Le moment d'une vie
Wimbledon dimanche, 7 juil. 2013. 10:17 jeudi, 12 déc. 2024. 15:13
LONDRES - Andy Murray a fait chavirer de bonheur le Central et toute la Grande-Bretagne en donnant au pays inventeur du tennis son premier titre à Wimbledon, le temple du jeu, depuis Fred Perry en 1936, au terme d'une finale remportée en trois manches de 6-4, 7-5, 6-4 contre Novak Djokovic.
L'Écossais avait déjà mis fin à une très longue attente l'an passé en gagnant le US Open, mais c'est à domicile que le royaume attendait de voir triompher son champion. L'ovation a été formidable lorsque le no 1 mondial a mis son dernier revers dans le filet, concluant un dernier jeu à couper le souffle, où Murray s'est fait peur en manquant trois balles de match d'affilée.
« Je sais que tout le monde voulait qu'un Britannique gagne ici, alors j'espère que ça vous fait plaisir », a plaisanté le champion de 26 ans, en recevant le trophée devant la « Royal Box », où le chef du gouvernement David Cameron, mais aussi le Premier ministre écossais, indépendantiste, Alex Salmond, avaient pris place pour suivre l'événement doublement national.
Une immense clameur a aussi jailli du Murray Mound (la butte Murray), à quelques enjambées des murs du Central, poussée par les milliers de partisans qui y suivaient le match sur grand écran, sous un soleil de plomb.
« C'est vraiment différent de l'année dernière! », a continué Murray, qui a su gagner le coeur des Britanniques sur le tard après avoir eu longtemps une image d'ours mal léché. Les larmes versées juste après sa douloureuse défaite en finale contre Roger Federer, en 2012, avaient ému le pays.
Une intense bataille
Férue de tennis, mais surtout de son cher tournoi de Wimbledon, le plus ancien et le plus prestigieux du monde, la Grande-Bretagne a traversé un désert de plus d'un demi-siècle, puis souffert avec Tim Henman, battu quatre fois en demi-finale au tournant des années 1990 et 2000, et aussi avec Murray lui-même, avant d'exulter. L'Écossais en était à sa huitième participation au Grand Chelem anglais. À part le Croate Goran Ivanisevic, personne n'a eu besoin d'autant d'essais pour toucher au but.
Il s'est finalement imposé au terme d'une intense bataille de fond de court où les échanges ont souvent dépassé les vingt voire trente coups de raquette. Il a fallu plus de trois heures pour boucler les trois manches.
Libéré depuis son succès à New York de la pression qui le bloquait dans les grands événements, l'Écossais a écoeuré son adversaire en défense, ramenant des balles impossibles grâce à ses extraordinaires jambes. Le Serbe a bien tenté de casser le rythme en montant au filet ou en tentant des amorties, mais s'est trouvé dominé dans ses points forts. Impossible à déborder, Murray a réussi à la fois plus de points gagnants et moins de fautes directes que son rival.
Rendez-vous à New York
Le no 2 mondial n'a pas montré de faille dans son jeu, à part une deuxième balle un peu molle dont le Serbe n'a presque jamais tiré parti, usé peut-être par son marathon de près de cinq heures en demi-finale vendredi contre l'Argentin Juan Martin Del Potro.
Cette victoire est l'aboutissement d'un long cheminement, commencé tout petit à Dunblane, sa ville natale, sous la houlette
de sa mère Judy, une ancienne joueuse de tennis, et poursuivi à l'adolescence sur la terre battue de Barcelone où il a passé deux ans de formation. Il récompense aussi un travailleur acharné, qui ne s'est jamais résigné dans l'échec, aidé en cela par son entraîneur Ivan Lendl, l'ancien champion tchécoslovaque lui aussi passé par quatre défaites en finale avant de connaître la joie d'une victoire en Grand Chelem.
Murray va pour l'instant rester no 2 à l'ATP derrière Djokovic. Le mano a mano entre les deux champions de 26 ans, qui se sont affrontés dans trois des quatre dernières finales de Grand Chelem, est appelé à se poursuivre compte tenu du déclin de Roger Federer et des problèmes physiques de Rafael Nadal. Le prochain rendez-vous est fixé au US Open fin août début septembre.