornes, s'installant à Paris - où elle a un appartement - et s'entraînant en compagnie de l'entraîneur de l'Académie de tennis Patrick Moratouglou. Résultat: depuis la défaite face à Razzano, Williams a un dossier de 73-3, ayant gagné des titres à Wimbledon, aux Internationaux des États-Unis, aux Jeux de Londres et aux Championnats de la WTA la saison dernière, en plus d'avoir gagné cinq tournois jusqu'à maintenant en 2013. À l'âge de 31 ans, elle est la joueuse la plus âgée classée numéro un au monde.

« Elle est dans une grande forme, constate Sharapova. Elle joue son meilleur tennis en carrière. »

Et, à voir le soutien du public français qu'elle reçoit cette année, Williams s'est gagné une légion d'admirateurs.

Puisqu'elle demeure en France et que son entraîneur est Français, Williams a appris la langue et elle accorde des entrevues en français sur le terrain après les matchs, une façon infaillible de conquérir le coeur des Français.

« Que la foule soit derrière elle, ça fait une grande différence », a commenté Moratouglou.

Sa performance au cours des deux dernières semaines a été absolument étincelante.

À l'exception du match en trois manches contre la championne de 2009 Svetlana Kuznetsova en quarts de finale, l'Américaine n'a perdu que 11 jeux au total des cinq autres rencontres qu'elle a disputées.

Elle a été intraitable contre l'Italienne Sara Errani en demi-finale, en l'emportant 6-0, 6-1. C'était pour elle une 30e victoire d'affilée.

Au tour de Sharapova, deuxième tête de série, de constater de quel bois elle se chauffe.

Depuis que la Russe a vaincu Williams deux fois en peu de temps, la première fois à l'âge de 17 ans, l'Américaine a remporté les 12 duels suivants, ne perdant que trois sets en 27.

« Tout ce que j'ai fait dans le passé n'a pas fonctionné, a souligné Sharapova. Je vais donc essayer de faire quelque chose de différent. »

Pendant des années, tout ce que Williams a fait à Paris n'a pas fonctionné. Jusqu'à maintenant tout va bien, cette fois.