NEW YORK (AFP) - Pour la première fois dans un tournoi du Grand Chelem de tennis, les joueurs peuvent contester à l'US Open une décision en plein match grâce à un système d'assistance par images de synthèse, appelé "Hawkeye", conçu à l'origine pour le cricket.

A Flushing Meadows, cet "oeil de faucon" est disponible uniquement sur les principaux courts: "le Arthur-Ashe" et le "Louis-Armstrong".

Mais déjà son utilisation, lancée pour la première fois au tournoi de Miami en mars, a fait des ravages. Cet été, lors des dix tournois de la tournée américaine, joueurs et joueuses ont sollicité le dispositif 839 fois et ont obtenu gain de cause à 327 reprises.

Fruit de nombreuses années de recherche, cet appareillage n'a pas été créé au départ pour les besoins du tennis.

En 2001, le Dr Paul Hawkins met au point un dispositif permettant de reproduire la trajectoire d'un objet dans l'espace grâce à la triangulation d'images fournies par des caméras disposées de façon stratégique.

Sa première utilisation sportive a été consacrée au cricket afin d'analyser des phases de jeu serrées. Au début, seule la télévision y avait recours.

Afin d'éviter les grossières erreurs d'arbitrage, comme lorsque l'Américaine Serena Williams avait été volée d'un point crucial en quarts de finale de l'US Open 2004 face à sa compatriote Jennifer Capriati, l'ATP et la WTA, qui gèrent le tennis professionnel, ont apposé leur sceau au procédé dès 2003.

Dix caméras et 6 secondes
Mais ce n'est que trois ans plus tard en 2006 que le "Hawkeye" a finalement fait son apparition sur le court.
A l'US Open, dix caméras sont posées autour de l'aire de jeu à différentes hauteurs (une à 34 mètres du sol et les neuf autres à 8,5 m).

Chacune des caméras pointe une ligne de démarcation différente. La combinaison des images offre une vision tridimensionnelle très précise de la trajectoire de la balle et son point d'impact avec le sol. Et lorsqu'un joueur demande son "challenge", le point litigieux est repassé sur écran géant en six à huit secondes.

Chaque joueur a le droit d'utiliser le "Hawkeye" deux fois par manche.

Toutefois, si le joueur a raison, et que le point lui est donc rendu, il conserve ses deux possibilités de contestation.

Les crédits non utilisés dans une manche ne peuvent pas être reportés sur la manche suivante. Chaque joueur bénéficie en outre d'un crédit supplémentaire en cas de jeu décisif.

"Cela nous apporte une sérénité d'esprit, avoue l'Américaine Lindsay Davenport. Il faut juste encore savoir à quelle vitesse on peut le solliciter. Certains joueurs le font immédiatement, d'autres attendent quelques secondes."

"Moi, ça me plaît", assure de son côté la Française Amélie Mauresmo, la N.1 mondiale. C'est innovant. A Miami, j'étais perplexe car la décision tardait à tomber mais ça s'est amélioré depuis."

Par contre, son compatriote Arnaud Clément est opposé au système.

"C'est une bonne idée mais si on le fait, alors faisons-le partout, et pas uniquement sur les grands courts", a fait valoir le récent vainqueur du tournoi de Washington.